Pendant longtemps, Alexandra Lamy a été la « fille d’à côté » du cinéma français. Cette jolie et sympathique fille qu’on rêverait d’avoir comme voisine. En un mot, la Favorite de « Un gars, une fille », qu’elle a joué pendant quatre ans et dont on lui parle encore. « Tout le temps, et heureusement », confirme l’actrice. Qui ne dit pas à Robert De Niro : « Tu me parles ? C’est culte. Cela signifie que nous avons laissé une marque sur les gens. C’est la popularité. Puis elle ajoute en riant : “Et ça veut aussi dire qu’on te reconnaît, pour que tu n’en prennes pas un gros coup !”
L’actrice française n’a visiblement rien perdu de ce bavardage et de cette bonne humeur communicative qui ont fait son succès. Elle vient pourtant de fêter ses 53 ans, un âge réputé pour être difficile pour les actrices. Mais les années, elle les laisse glisser sur elle avec philosophie. « Chaque matin, je me dis : « Super, je suis toujours là ! C’est toujours une bénédiction de vieillir, non ? J’ai perdu trop de jeunes amis et je n’aime pas me polluer l’esprit avec des choses pour lesquelles je ne peux rien faire. Je suis plutôt optimiste de nature. De toute façon, nous n’avons pas le choix.
D’autant que le temps qui passe semble être généreux chez Alexandra Lamy. Les rôles de gentilles filles qu’on lui proposait il y a vingt ans ont laissé la place à des personnages plus profonds, comme ceux de « La Chambre des Merveilles », « La Promesse Verte » ou « Par Instinct ». Le rôle titre de “Louise Violet” (en salles le 6 novembre 2024), où elle incarne une institutrice parachutée dans un village de campagne à la fin du XIXème sièclee siècle, en fait partie. “Honnêtement, je n’aurais pas pu le faire à 25 ans”, a déclaré son interprète. Justement parce que j’ai mon âge, je peux me permettre de chercher d’autres rôles que ceux que je sais déjà jouer. Je veux me surprendre.
Le public sera sans doute aussi surpris de la voir serrée dans le corset de cette citadine qui croit être accueillie à bras ouverts par les paysans sabotés qu’elle veut éduquer, mais qui ne voient en elle qu’une bourgeoisie opprimée. . de Paris pour leur donner une leçon. « Louise représente le progrès, c’est une femme moderne, une républicaine qui a une vraie mission : construire la première école dans un village rural. Sauf qu’à l’époque, on ne savait pas ce qu’était l’école. Il n’y avait même pas de bâtiment pour cela.
« Quand on y pense, le concept d’école est complètement fou, poursuit la comédienne. Nous confions nos enfants à quelqu’un que nous ne connaissons pas pour qu’il leur donne tous les outils nécessaires afin qu’ils puissent, plus tard, faire des choix de vie. Ce n’est pas rien. Nous pensons que c’est quelque chose qui va de soi, mais dans le monde, il y a 250 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école. Si demain il n’y a plus d’éducation nationale, d’art et de savoir dans un pays, que deviendra-t-il ? Nous le voyons : catastrophe, dictature, enfer. Il est donc important de préserver cela. »
Alexandra Lamy aime dire que les acteurs sont un peu des « artivistes ». « Le film « Louise Violet » met en scène les combats de héros anonymes, comme il y en a encore aujourd’hui », précise-t-elle. Regardez les filles iraniennes. Ils sont à peine adultes et, sans armes, se battent, rien qu’en retirant leur voile et en chantant dans la rue. N’est-ce pas du courage ? Aucun homme ne ferait ça. Ou avec une grosse Kalachnikov !