Aux Etats-Unis, les sans-papiers « terrifiés » par le retour de Trump – 11/07/2024 à 07:30

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Angel Palazuelos, un immigrant mexicain clandestin de 22 ans diplômé en ingénierie biomédicale, à Phoenix, Arizona, États-Unis, le 6 novembre 2024 (AFP / Olivier Touron)

Depuis qu’il sait que Donald Trump reviendra à la Maison Blanche, Angel Palazuelos n’a pas beaucoup dormi : à 22 ans, ce jeune sans-papiers originaire de Phoenix, en Arizona, est hanté par les promesses d’expulsions massives du nouveau président.

« J’étais terrifiée » en apprenant la nouvelle, confie cet étudiant en génie biomédical fraîchement diplômé.

« J’ai peur d’être expulsé, de perdre tout ce pour quoi j’ai travaillé si dur et, surtout, d’être séparé de ma famille », ajoute-t-il.

Ce jeune Mexicain vit aux États-Unis depuis l’âge de quatre ans. Il fait partie des fameux « Dreamers », ces migrants arrivés enfants et tolérés, sans jamais obtenir la nationalité américaine.

Tout au long de la campagne, il a entendu le milliardaire républicain marteler sa rhétorique violente envers les migrants qui « empoisonnaient le sang » de l’Amérique, ainsi que son projet d’expulsions massives.

Une promesse que de nombreux experts jugent extrêmement compliquée à mettre en œuvre, coûteuse et même susceptible de provoquer une vaste récession économique.

Donald Trump n’a jamais détaillé comment il compte s’y prendre. Angel Palazuelos est donc inquiet.

« Que signifie une déportation massive ? » il murmure. “Est-ce que cela inclut les gens comme moi, (…) qui sont arrivés ici très jeunes, qui n’avaient pas leur mot à dire ?”

– “Suspecté” –

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José Patiño, un immigrant mexicain clandestin âgé de 35 ans et travaillant pour une association, dans son bureau à Phoenix, Arizona, États-Unis, le 6 novembre 2024 (AFP / Olivier Touron)

Le jeune homme est d’autant plus stressé que l’Arizona vient d’approuver par référendum une loi qui permet à la police de l’État d’arrêter les migrants illégaux, une compétence normalement réservée à la police des frontières, gérée par le gouvernement fédéral.

Si le texte est jugé constitutionnel, Angel Palazuelos craint une généralisation des contrôles faciaux.

« Qu’est-ce qui fait que quelqu’un soit soupçonné d’être ici illégalement ? Leur capacité à parler anglais ? grogne-t-il. « Ma grand-mère est citoyenne américaine, mais elle ne parle pas très bien anglais. Je parle anglais, mais est-ce à cause de la couleur de ma peau qu’on me soupçonnerait ?

A 35 ans, José Patiño ressent de la « peur » et de la « tristesse ». Car il sait que sa situation est plus fragile que jamais.

Ce Mexicain, employé de l’association d’aide aux sans-papiers Aliento, vit aux Etats-Unis depuis l’âge de six ans. Grâce au programme DACA, créé sous Barack Obama, il a bénéficié de protections et a réussi à obtenir un permis de travail.

Mais cette autorisation expire en 2025, et Donald Trump souhaite mettre fin au programme DACA. Lors de son dernier mandat, il avait déjà signé un décret pour s’en débarrasser, avant que la Cour suprême n’annule cette décision pour vice de forme.

Plongé dans l’incertitude, José Patiño envisage de s’installer dans un État qui refuserait de le dénoncer aux autorités, comme la Californie ou le Colorado.

– ‘Frustrant et blessant’ –

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Une fresque murale appelant à défendre la loi « DACA » protégeant les personnes arrivées illégalement aux Etats-Unis alors qu’elles étaient mineures, à Phoenix, Arizona, Etats-Unis, le 6 novembre 2024 (AFP / Olivier Touron)

Il a connu les difficultés d’être un migrant sans papiers au cours de la vingtaine. À l’époque, un simple travail chez McDonald’s était un rêve inaccessible. Il ne pouvait pas obtenir de permis de conduire ni voyager de peur d’être expulsé.

« Je ne veux pas retourner à ce genre de vie », soupire-t-il, les yeux embués.

Pour lui, l’élection de Donald Trump n’est pas seulement effrayante, c’est un affront.

« Nous contribuons à ce pays », rappelle-t-il. « C’est ça qui est difficile, c’est que suivre les règles, travailler, payer mes impôts, aider ce pays à se développer, ça ne suffit pas. (…) «C’est frustrant et blessant.»

Cette grande brune comprend pourquoi de nombreux Latino-Américains, souvent en difficulté économique, se sont laissés tenter par le milliardaire républicain, une des clés de son retour à la Maison Blanche.

Ceux qui sont en situation régulière préfèrent ignorer les éclats de violence de la tribune, car ils « pensent qu’ils ne seront pas visés », résume-t-il. “De nombreux Latinos associent la richesse et le succès à la blancheur, et ils veulent faire partie de ce groupe et être inclus, plutôt que d’être marginalisés.”

Mais il est particulièrement en colère contre certains de ses oncles et cousins, qui ont voté pour Donald Trump, après avoir eux-mêmes été sans papiers.

“Nous ne pouvons pas avoir une conversation ensemble, car elle dégénérerait en dispute et probablement en bagarre”, lâche-t-il.

 
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