Lutte contre le harcèlement scolaire pour que les cas Lucas ou Dinah ne se reproduisent plus

Lutte contre le harcèlement scolaire pour que les cas Lucas ou Dinah ne se reproduisent plus
Lutte contre le harcèlement scolaire pour que les cas Lucas ou Dinah ne se reproduisent plus

Il s’appelait Lucas. Il avait 13 ans. Elle s’appelait Dinah, elle avait 14 ans. Les noms de ces deux adolescentes résonnaient tristement dans le fil d’actualité. Leurs suicides, à l’âge où la vie s’ouvre devant eux, ont choqué la entière, mettant en lumière des actes de harcèlement scolaire. Que ces faits soient avérés ou perçus, ils n’en demeurent pas moins insupportables. « Mourir à 13 ans », le documentaire d’Eric Ellena donne la parole aux familles, aux victimes et aux encadrants. Pour échapper au cercle vicieux du harcèlement et de l’humiliation.

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C’est peut-être l’un des derniers tabous qui tombe. Le harcèlement scolaire est encore parfois sous-estimé, provoquant des réactions telles que : «C’est de l’humour, c’est bon !“, “ça renforce le caractère« . Non. Trois fois non. La répétition des brimades et des humiliations, couplée à un phénomène de groupe, conduit les victimes à des traumatismes plus ou moins profonds, si les actes de harcèlement ne sont pas stoppés. . Lucas, 13 ans, et Dinah, 14 ans, malgré tout l’amour de leurs familles, n’ont trouvé d’autre solution que le suicide.

À la lumière de ces tristes «actualités», le réalisateur Eric Ellena donne la parole aux familles de Lucas et Dinah, mais aussi à d’autres jeunes victimes, qui ont pu bénéficier de l’aide de l’établissement scolaire ou d’associations. Comprendre les mécanismes du phénomène et les solutions qui peuvent y être apportées.

Voici trois bonnes raisons de regarder « Mourir à 13 ans », un documentaire émouvant d’Eric Ellena.

Samira est la mère de Dinah. Rayan est le frère aîné de Dinah. Séverine est la mère de Lucas.

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Séverine, mère de Lucas, Rayan et Samira, frère et mère de Dinah.

© FTV / Yade French Connection

Le réalisateur a recueilli leurs témoignages, pleins de douleur et de dignité. A travers leurs propos, apparaissent les étapes de fragilisation des deux adolescents. Les propos qu’ils ont entendus, les brimades qu’ils ont subies, les humiliations répétées, dans leurs établissements et sur les réseaux sociaux, qui ont conduit ces deux jeunes êtres vers un suicide irrévocable. Des premières déclarations des enfants à la découverte tragique de leurs corps, ils racontent tout. Le flot de leur douleur l’emportait sur tout le reste.

Le réalisateur ne cherche pas à désigner un coupable. Il écoute. Elle ne mène pas d’enquête et ne cherche pas à déterminer les responsabilités. Ce n’est pas le sujet de son documentaire. D’autant que la famille de Dinah est toujours en pleine bataille judiciaire pour faire reconnaître les faits de harcèlement.

. Avec les familles, il constate le drame pour mieux le révéler et discuter des solutions qui existent.

Puisque le harcèlement se nourrit de la moindre différence, chaque élève peut faire l’objet des huées de ses camarades durant sa scolarité. Qui, parce qu’il est trop petit, qui, parce qu’il a une bosse sur le nez, qui, parce qu’en tant que garçon, il préfère les garçons, ou qui, fille, tombe amoureuse de ses pairs. Ou l’inverse. Ce qui se passe ensuite dépend de tellement de paramètres que chaque cas est différent. Mêmes départs, fins différentes. Il s’agit donc vraiment de s’attaquer aux causes initiales. Ces petites remarques, parfois considérées comme anodines par les adultes, mais qui affectent la confiance en soi des adolescents. Nicole Catheline (pédopsychiatre,Société française, enfance et adolescence) nous éclaire : « [l’enfant se dit] cette idée d’être exclu d’une relation avec un autre est absolument terrible. Cela génère une terrible honte. Et petit à petit, avec la loi des nombres [leur fait penser] puisque tout le monde le dit, ça doit être vrai. Et ce sentiment d’exclusion, de honte,Je n’ai plus de raison de vivre et parfois ça mène au suicide

« . Parfois.

Pour un suicide, combien de cas de harcèlement ordinaire passent inaperçus ? Des études estiment qu’un étudiant sur dix est victime de harcèlement, soit 700 000 enfants. Deux à trois enfants par classe.Jean-Pierre Bellon (directeur général du centre ReSiS) déplore : « cComment a-t-on pu, dans certains établissements scolaires, banaliser les insultes, les moqueries et l’ostracisme ? Nous avons parcouru un long chemin jusqu’en France. Il fut un temps où nous considérions tout cela comme formateur. Bien sûr, ce n’est pas éducatif. Ces insultes répétées sont dévastatrices.

C’est un défi en trois étapes : prévention des actes, écoute et accompagnement précoce des victimes et aide psychologique lorsque le mal est fait.Les élus ont constitué un arsenal législatif. Une loi a été votée en mars 2022, cinq mois après le suicide de Dinah. L’article L.111-6 précise que «Aucun élève ou étudiant ne doit subir de harcèlement résultant de propos ou de comportements commis au sein de l’établissement scolaire ou en dehors de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d’apprentissage. Ces faits peuvent constituer le délit de harcèlement scolaire prévu à l’article 222-33-2-3 du code pénal.

« . Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, ensuite, qui a renforcé les mesures contre le harcèlement à l’école pour la rentrée 2023. Elle a fait de la lutte contre le harcèlement une de ses priorités. C’est ainsi qu’est né le programme pHARe. Ce qui comprend, d’une part, des outils et des méthodes pour aider les équipes pédagogiques à identifier et combattre les cas de harcèlement. Mais aussi d’une part une plateforme d’écoute,le 3018

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Philippe Weiss, à l’entrée du collège Jacques Prévert à Wintzenheim.
Philippe Weiss, à l’entrée du collège Jacques Prévert à Wintzenheim.

© FTV / Yade French Connection

Ewan et Maël racontent, avec beaucoup d’émotion, la démarche d’accompagnement dont ils ont bénéficié. Et le retour à une situation normale.

Et dès l’école primaire, comme à l’école Gambetta de Sèvres dans les Hauts-de-Seine, d’autres méthodes peuvent être appliquées, qui consistent à écouter et respecter les émotions de chacun et à apprendre l’empathie.Enfin, lorsque la prévention n’a pas suffi, il existe des associations commeAssociation Mosellane pour l’Action Educative et Sociale en Milieu Ouvert (

AAESEMO), qui peut également apporter une assistance psychologique aux petites victimes.Mourir à 13 ans

», un documentaire d’Éric Ellena à voir en intégralité ici.

La plainte a été classée sans suite faute d’éléments permettant de corroborer la thèse du harcèlement scolaire, selon le parquet de Mulhouse. L’enquête a été rouverte et est toujours en cours suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée par la famille en novembre 2022.
France

 
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