Les scandales que la presse met en avant ne sont souvent que du pipi de chat et de la roupie d’étourneau quand on a lu les romans captivants de Marc Dugain. Il s’en prend à la machette aux secrets bien gardés des États, aux manigances des services secrets français et aux intérêts économico-mafieux. Que ce soit dans la Russie de Poutine, dans la France de Sarkozy ou aux États-Unis.
Tsunami de Marc Dugain
Des romans passionnants qui se lisent d’une seule traite et sont souvent portés à l’écran. Mais qui est-il lui-même ? Son fils a déclaré : «Mon père, tu peux l’aimer mais tu ne peux pas le connaître.
Son nouveau livre répond en partie à travers la fiction et combine toute sa vie et plusieurs de ses livres précédents. Le héros est, en somme, son double et on a du mal à distinguer quand il est Marc Dugain et quand il est une invention du romancier. Mais cela n’a pas d’importance tant que vous ressentez l’exaltation que procure la lecture de ce livre.
C’est l’histoire d’un jeune Français ambitieux qui s’immerge dans le monde bancaire à New York au milieu des années 80. Il gravit rapidement les échelons et acquiert une réputation d’excellence. Créateur de transactions, un « deal maker » dans le département aéronautique finançant des achats clandestins d’entreprises russes, africaines ou latino-américaines.
Le Koursk
Marc Dugain conjugue une vie privée difficile pour son « héros », une femme sérieusement mélancolique, une liaison avec Julia sa « patronne » et des états d’âme qui amènent le jeune banquier à vouloir vite devenir très riche pour pouvoir arrêter de servir ce « Débauche d’argent » et devenir écrivain.
mouetteLe moteur de mes écrits reposait sur un mécanisme simple : l’indignation face au mensonge de l’État.
Tout le charme des romans de Marc Dugain est de nous plonger dans cette vie ambitieuse et ses ambiguïtés.
Un drame familial contraint le héros de son livre à quitter New York pour s’installer à Genève où, dans un contexte de fin de guerre froide, il met son talent de financier au service d’entreprises occidentales attirées par les montagnes d’argent de les oligarques. Là, il rencontre Pavel en Sibérie qui devient son ami.
Alors que la Russie s’enfonce peu à peu dans l’enfer de Poutine que Marc Dugain avait déjà bien décortiqué dans le drame du sous-marin Koursk, son lien avec Pavel attire l’attention de la CIA. Va-t-il trahir son ami ou quitter son emploi ?
Devenu riche, il décide de devenir écrivain comme Marc Dugain lui-même.
Pour ses romans, il enquête sur le Koursk ainsi que sur la catastrophe encore inexpliquée du vol MH370 de la Malaysian Airlines et sur la réponse que Poutine lui a donnée en Ukraine.
Construit comme un thriller éclairant au cœur des lieux de pouvoir du monde, le livre est aussi une réflexion d’un homme de 67 ans sur son métier d’écrivain.
Un gnome
Marc Dugain est obsédé par la recherche des vérités enfouies sous les versions officielles. Il a un regard aigu et pessimiste sur nos grands dirigeants : «guerreil écrit, a toujours été le meilleur remède pour masquer l’insouciance et la corruption de ceux qui nous dirigent.
Ils vont tuer Robert Kennedy
Poutine est pour lui « Le fantôme d’un gnome est sorti des sous-sols de la Tchéka à l’époque de la terreur stalinienne. Un voyou qui a un jour décidé qu’il était plus confortable de terroriser ses propres compatriotes dans l’antre du véritable pouvoir soviétique.»
Celui qui a écrit sur Edgar Hoover et l’assassinat de Robert Kennedy n’est guère plus tendre pour les financiers de New York et pour le Pentagone qui « distribué des missiles antichar et anti-aériens aux islamistes afghans pour qu’ils puissent combattre les Russes ».
Le plaisir de ce roman, un « fiction de l’existence de l’auteur », est de mélanger avec le “grande histoire » un interrogatoire plus personnel où Marc Dugain aborde les drames intimes qu’il a pu vivre.
⇒ L’avion, Poutine, l’Amérique… et moi | Roman | Marc Dugain | Albin Michel, 347 pp. 22,90 €, numérique 16 €
EXTRAIT
« Le terrorisme, issu d’une appropriation fallacieuse et criminelle du Coran, a occulté un autre phénomène tout aussi inquiétant, murmuré par certains responsables du renseignement : la pénétration de plus en plus profonde des organisations mafieuses dans les systèmes politiques. La Russie en était une parfaite illustration avec Poutine, qui me paraissait plus proche d’un leader de Cosa Nostra que d’un despote classique, à la différence près qu’un ‘parrain’ ne possède pas d’arsenal nucléaire.»