Dans une longue lettre publiée mercredi 13 novembre sur X, le maire PS de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol a révélé qu’il souffrait d’un cancer de la vessie depuis deux ans. L’occasion pour lui d’aborder la difficile question de l’emploi des personnes atteintes de cette maladie. “Je voulais en parler parce que je pense que c’est tabou” a expliqué l’élu jeudi au micro de France inter.
Versez « faire quelque chose d’utile » de cette expérience personnelle, il a annoncé le lancement d’un plan pour plus de bienveillance et de flexibilité au travail dans sa commune. ” L’isolement est pire que tout, la bienveillance dans le milieu professionnel est indispensable dans la lutte contre cette maladie » a rappelé le maire de Rouen et premier secrétaire adjoint du Parti socialiste.
En France, chaque année, 400 000 personnes sont diagnostiquées, dont 40 % travaillent au moment de l’annonce, rappelle une étude de l’Institut national du cancer. “ La plupart des personnes que nous accompagnons ont peur que leur employeur le découvre, alors elles le cachent autant que possible. », regrette Camille Combourieu, chargée de projet à la Ligue contre le cancer. S’ils le gardent pour eux, c’est par déni mais surtout par peur d’être stigmatisés ou mis à l’écart.
Une double peine
Il est cependant difficile de le cacher dans la durée, estime Camille Combourieu : « vous devez vous absenter pour vos traitements, il y a des douleurs physiques, des problèmes cognitifs comme des problèmes de mémoire et évidemment des changements physiques. »
La majorité des travailleurs atteints de cancer doivent prendre un congé entre neuf et douze mois. Pour continuer à travailler normalement, » l’employeur doit avoir une grande flexibilité si l’on veut continuer à travailler. Avec cette maladie, nous ne pouvons rien prédire ; des réajustements constants sont nécessaires. », précise-t-elle.
Il y a aussi un impact sur le collectif à gérer. « SSi la personne réduit son activité, ses collègues doivent pouvoir effectuer la partie du travail qu’elle ne peut plus faire. » Tout cela veut dire que « sseule une minorité de patients continue à travailler tout au long de leur traitement, mais plus par nécessité que par choix ».
Un autre problème réside dans les nombreux préjugés concernant le cancer. Dans les entreprises, les collèges et les managers » ne comprennent pas que les séquelles physiques et psychologiques perdurent des années après la rémission »explains Camille Combourieu. “ D’autres pensent que certains types de cancer sont mieux traités que d’autres, comme le cancer du sein. » Ce manque de connaissances rend plus difficile le retour au travail de la personne malade. À tel point que cinq ans après le diagnostic, 20 % des 18-54 ans ne travaillent plus.
Une maladie pas comme les autres
Pour faciliter le retour et le maintien au travail lorsque cela est possible, la Ligue contre le Cancer organise des événements de sensibilisation dans les entreprises. Parmi les recommandations : avoir des nouvelles sans attendre de réponse ; fournir des mises à jour régulières sur la situation de l’entreprise ; comprendre que le cancer n’est pas « une maladie comme une autre ».
Il existe différents systèmes nationaux pour aider les personnes atteintes d’un cancer à concilier traitement et emploi. De manière générale, la médecine du travail recommande une adaptation du poste de travail. Les entreprises peuvent adapter le travail selon les besoins du salarié, en modifiant les horaires, en réduisant certaines tâches physiques ou en adaptant l’espace de travail. Lorsque le poste le permet, le télétravail peut également offrir une certaine flexibilité aux personnes en traitement.
Si le cancer entraîne une incapacité partielle ou totale, le salarié peut également bénéficier d’une rente d’invalidité. Cette pension compense la perte de revenus et est calculée en fonction du degré d’incapacité. En cas d’arrêt de travail, le temps partiel thérapeutique vous permet de reprendre progressivement votre activité à temps partiel tout en percevant une partie de votre indemnité journalière. Une aide financière qui dépasse rarement plus de 50% des revenus initiaux.