Suppressions d’emplois, fermetures de magasins… Auchan coupe au grand pas pour tenter de se relancer

Suppressions d’emplois, fermetures de magasins… Auchan coupe au grand pas pour tenter de se relancer
Suppressions d’emplois, fermetures de magasins… Auchan coupe au grand pas pour tenter de se relancer

En 2020, l’annonce d’un plan de départs volontaires pour plus de 500 postes en janvier, suivie de la suppression de près de 1.500 postes en septembre, a fortement impacté les salariés du distributeur nord de la galaxie Mulliez, Auchan. Convoqués, mardi 5 novembre, près de Lille (Nord) par le comité central social et économique (CSEC) dans plusieurs entités du groupe, afin de faire “un point sur la situation de l’entreprise et de ses projets”, les syndicats ont finalement découvert que ce « point », présenté par le nouvel homme fort de la marque, Guillaume Darrasse, comprenait un nouveau plan social, d’une ampleur encore plus grande.

Au total, 2.049 postes seraient supprimés (en tenant également compte des créations d’emplois) dans ce groupe qui compte actuellement plus de 53.000 salariés. Au siège, la mutualisation des fonctions support entre les entités Auchan et Auchan International impactera 784 postes (sur environ 4 000). La réorganisation dans les magasins touchera 915 postes. Les hypermarchés de Clermont-Ferrand Nord (Puy-de-Dôme), Bar-le-Duc (Meuse) et Woippy (Moselle) seront fermés, tout comme le supermarché d’Aurillac (Cantal) et six magasins de proximité (466 articles). ). Les trois entrepôts qui géraient les commandes d’Auchan Direct seront également fermés, la livraison à domicile étant transférée en drive.

Après avoir travaillé chez Leclerc et Système U, Guillaume Darrasse bouscule le bateau à la dérive qu’est Auchan, passé de 11,5% à 9,1% de part de marché depuis 2012. Très loin du trio de tête E.Leclerc (24,1%), Carrefour (21,4%) et Intermarché (17,4%), et derrière la Coopérative U (12,2%).

Les produits de marque privée devraient passer de 25 % aujourd’hui à 50 % en 2030

Les défauts du distributeur ch’ti sont connus depuis longtemps : une surreprésentation des grands hypermarchés (en moyenne deux fois plus grands que les hypermarchés U ou Leclerc), qui sont en perte de vitesse. Un rendement au mètre carré faible : « Un peu moins de 8 000 euros chez Auchan, contre 8 500 euros chez U et 9 500 euros chez Leclerc », rappelle Guillaume Darrasse qui souligne aussi que la masse salariale chez Auchan Retail est deux fois supérieure à celle des concurrents. Sur le premier semestre 2024, la maison mère du groupe, Elo, a annoncé une perte de près d’1 milliard d’euros. “Auchan ne peut pas rester dans cet état”, estime le directeur général d’Auchan Retail, pour qui seule une chasse aux coûts permettra de libérer les marges de manœuvre financières visant à relancer les ventes.

D’où ces réductions significatives en termes d’emploi. « Accompagnement dans la recherche de solutions internes ou externes, reconversions, congés de reclassement, plans de départs volontaires, tout sera fait pour limiter, à terme, les suppressions pures et simples de postes. Historiquement, les licenciements ont toujours été réduits”, veut rassurer Guillaume Darrasse, qui souhaite que ce plan de réorganisation soit achevé “en 2025”.

Parallèlement, plusieurs grands projets ont été lancés ou confirmés. Outre l’alliance d’achat déjà annoncée avec Intermarché pour une durée de dix ans – qui doit permettre une plus grande influence sur les négociations avec les constructeurs – la réduction de la taille des hypermarchés sera amorcée, pour arriver à une surface cible de 8 000 m2. Les premiers magasins, entièrement remaniés, devraient être opérationnels « au printemps ». Dans les rayons, la part des produits de marque distributeur devrait passer de 25 % aujourd’hui à 50 % en 2030.

Textile, maison, électroménager… L’offre sera entièrement repensée, afin d’être plus en phase avec les attentes des consommateurs. En termes de prix, surtout, le glissement devrait être visible : si, cette année, les magasins Auchan ont réduit leurs étiquettes d’environ 2 %, ce n’est « pas suffisant », juge Guillaume Darrasse, qui se veut « moins cher que Carrefour et à une distance raisonnable de Leclerc ». Autant dire qu’il sera demandé aux actionnaires de ce groupe familial de financer cette coûteuse relance tarifaire, et qu’ils devront tenir cet engagement tarifaire dans le temps.

 
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