C’est son dernier discours à la barre. Gisèle Pelicot a estimé ce mardi que le procès pour viol de Mazan est un procès de « lâcheté » et a déclaré qu’il était temps que la société « change son regard » sur le viol. Cette déclaration intervient au lendemain de l’audition des trois enfants du couple et après celle des 51 accusés dans cette affaire hors norme.
Depuis onze semaines, 50 hommes sont jugés aux côtés de Dominique Pelicot, accusé d’avoir drogué son ex-femme, violée et fait violer par des inconnus recrutés sur Internet. Alors que le procès pour viol de Mazan entre dans sa dernière ligne droite, Gisèle Pelicot s’est exprimée une dernière fois, ce mardi. « Pour moi, ce procès sera le procès de la lâcheté. Il est grand temps que la société machiste et patriarcale, qui banalise le viol, change. Il est temps que nous changions notre regard sur le viol », a insisté la septuagénaire.
« Comment a-t-il pu me trahir à ce point ? »
Le 5 septembre, au quatrième jour du procès, Gisèle Pelicot s’exprime pour la première fois, affirmant avoir été « sacrifiée sur l’autel du vice ». Elle a expliqué qu’elle témoignait pour « toutes ces femmes qui subissent une soumission chimique ». “Le jour où une femme se lève et ne se souvient plus de ce qu’elle a fait la veille, elle se dira : tiens, j’ai entendu le témoignage de Madame Pélicot”, a-t-elle déclaré à la barre, avant de résumer : “La façade est solide, mais l’intérieur est un champ de ruines ».
Le 23 octobre, à mi-parcours du procès, elle est de nouveau invitée à prendre la parole. Pour la première fois, elle s’adresse directement à son ex-mari : « Comment a-t-il pu me trahir à ce point ? Comment avez-vous pu amener des individus dans ma chambre ? Vous connaissiez mon aversion pour l’échangisme”, a-t-elle demandé à l’homme avec qui elle a vécu cinquante ans.
« Nous avons eu trois enfants et sept petits-enfants. (…) Comment a-t-il pu me trahir à ce point ? », se demandait-elle. « Et je lui dirai : j’ai toujours essayé de te tirer vers le haut, vers la lumière. Vous avez choisi le fond de l’âme humaine», a déclaré Gisèle Pélicot.
“Tu étais le diable lui-même”
Lundi, ce sont les trois enfants du couple qui sont montés à la barre, exhortant Dominique Pelicot à tout dire sur d’éventuels abus au sein de la famille, notamment sur sa fille Caroline. Ils ont également demandé aux accusés d’assumer la responsabilité de leurs actes.
Florian, David et Caroline sont également revenus sur l’explosion qu’a été pour eux cette décennie de viols orchestrés contre leur mère par leur père. “Pour moi, (ce procès pour viol à Mazan) est le procès de toute une famille, totalement détruite”, a déclaré d’un ton ferme l’aîné de la fratrie, David, 50 ans. « S’il te reste encore un peu d’humanité, tu entends ? (J’aimerais) que tu dises la vérité sur les actes que tu as eu sur ma sœur, qui souffre tous les jours et qui souffrira toute sa vie, car je pense que tu ne diras jamais la vérité ! », a-t-il poursuivi. “Tu as dit (de notre mère) qu’elle était une sainte, mais tu étais le diable lui-même”, a alors dit Florian à son père, prenant la suite de son aîné à la barre.
Caroline s’est présentée comme « la grande oubliée » du procès. « Gisèle a été violée chimiquement, mais la seule différence entre elle et moi, c’est le manque de preuves contre moi. Pour moi, c’est une tragédie absolue”, a-t-elle expliqué. Sur les fichiers stockés sur l’ordinateur de Dominique Pelicot, les enquêteurs ont découvert des images de Caroline nue, prises à son insu.
Dominique Pelicot aura également la parole une dernière fois, ce mardi après-midi, avant le début des plaidoiries, probablement mercredi matin.