Les marchés boursiers européens profitent de manière inattendue de la victoire électorale de Donald Trump aux États-Unis. Quelles forces sont à l’origine de ces gains boursiers ? Et dans quelle mesure ce profit est-il durable ?
Le Bel-20 a gagné près de 2 pour cent peu après la cloche d’ouverture, avec un peu plus de 1 pour cent de gain peu avant midi. Les gros salariés, comme l’entreprise chimique Syensqo et les sociétés pharmaceutiques UCB et Argenx, arrivent en tête avec des bénéfices de 2 à 4 pour cent. Syensqo était auparavant en hausse, après l’annonce d’une restructuration qui coûterait 300 à 350 emplois. Dans le reste de l’Europe également, ce sont principalement les entreprises ayant de nombreuses activités aux États-Unis qui cherchent à réaliser des bénéfices.
Le dollar américain est en forte hausse, désormais à 1,08 dollar pour un euro, ce qui entraîne mathématiquement une hausse des revenus en euros pour les entreprises européennes qui réalisent un chiffre d’affaires important aux États-Unis. Cependant, on a longtemps cru que les actions européennes allaient chuter, car les projets économiques de Donald Trump ne sont pas vraiment favorables à l’Europe.
En particulier, les taxes plus élevées sur les importations de produits et services en provenance du reste du monde pourraient entraver cette évolution. Même s’il semble ici et là qu’une guerre commerciale ouverte est plus facile à mener que le jeu plus subtil de Joe Biden avec les subventions.
Nous avons collecté pour vous les réponses d’économistes, de stratèges et d’analystes.
Volatilité sur les marchés
Luc Aben, l’économiste en chef de Van Lanschot, constate avec une certaine surprise que le sentiment sur les marchés boursiers européens a complètement changé. Au départ, tout indiquait une ouverture rouge, avec des contrats à terme en baisse et des pertes pour les marchés boursiers chinois, mais après les premières heures de négociation, les indices boursiers européens affichent des bénéfices. Les contrats à terme laissent présager une ouverture positive pour Wall Street prochainement.
Selon James Knightley, économiste en chef d’ING pour les Etats-Unis, les investisseurs ressentaient déjà le ralentissement. « Les sondages prédisaient une course serrée, mais les marchés financiers semblaient convaincus de cette issue depuis un certain temps. Les actions américaines, le dollar et les taux d’intérêt sur la dette américaine ont déjà fortement augmenté ces dernières semaines.»
Aben : « Comme prévu, le rendement américain à dix ans augmentera de 11 points de base en raison des pressions inflationnistes liées à la politique de Trump. Cela pourrait conduire à une réticence de la part de la Réserve fédérale à assouplir sa politique monétaire. Dans ce contexte, le dollar s’apprécie par rapport à l’euro. Le prix du pétrole baisse parce que Trump veut augmenter la production américaine. Le prix de l’or a également légèrement baissé.
Réductions d’impôts
Knightley : « À l’heure actuelle, les Républicains s’orientent vers une table raseremporter la présidence ainsi que la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Ce n’est que si les démocrates continuent de gagner à la Chambre des représentants qu’il deviendra plus difficile pour Trump de mettre en œuvre son projet de réduction d’impôts pour les entreprises. Le dollar est en route vers 1,05 dollar pour un euro à court terme. La parité devra attendre plus tard, en 2025, lorsque la puissance des bombardements protectionnistes deviendra plus claire.»
George Saravelos, stratège chez Deutsche Bank, vise également 1,05 dollar pour un euro d’ici la fin de l’année. « Un gouvernement américain unifié est le meilleur scénario pour un dollar américain fort. Plus Trump mettra l’accent dans son discours et donnera la priorité à la baisse des impôts et à la réduction de la réglementation dans son programme, plus l’impact sur les investissements risqués, tels que les actions, sera positif. L’inverse est vrai pour l’augmentation des tarifs douaniers.
Clarté
Tom Simonts, économiste financier senior chez KBC, estime que les investisseurs sont soulagés que les choses soient bientôt claires. « D’après ce que nous savons actuellement, il semble que Trump pourrait revenir à la Maison Blanche. Mais, et plus important encore, le Sénat et la Chambre se tourneraient également vers les Républicains dans ce qui serait un «balayage rouge” est mentionné. De ce point de vue, la première réaction est que les actifs à risque continuent de gagner du terrain, mais aussi que les taux d’intérêt américains montent en flèche.»
Simonts revient également sur les derniers chiffres macroéconomiques. «Hier, il est également apparu que l’activité dans le secteur des services aux États-Unis a étonnamment atteint en octobre son plus haut niveau depuis plus de deux ans. Une croissance plus élevée équivaut à des taux d’intérêt plus élevés, mais les marchés continuent néanmoins de viser une réduction des taux de 25 points de base de la part de la Réserve fédérale jeudi prochain. Et puis encore en décembre.