M.même processus de sélection. Même liste d’œuvres. Même planning serré pour tous les lire. Mêmes débats houleux entre jurés. Le jour même de l’annonce du gagnant. A une lettre près, le Boncourt – avec un B comme Biarritz – et le Prix Goncourt ne sont pas si différents. Le gagnant de cette dernière a été dévoilé lundi 4 novembre 2024 vers 11h45, à Paris, à l’étage du restaurant Drouant. Moins d’une demi-heure après celle de Boncourt, à Biarritz, à l’étage du salon de thé Miremont. Et comme souvent, les goûts du jury du plus prestigieux prix littéraire français et ceux des lecteurs de Biarritz s’alignent.
« Houris », de Kamel Daoud, livre sur la décennie noire de l’islamisme en Algérie, s’impose partout. Un roman, “très fort”, “difficile, mais nécessaire”, souligne Cécile Pougnand, la directrice de la médiathèque de Biarritz, entourée du jury maison.
La médiathèque a orchestré la rencontre et lancé des appels à candidatures auprès des membres réguliers de son club de lecture, pour constituer le jury Boncourt. C’est la 19ème fois cette année qu’il se retrouve au même rythme que celui du Goncourt.
La liste des 16 titres en lice paraît début septembre. Les 10 jurés doivent ensuite tout lire un mois avant le premier survol. Il en reste alors 8. On n’élimine pas forcément les mêmes au Pays basque et dans la capitale, mais à chaque fois les jurés Boncourt repartent sur la liste de ceux retenus par leurs « collègues » du Goncourt jusqu’aux quatre finalistes.
Exercice spécial
L’exercice est spécial pour les amateurs de lecture. Cela demande un investissement que les messieurs, sous-représentés dans le jury, sont moins enclins à faire. Cela faisait plusieurs années que le jury n’était plus exclusivement féminin. « Ils ne lisent pas forcément moins, mais souvent plus de documentaires ou d’essais que de romans », suppose Cécile Pougnand.
“Il y a une intelligence collective qui émerge”
Ce n’est pas le cas de Jean-François Vaillant qui, au contraire, se dit avide d'”histoires”, de “thèmes forts”, de “personnages” pour nourrir son “besoin d’évasion”. Il est l’un des deux représentants de la genre masculin, pour ce millésime, dans un groupe composé en grande partie d’habitués.
« Je suis un lecteur assidu, mais cela reste une contrainte atypique de devoir lire autant en si peu de temps », confie le nouveau venu. J’ai lu des livres vers lesquels je ne me serais pas tourné spontanément, comme « Madeleine avant l’aube » de Sandrine Colette, qui est le deuxième coup de coeur de notre jury. J’avais lu un autre roman d’elle sans être accro. Là, j’ai beaucoup aimé. Comme quoi… “
Même son de cloche avec Michel Recart. Sur les 16 ouvrages lus, « 6 ou 7 » furent pour lui de grandes découvertes. Le retraité a pris son rôle très à cœur et a particulièrement apprécié la qualité des échanges avec les autres membres du jury. « C’était très enrichissant de se mettre dans cette ouverture d’esprit et de se retrouver avec des gens qui lisent autant, qui ont beaucoup de références. Les débats étaient passionnants. Il y a une intelligence collective qui émerge. »