Il a le look de ceux qui ont vu et vécu beaucoup de choses. « Quatre ans. Nous sommes épuisés », il soupire. A ce stade du dépouillement des bulletins – il s’agit encore de votes anticipés – Stephen Richer, l’un des responsables des opérations, s’accorde une petite récréation à l’extérieur du bunker, le centre électoral du comté de Maricopa, en Arizona. Il ne sait pas encore que, quelques heures plus tard, Donald Trump se déclarera vainqueur et que les résultats de l’État, jugés cruciaux depuis des mois, le seront beaucoup moins. À minuit, le mercredi 6 novembre, le centre de communication du comté de Maricopa ferme ses portes. A l’intérieur, les salariés continuent de compter : 968.471 voix pour Trump (soit 50,4%) contre 937.248 pour Kamala Harris (48,8%). Mais seules les caméras qui fournissent une couverture en direct sont réveillées.
Les responsables de ce comté, qui représente à lui seul 62 % des électeurs de l’Arizona, sont soulagés : aucun incident n’a alimenté la suspicion – la paranoïa pour certains – d’extrémistes à l’égard du processus électoral. Il n’y avait pratiquement pas de file d’attente devant les bureaux de vote : deux minutes en moyenne et il suffisait de consulter l’application départementale sur son téléphone pour anticiper le temps d’attente dans chacun des 426 bureaux de vote et faire son choix.
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Vu du parking du bunker, l’élection de 2024 – la soixantième depuis la fondation de la république – est pénible à regarder. Le shérif du comté, Russ Skinner, est lui-même désolé. « Vous voyez la différence avec 2020 », souligne-t-il, déplorant le renforcement de la sécurité.
Vendetta contre les « traîtres »
Après les élections de novembre 2020, des centaines de fidèles armés de Trump ont assiégé le centre pendant plusieurs jours, convaincus que les démocrates étaient « vouloir » l’élection grâce à la généralisation du vote par correspondance pendant la pandémie de Covid-19. Le milliardaire n’a jamais concédé sa défaite (par seulement 10 457 voix) et l’État est devenu la Mecque des théoriciens du complot et négationnistes (qui rejettent les résultats des élections).
L’incident de novembre 2020 à « tout a changé »explique le shérif Skinner. Le comté a investi 10 millions de dollars (9,2 millions d’euros) pour moderniser et sécuriser le centre de comptage. Des caméras ont été installées, des blocs de béton et une barrière métallique.
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