Pour les Européens et même pour une bonne partie du reste du monde, l’élection de Donald Trump et la mise en œuvre future de son programme « America First » n’augure rien de bon.
Donald Trump a promis lors de sa campagne électorale d’augmenter les droits de douane et d’introduire des taxes à l’importation de 60 % sur les produits chinois et de 10 % pour le reste du monde. Cela coûterait à l’économie de l’Union européenne 533 milliards de dollars d’ici 2029, aux États-Unis 749 milliards de dollars et à la Chine 827 milliards de dollars, a estimé le cabinet de conseil international Roland Berger dans une étude qui prend également en compte les probables mesures de rétorsion que prendraient l’Union européenne et Pékin. Pays émergents comme l’Inde, l’Indonésie et le Brésil”serait beaucoup moins touché», selon une étude de la London School of Economics.
Globalement, la guerre économique que promet Donald Trump de mener contre la Chine risque de ralentir la croissance mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI) a déjà tiré la sonnette d’alarme à ce sujet.
Pour l’Europe aussi, l’avenir ne sera pas rose si Donald Trump met en œuvre ce qu’il a prévu d’introduire en matière de droits de douane. “Très clairement, cette administration sera encore plus protectionniste que l’administration Biden qui l’était déjà. Cela aura donc de graves conséquences, entre autres sur l’industrie européenne qui perdra encore davantage de parts de marché aux Etats-Unis.», analyse Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of management de l’Université catholique de Lille. En résumé, il faut s’attendre à une réduction des exportations de marchandises de l’Union européenne vers les États-Unis. Les entreprises chinoises étant frappées par des droits de douane élevés aux États-Unis, il faut aussi craindre qu’elles intensifient leurs efforts de conquête du marché européen. Les entreprises européennes perdraient ainsi davantage de parts de marché en Europe au profit de la Chine.
Autre mesure de Donald Trump qui risque d’accentuer les effets du protectionnisme : sa volonté de relancer les forages et l’extraction du gaz et du pétrole de schiste par fracturation hydraulique. Cela se ferait dans le but de réduire le coût de l’énergie aux États-Unis, au profit, entre autres, des entreprises américaines. “Cela signifie que cela va encore creuser l’écart abyssal entre le coût très bas de l’énergie aux États-Unis et le coût très élevé de l’énergie en Europe depuis que nous avons perdu l’approvisionnement bon marché en provenance de Russie.», explique Eric Dor. Et craindre que la désindustrialisation de l’Europe ne s’accentue. “Il y a déjà une désindustrialisation qui a commencé en Europe à cause de cela (ndlr, l’augmentation du coût de l’énergie). De nombreuses industries très gourmandes en énergie quittent l’Allemagne et d’autres pays européens pour s’installer, par exemple aux États-Unis, et approvisionner l’Europe à partir de là.», selon Eric Dor.