Charles Hoarau, président de l’Association nationale des communistes, revient sur l’autorisation de libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, après quarante ans passés derrière les barreaux. Le 26 octobre 2024, il était dans le cortège de militants rassemblés devant le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) pour réclamer sa libération.
Comment avez-vous réagi à la décision du tribunal d’autoriser la libération conditionnelle de Georges Abdallah ?
Charles Hoarau : « J’ai été agréablement surpris. Après la mise en accusation des deux procureurs le 7 octobre (la justice étudiait la demande de libération), je me suis dit “dommage, il sera encore refusé et nous ferons appel”. Cette décision montre qu’il existe des juges qui ne sont pas impressionnés par le pouvoir.
Il s’agit d’une décision historique. En 2013, le Conseil d’État a ordonné au gouvernement d’accorder sa libération. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, n’a jamais signé l’arrêté d’expulsion. Cela avait découragé Georges de formuler d’autres demandes.
Quels liens entretenez-vous avec Georges Abdallah ?
« J’ai commencé à m’intéresser à sa situation en 2005. J’ai beaucoup correspondu avec lui depuis dix ans et J’ai un droit de visite depuis deux ans. Je ne voulais pas demander, je me suis dit : « J’irai le voir au Liban quand il sera libéré ». »
Quel portrait faites-vous de lui ?
« C’est assez impressionnant. Il m’a appelé plus tôt. Il m’a dit : « Charles, c’est important pour la Palestine ». Il ne parle pas de lui, sa libération est presque anecdotique. Il parle de la lutte générale pour la Palestine et pour les personnes emprisonnées. C’est la preuve que nous avons bien fait de manifester depuis des mois pour la Palestine, car son combat y est intimement lié.
Après l’audience du 7 octobre, il m’a appelé et n’était pas très optimiste. Il sait très bien que c’est une décision politique, jusqu’à présent, qui l’a maintenu en prison. Il aurait dû être libéré plus tôt, puisqu’il l’est depuis 1999. »
Ces mobilisations l’ont-elles aidé à tenir le coup ?
« Est-ce ça ou sa foi inébranlable dans le combat ? Cela a commencé avec un petit nombre de personnes. Il a fallu gagner la confiance et la mobilisation des autres forces actives du pays. De plus en plus de personnes se mobilisent pour tenter de sensibiliser les gens à cette injustice totale. On peut penser ce que l’on veut du combat, mais il y a un déni de justice. »
Qu’attend Georges Abdallah ?
« L’appel du parquet national antiterroriste retardera sans doute sa libération (prévue le 6 décembre 2024). Mais nous n’en avons même pas parlé plus tôt. La décision du tribunal est un camouflet pour le gouvernement qui avait demandé son maintien en détention. »