En 1960, Les cahiers de cinéma a écrit: “Claude Lelouch, retenez ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler. « Loupe ! Depuis plus de soixante ans, il filme l’humain avec spontanéité pour tenter de lui transmettre son goût pour les autres. Car pour ce gamin de la Seconde Guerre mondiale, la vie est un jeu dans lequel la vérité et le mensonge s’affrontent en permanence.
Rendez-vous dans son bureau du Club 13, véritable cabinet de curiosités : tournage des applaudissements de Itinéraire d’un enfant gâtéet deL’aventure est l’aventureson appareil photo Un homme et une femme. Tout un chabadabada qui me fait tourner la tête comme un travelling circulaire à la Lelouch. Il s’assoit sur sa chaise et dit : « Vous regardez un homme heureux, et c’est une race mourante ! » ” Moteur. (Même pas peur.) Action !
A Beaune, le « petit Hollywood » de Claude Lelouch
LA TRIBUNE DIMANCHE — Enfin…
CLAUDE LELOUCH — En fin de compte, la vie doit servir un but. À mesure que l’on se rapproche de la ligne d’arrivée, il existe des certitudes sur la race humaine que nous souhaitons transmettre à nos enfants et petits-enfants. Et c’est vrai que toute la difficulté qu’on a dans la vie, c’est d’aimer et d’être aimé. Tout le reste n’est qu’un lot de consolation. J’ai toujours été fascinée par la course à la séduction pour partager le même lit, puis après encore plus de difficultés pour ne plus y aller. L’amour est une punition et une récompense.
C’est ce qui donne un sens à votre vie…
Chaque seconde qui n’est pas consacrée à l’amour est une seconde perdue. J’ai essayé toute ma vie de filmer des hommes et des femmes qui me semblaient un peu moins dégoûtants que les autres. La vie est une tâche insensée au pays des merveilles.
D’où vient votre optimisme ?
Ma famille a échappé à la Gestapo et la vie est devenue un jeu. Et puis j’ai toujours fui les grincheux, détecté les tricheurs, car c’est par eux que viennent les ennuis…
Et vous, avez-vous déjà triché en amour ?
Évidemment ! Nous sommes tous des colporteurs qui tentent de vendre ce qu’il y a de mieux chez nous. Quand je rencontre une femme, je lui vends mes qualités et non mes défauts.
Antoine de Caunes : « Pourquoi vous faire part de mes doutes ? »
Que vendez-vous aux femmes ?
Curiosité, mais qui est tout autant un défaut… Je ne suis rien d’autre qu’un concierge. J’aime observer les gens au premier, deuxième, troisième étage. Mais tu sais, c’était toujours les femmes qui venaient me chercher, je n’ai jamais eu besoin de flirter. Je n’ai pas été célibataire une seconde de toute ma vie.
N’y aurait-il pas une part de fierté ?
Non, car j’ai très vite compris que c’étaient les femmes qui ouvraient et fermaient les portes. C’est déjà tellement dur de faire l’amour avec une femme qui est d’accord, si en plus il faut la forcer, ce n’est vraiment pas mon truc. J’aime quand j’ai l’impression que quelqu’un s’intéresse à moi, quand je me sens désiré.
Si ce n’est pas de la fierté, est-ce du machisme ?
Qu’entends-tu par être machiste ? Quand une femme entre dans ma vie, je prends soin d’elle. Je suis là pour la protéger et très fier de pouvoir lui offrir un peu de réconfort…
Wow… vos propos pourraient choquer certaines femmes !
Eh bien, ils auraient tort, car ils ont tous les avantages. Il ne faut pas non plus cracher dans la soupe. Toutes les femmes aiment être regardées. Nous pouvons clairement voir à quel point ils se donnent du mal. Donc, si un homme les regarde, cela ne fait de mal à personne. Et puis j’ai toujours pensé que les femmes étaient des hommes qui réussissaient. Tous ceux que j’aimais étaient beaucoup plus matures que moi. Je commence seulement ma première vie d’homme. Jusqu’à présent, je n’étais qu’un enfant.
« Quand on danse, on ne peut pas tricher » (Aurélie Dupont, danseuse étoile et auteure)
Certaines femmes ne s’intéressaient-elles pas plus à Lelouch qu’à Claude ?
