un avenir social encore incertain pour les cheminots

un avenir social encore incertain pour les cheminots
un avenir social encore incertain pour les cheminots

L’avenir de Fret SNCF n’était pas le seul sujet sur la table mardi matin entre les syndicats et la direction du groupe. Mais elle a certainement tenu une bonne place dans ces discussions, initiées à la suite d’une demande de consultation immédiate (DCI) déposée conjointement par les quatre organisations représentatives. Et pour cause, au 1er janvier, la filiale du groupe SNCF dédiée au transport de marchandises disparaîtra pour laisser la place à deux nouvelles entités : Hexafret et Technis.

A moins de deux mois de l’échéance, le cadre social des deux futures entreprises n’est pas encore défini, ce qui suscite de nombreuses inquiétudes chez les salariés. Face à cette situation et après une réunion de conciliation qui n’a jusqu’à présent pas permis de trouver un terrain d’entente, un préavis de grève a été déposé en début de soirée. Il couvre le jeudi 21 novembre. Une réflexion est en cours sur un mouvement reproductible en décembre.

Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail, n’a pas renoncé à repousser le gouvernement sur l’arrêt de Fret SNCF, décidé sous la pression de la Commission européenne. Pour rappel, cette dernière avait ouvert une enquête début 2023 sur le versement de 5,3 milliards d’euros d’aides de l’État pour combler le déficit de la filiale. Il ne pense pas comme ça « quelle mauvaise décision qui fragilise le fret ferroviaire et son principal opérateur en pleine crise climatique ». Il estime ainsi que le gouvernement se précipite, alors que la socialiste espagnole Teresa Ribera a été proposée pour prendre le poste de commissaire européenne à la Concurrence.

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Un plan social déguisé

Au-delà, il s’agit avant tout de préserver les conditions sociales des quelque 5 000 salariés de SNCF Fret, un effectif composé majoritairement de cheminots statutaires, ainsi que de 700 contractuels. Environ 4.000 d’entre eux doivent rejoindre Hexafret, qui reprendra le rôle d’opérateur ferroviaire de Fret SNCF, désormais vidée de son activité ferroviaire dédiée, ainsi que 23 lignes laissées aux acteurs privés pour répondre aux demandes de Bruxelles. 500 autres personnes rejoindront Technis pour les activités de maintenance. Les 500 derniers salariés sont donc contraints de changer de branche.

Les syndicats sont convaincus qu’il n’y aura pas de licenciements, comme promis. Mais Lionel Ledocq, secrétaire fédéral de l’Unsa-Ferroviaire chargé du fret et de la transition écologique, le voit toujours « un plan social déguisé » avec reclassements, reconversions et retraites anticipées. Il évoque également des départs, notamment à l’étranger où les conditions salariales sont bien plus attractives.

Pourtant, bon nombre des salariés concernés ont déjà trouvé un emploi dans le groupe. Selon Fret SNCF, c’est le cas des deux tiers d’entre eux. Le tiers restant bénéficie d’un accompagnement personnalisé. Des chiffres relativement cohérents avec les sources syndicales. Bon nombre d’entre eux ont migré vers l’activité TER, très exigeante, à commencer par les chauffeurs.

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Ceux qui restent

La situation n’est pas moins complexe pour ceux qui restent dans le fret. Conformément aux annonces, les cheminots transférés chez Hexafret et Technis conserveront leur statut. C’est moins vrai en ce qui concerne les accords sociaux négociés au niveau de la SNCF, malgré le maintien des futures entreprises au sein du groupe. Certains vont se poursuivre, comme l’accord sur les retraites qui est actuellement en cours de finalisation. D’autres seront remises en cause, à commencer par celles concernant l’aménagement du temps de travail ou encore les négociations salariales au niveau du groupe, prévient Fabrice Chambelland, secrétaire national de la CFDT Cheminots.

De son côté, Fabrice Charrière, secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire, pointe la possible dégradation de la gestion des carrières professionnelles. Les salariés transférés risquent de perdre le bénéfice d’accords comme celui sur la fin de carrière dont la signature a suscité l’ire du gouvernement contre Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, au printemps dernier.

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Le représentant CFDT veut rester fidèle à l’essence de son syndicat et « éviter la politique du pire ». En effet, il entend négocier jusqu’au bout mais envisage d’entrer dans le rapport de force en cas d’échec. Il considère également l’aménagement du temps de travail comme une solution possible « Victime de guerre » en raison des implications possibles en termes de flexibilité et de précarité.

Un accord de transition mal exécuté

La principale issue au conflit réside dans la négociation d’un accord de transition. Lancées sous la précédente législature, les discussions ont été gelées avec la dissolution. La direction de la SNCF vient de relancer la démarche, mais le temps presse d’ici le 1er janvier. Fabrice Charrière est sceptique quant à la possibilité de mener à bien les négociations dans les délais.

Fabrice Chambelland, qui juge les propositions de la direction assez éloignées du niveau des conditions actuelles, ne fait pas non plus preuve d’un optimisme débordant. Les représentants de l’Unsa et de la CFDT précisent que cet accord de transition ne durera – de toute façon – que 36 mois, de nouveaux accords devant être ensuite négociés au sein de Technis et Hexafret.

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De son côté, Fret SNCF assure vouloir doter chacune des deux futures entités d’un cadre social plus protecteur que celui de la convention collective et attractif. Outre le maintien du statut, il entend garantir des éléments de protection sociale, des facilités de déplacement ou encore des carrières professionnelles au sein du groupe SNCF. Mais elle précise que ce cadre devra être adapté au secteur concurrentiel dans lequel elle évolue. Cela nécessite selon elle des méthodes d’organisation du travail et des contenus de travail cohérents avec les activités des filiales et leurs besoins de production.

A défaut d’accord, les conventions collectives en vigueur chez Fret SNCF seront maintenues chez Hexafret et Technis pour une durée de 15 mois. Les futures instances patronales et syndicales des deux entités devront donc s’atteler très rapidement à la négociation de nouveaux accords. Et ce, même si Rail Logistics Europe – la holding qui chapeaute les sociétés de fret du groupe SNCF, dont Fret SNCF aujourd’hui puis Hexafret et Technis demain – doit ouvrir son capital d’ici 2026, comme le rappelle Fabien Villedieu chez SOUTH-Rail.

 
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