Le « Peato show » est sans fin. C’est sous les projecteurs du Stade de France qu’il fait ses débuts. Au poste de talonneur, le Toulousain a livré une prestation de haut niveau, pendant une cinquantaine de minutes pimentées d’un essai, avant de passer en troisième ligne sous la direction de Fabien Galthié. Une position parmi d’autres puisque, comme le souligne le sélectionneur, c’est en position d’ailier – et en position de buteur – qu’il termine cette rencontre à sens unique contre le Japon (52-12). Une remarque qui a également suscité ce commentaire taquin de la part d’Antoine Dupont, pourtant placide : « Il ne voulait pas marquer. »
La petite valve n’est pas volée. Car son numéro, Peato Mauvaka (27 ans, 31 sélections) lui a offert une heureuse prolongation bien après le coup de sifflet final du premier test des Bleus dans cette tournée automnale. Bien que timide, le joueur originaire de Polynésie est aussi coquin dans le jeu que facétieux devant les micros. Un champ d’action où, s’il parle toujours d’une voix parfois étouffée, il aime multiplier les « punchlines ». Pièces sélectionnées.
« J’ai même donné des conseils sur le poste de neuf à Dupont : s’il le voulait, je le remplacerais »
Confiance
Interrogé sur son changement de poste en cours de match, il a d’abord rappelé son pedigree avant de lancer une petite pique à son capitaine : « J’ai commencé à jouer au centre quand j’étais jeune, j’ai joué en troisième ligne pendant plusieurs années, j’ai même terminé la préparation. match de Coupe du Monde contre les Fidji en troisième ligne, je m’entraîne parfois à ce poste… J’ai même donné des conseils sur le poste de neuf à Dupont : s’il le voulait, je le remplaçais. »
Lorsqu’on lui a ensuite rapporté que Grégory Alldritt avait déclaré avoir reconnu avoir fini au bord de l’asphyxie, il n’a alors pas hésité “à mettre une petite pièce” à l’adresse du numéro 8 de La Rochelle : “Je Je n’ai pas l’habitude de jouer 80 minutes et surtout de finir en troisième ligne. Donc, je vois ce que Greg ressent à chaque match. Mais je pense que j’étais quand même moins dans le rouge que lui (rires).
Enfin lancé sur le nouvel essai qu’il a inscrit, au terme d’une combinaison dans l’alignement en touche avec Antoine Dupont, Peato Mauvaka ce pari : « Si j’ai la chance de jouer longtemps en équipe de France, II j’espère que je vais battre Damian Penaud (rires). »
Il n’est pas encore là. Mais Peato Mauvaka ne cesse de surprendre depuis son explosion en équipe de France. Un changement de dimension s’amorce lorsqu’il revient après seulement 12 minutes de jeu lors du match d’ouverture de la Coupe du monde face à la Nouvelle-Zélande pour pallier la blessure de Julien Marchand. Avant cela, il avait déjà eu l’occasion de briller. On se souvient de son match fantastique, marqué par un doublé, contre les All Blacks – déjà – à l’automne 2021.
Mais ce n’est qu’à l’automne 2023 que celui qui était numéro 2 au poste a commencé à donner tout son potentiel. Et depuis, ce joueur aux capacités physiques visiblement illimitées ne cesse d’éblouir ses partenaires, ses entraîneurs et observateurs.
Galthié : “Je veux qu’on le suive”
« Il est en bonne forme. C’est un joueur très, très en forme”, a insisté samedi soir Fabien Galthié : “On le voit à l’entraînement. Et ce qu’il fait à l’entraînement, il le reproduit sur le terrain. C’est un très bon leader pour nous. Je veux qu’on le suive. »
Peato Mauvaka possède sans aucun doute un talent singulier. Dur au combat, il est inexorablement attiré par le jeu. Un appétit permis par une gestuelle soyeuse, une capacité à se projeter dans tous les espaces et un goût immodéré pour la prise de risque.
« J’ai commencé le rugby à Nouméa, à 14 ou 15 ans, dans un club où les juniors s’entraînaient avec les seniors », a-t-il confié la dernière fois à « Sud Ouest » : « Mais il n’y avait que des golgoths ! Comme je ne savais pas jouer au rugby, j’ai tout fait pour éviter d’être plaqué quand j’avais le ballon, pendant que les autres se rentraient dedans. Moi, je cherchais des espaces ou pour faire des passes. Cela m’est resté. »
Un trait de caractère qui, outre son talent, lui a ouvert le champ des possibles. Aujourd’hui, presque aucune position ne semble hors de portée du talonneur. « Cela ne nous surprend plus », sourit Alexandre Roumat. Il a la capacité de jouer à 6, 7, 8. On les a même fait sauter en touche ! Il peut jouer à tous les postes devant, même derrière : il adore le jeu. A partir du moment où le jeu démarre, il n’y a plus vraiment de position. S’il y a bien un gars qui incarne ça, c’est bien lui. »