La belle histoire de Breton en Ligue des Champions s’est poursuivie mercredi à Prague. Partis de la capitale tchèque en pleine nuit et regagnant leurs terres à 4h30 du matin, les Brestois ont vécu une nuit courte après une nouvelle soirée européenne parfaite. Ils se sont imposés 2-1 sans trembler sur la pelouse du Sparta.
Au coup de sifflet final mercredi au Stadion Letna de Prague, le capitaine Brendan Chardonnet, les mains sur les hanches et le sourire aux lèvres, s’est figé quelques instants presque incrédule. Le banc de Brest explose comme un seul homme. Oui, le Stade Brestois a encore gagné en Ligue des Champions (2-1) et à mi-parcours, les Finistériens sont 4èmes, virtuellement qualifiés pour les huitièmes de finale et quasiment assurés d’une place en barrages. La performance est remarquable et mérite d’être célébrée comme il se doit. Tous les joueurs et staff se dirigent alors vers les 1 000 supporters qui remplissent le parking de Brest.
Il y en avait 400 à Salzbourg, près de trois fois plus à Prague avec des supporters également dans les tribunes environnantes. Au moins 3 000 sont annoncés à Barcelone lors du prochain match. Alors pour les remercier, chants et danses se succèdent. Après l’annulation des vols en provenance de Nantes en raison de troubles sociaux, certains sympathisants, comme ces deux pères et leurs fils, ont roulé toute la nuit de mardi à mercredi depuis le Finistère, soit 16 heures de route sans escale. D’autres, comme ces cinq amis rencontrés à l’aéroport, se sont rendus au pied levé à Paris pour prendre en urgence un avion. Ils ne regrettent certainement pas les 400 euros dépensés de manière inattendue.
« Une belle leçon pour ceux qui ne comptaient pas sur nous »
Un peu plus tard devant le parc, c’est Gérard Le Saint qui vient saluer les fans en agitant frénétiquement les bras en l’air et reçoit une standing ovation de la foule. On avait déjà vu le coprésident brestois savourer avec gourmandise les aventures européennes du club trinquant dans les bars du centre-ville de Salzbourg. Son frère président Denis Le Saint est plus discret mais la joie est tout aussi forte que parmi les partenaires que le club emmène à chaque match à l’extérieur. La belle histoire entre Brest et la plus grande Coupe d’Europe continue.
« Une belle leçon pour ceux qui ne comptaient pas sur nous. Il faut toujours avoir du respect pour les autres, soutenir les clubs français et souhaiter le meilleur”, a déclaré Kenny Lala en zone mixte. Dans les vestiaires, le cri de guerre mené par Hugo Magnetti résonne, suivi de quelques pas de danse et du désormais traditionnel selfie de groupe de l’équipe avec l’homme du match au premier plan. Après Abdallah Sima contre Sturm Graz et Salzbourg, c’est le Suisse Edimilson Fernandes qui a eu droit au trophée grâce notamment à sa magnifique volée sur le premier but.
Déjà 7 millions d’euros de gains
Financièrement, avec cette nouvelle victoire, le Stade Brestois a une nouvelle fois empoché la coquette somme de 2,1 millions d’euros allouée par l’UEFA. Ce qui porte déjà les gains, rien que pour les matchs, à près de 7 millions d’euros. Les joueurs n’ont pas demandé de double bonus. Un accord a été négocié en début de saison afin qu’une partie des sommes gagnées soit restituée aux principaux intéressés. On ne sait pas dans quelle proportion, mais le bonus semble déjà important.
Les Brestois peuvent être fiers, comme le disait Eric Roy après le match, notamment d’avoir 10 points sur 12 possibles. «C’est surprenant et exceptionnel.» Certes, l’adversaire du soir, le Sparta Prague, a été faible mais pour avoir une telle maîtrise que celle de mercredi, en concédant si peu d’occasions – Marco Bizot n’a pas un seul arrêt à réaliser avant que l’écart ne se réduise tardivement sur les Tchèques – alors que le club découvre l’Europe et la Ligue des champions est une performance rare à souligner, insiste-t-on au sein du club breton.
Du lourd à l’ordre du jour
Il y a cependant eu de la satisfaction mais pas d’euphorie car Brest ne se voit pas et ne veut pas être perçu comme le petit club invité dans la cour des grands. « On a ce qu’on mérite », est l’une des phrases les plus entendues comme pour donner une tournure à ceux qui criaient un peu trop fort que les Bretons n’avaient rien à faire là.
Brest va désormais affronter du très lourd dans cette Ligue des Champions avec le PSV Eindhoven, Donetsk, le Real Madrid et d’abord le FC Barcelone lors de la prochaine journée. Avec ses 10 points déjà en poche, Brest pourra peut-être souffler et jouer sans pression ? « Non non ! On n’a pas envie de respirer», répond Brendan Chardonnet. “Nous allons aller à Barcelone avec de l’ambition, de réelles intentions.” Pour Eric Roy, « c’est évident qu’aller à Barcelone pour gagner, c’est une autre histoire. On va espérer que dans quelques jours ils ralentiront un peu, mais je n’en suis pas sûr. Et après tout, Barcelone n’est « que » 6ème dans cette Ligue des Champions…