“La peur, la tristesse, l’envie de pleurer” confrontés au désastre provoqué par les inondations meurtrières survenues dans l’est de l’Espagne, ont été rapidement rejoints par « incompréhension et rage » de la population, souligne Le périodique de Catalogne, journal de centre-gauche. Comme le nombre de décès causés par la terrible dana (dépression isolée à des niveaux élevés, “goutte froide”, en français) du 29 octobre augmente, l’indignation s’empare également de la rédaction, à commencer par celle du quotidien conservateur abc, pour qui les dirigeants politiques font preuve d’un « incompétence totale pour aider les personnes touchées ».
La colère de la population a éclaté contre les autorités le 3 novembre, lorsqu’un cortège formé par le couple royal – Felipe VI et Letizia d’Espagne –, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez et le président conservateur de la région de Valencia, Carlos Mázon , a été fortement chahuté lors d’une visite à Paiporta, épicentre des inondations, dans la banlieue de Valence.
“Le roi et la reine ont parlé aux habitants de la ville pour tenter de calmer le jeu”. « très chauffé ». Les habitants «se sont sentis abandonnés, s’étant retrouvés sans ressources, pendant cinq jours, entourés de boue, assoiffés et affamés», a noté respectivement le quotidien valencien Les provinces et le journal catalan L’avant-garde.
Les cris «Assassins», «Mázon, démission» et «Pedro Sánchez, fils de pute» balayé le cortège, tout comme les jets de boue et de projectiles, continue Les Provinces, alors que L’avant-garde soupçonné “des agitateurs d’extrême droite, qui font l’objet d’une enquête de la police nationale”, avoir profité du contexte pour s’infiltrer parmi la foule révoltée.
La séquence surréaliste aurait pu « se terminer par une tragédie », estime le journal centriste. Il symbolise avant tout le discrédit dans lequel les institutions sont tombées au sein de la population espagnole pendant cette crise. Alors que les images des altercations circulaient dans les médias internationaux, « nous avons conclu que cette visite […] n’était pas une bonne idée”, commentaires L’Avant-garde.
Une « gestion dramatique »
Carlos Mazón et, dans une moindre mesure, Pedro Sánchez, cristallisent la colère née de « gestion dramatique » de la catastrophe, selon le journal conservateur Le monde. Le premier occupe depuis l’été 2023 la tête de la région de Valence, qu’il a dirigée quelques mois avec le soutien du parti d’extrême droite Vox, avant que cette dernière ne prenne ses distances.
« La catastrophe du 29 octobre a placé Mázon devant la plus grande épreuve jamais rencontrée par un gouvernement régional autonome en Espagne. » développe la vie quotidienne de Madrid. Mais, pour le moment, le président valencien semble être « dépassé par les circonstances et par l’action de son gouvernement, tant en ce qui concerne le retard dans l’alerte de la population, malgré les avertissements d’Aemet [l’agence météorologique espagnole]en ce qui concerne les activités de secours ».
Les dirigeants « doivent prendre leurs responsabilités »
Sánchez, pour sa part, fait face aux critiques d’une partie de la presse et du paysage politique, de gauche comme de droite, notamment pour ne pas avoir déclaré l’état d’urgence, comme lors de la pandémie de Covid-19. Dans une Espagne très décentralisée, où les régions disposent de compétences exclusives en matière de gestion de la protection civile sur leur territoire, cette décision aurait impliqué que son administration prenne le relais de la région pour piloter la gestion de la crise.
Mais peu importe qui fait quoi, « agissez ! » s’exclame Le journal. Voiture, « Pendant ce temps, dans certaines zones inondées, les maires, derniers représentants de l’administration, organisent et soutiennent les habitants. Les médias et les bénévoles, arrivés avant l’aide officielle, l’ont remarqué. » souligne le journal de centre-gauche, avant de conclure :
“Ces dirigeants incapables de communiquer, d’organiser, d’alerter, de prendre la vie des gens au sérieux doivent assumer leurs responsabilités.”