L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud a remporté, à 54 ans, le prix Goncourt pour son roman Hourisdans lequel il raconte la décennie noire, la guerre civile en Algérie, qui a opposé, entre 1992 et 2002, le gouvernement algérien et des groupes islamistes. Il retrace cette période à travers l’histoire d’une jeune femme devenue muette après qu’un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999. Son livre a cependant été interdit en Algérie et n’est pas traduit en arabe. Comme l’écrit l’auteur dans son roman, la loi algérienne interdit toute mention dans un livre des événements sanglants de la « décennie noire ». « La Charte nationale pour la paix et la réconciliation de 2005 fixe un verrou juridique total par rapport à la décennie noire »expliquait-il dans un entretien au JDD en septembre.
Dans le roman, Kamel Daoud met particulièrement en avant les femmes, notamment victimes de la guerre civile algérienne : « Quel est l’être que l’islamiste déteste le plus ? C’est la femme dans son corps, dans son être, dans sa voix, dans sa sensualité. » Dans nos colonnes, il met en garde contre la montée de l’islamisme à travers le monde : “C’est une illusion intellectuelle occidentale qui consiste à accorder des nationalités différentes à l’islamisme”a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Nous ne parlons pas de phénomènes nationaux, ceux qui sont allés combattre en Syrie étaient de toutes nationalités. Nous pensons en termes de nations, de drapeaux et de frontières, pas en termes de nations. »
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Face à cette montée de l’islamisme, “l’enjeu est culturel” a expliqué l’ancien journaliste : “La réponse est l’accès à l’art, l’accès aux livres”ce qu’il appelle “ tranchées éditoriales ». Pour lui, « Si l’islamisme progresse dans le monde arabe, c’est parce qu’il contrôle les médias et l’imprimerie »mais aussi « littérature pour les jeunes ». « Les islamistes se forment au berceau, à travers les contes pour enfants, à l’école. Tous les fascismes commencent par s’attaquer aux livres, aux écrivains, aux traducteurs. »a analysé Kamel Daoud.