[Rires.] C’est vrai que j’ai eu plus de réussite après la Palme d’Or ! Mais c’est normal, car l’amour commence toujours par l’admiration. Mais attention, l’amour des corps s’use très vite. Ainsi, sans admiration, l’amour ne peut être fort. Quand je vois ma femme, Valérie Perrin, écrire, je ne peux que tomber amoureux d’elle.
Ressentez-vous parfois le besoin de solitude ?
Seulement pour travailler. Alors je prends ma voiture, j’allume mon magnétophone et j’enregistre les dialogues qui me viennent spontanément. Je peux parcourir des milliers de kilomètres, dormir dans ma voiture sur une aire d’autoroute pour créer mon scénario.
Pourquoi avez-vous longtemps caché votre histoire avec Annie Girardot ?
Parce qu’elle était mariée et moi aussi ! C’était très compliqué, mais notre histoire reste un sublime souvenir.
Dans le film Barbara Pravi chanteLa folie des sentiments . Quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite ?
Chaque fois que je suis entré dans l’adultère. Nous restons fidèles jusqu’à ce que nous trouvions quelque chose de mieux.
Vous avez admis avoir eu recours à des prostituées. Pour quoi ?
Parce qu’ils sont merveilleux et fascinants. Je les remercie car ils m’ont aidé à plusieurs reprises. Ce sont souvent des femmes très amoureuses, qui ont été déçues et qui, en quelque sorte, se vengent.
Alors tu y es allé par curiosité ?
Non. D’abord, c’est une prostituée qui m’a appris à faire l’amour. Vers 15-16 ans, je me suis dit « autant aller voir les pros » . Elle m’a entraîné aux jeux de l’amour. Et ils n’attendent rien en retour. Ce n’est pas une assurance vie.
Quelle est votre relation avec votre petite sœur, Martine ?
Pendant longtemps je l’ai vue comme un petit bébé car nous avons dix ans d’écart. Et puis, au fil du temps, elle a joué son rôle de sœur de façon extraordinaire, me protégeant tout le temps. Avec Martine, je suis proche.
Et si vous n’étiez pas devenu cinéaste ?
J’aurais aimé être avocat pour défendre des gens indéfendables. Je pense que nous avons tous des excuses.
Monica Bellucci : “J’aime retourner dans l’ombre”
En 1989, vous étiez sur la liste de Simone Veil pour les élections européennes. Quelles étaient vos relations ?
Je déteste la politique parce que les politiciens s’intéressent à tout ce qui ne marche pas. Je suis intéressé par tout ce qui fonctionne. Mais Simone m’a appelé, et tu ne peux pas dire non à cette femme. Alors, je lui ai parlé comme on parle à un ami. Simone est extraordinaire. Et puis elle aimait aussi la Normandie. Plusieurs fois, nous nous sommes retrouvés dans un restaurant à la sortie d’autoroute Haie Tondue.
Que souhaiteriez-vous comme épitaphe ?
“Bientôt sur cet écran!”» Mais avant de mourir, je ne veux surtout pas être une corvée pour les autres. Alors, j’aimerais faire comme dans un film de Claude Lelouch et, pourquoi pas, dans ma prochaine vie écrire un livre sur Claude Lelouch. C’est un gars que je connais très bien…
Comment est le dimanche de Claude Lelouch ?
C’est un jour où le téléphone sonne moins, mais mon cerveau, cette machine infernale, continue quand même de réfléchir car les bonnes idées ne s’arrêtent jamais ! Le magasin est ouvert tout le temps.
Ses favoris
Le quartier de Montmartre est définitivement son préféré. « C’est un village d’artistes, le plus beau village de France et le plus beau quartier de Paris. »A quelques pas de chez lui, il a ses petites habitudes à la brasserie La Mascotte. « A Montmartre, tout le monde se prend pour un artiste. Il y a donc une zone de tolérance un peu plus forte qu’ailleurs. »Côté musique, il aime les chansons de Calogero et récemment de l’artiste Barbara Pravi, à qui il a offert un rôle dans son filmFinalement.
La Mascotte, 52, rue des Abbesses (Paris 18th).