Qu’est-il arrivé aux sans-abri pendant les Jeux Olympiques ? Le collectif « L’envers de la médaille » publie un reportage ce lundi 4 septembre. Il y dénonce un « nettoyage social » avant les Jeux pour que la capitale ressemble à un « Paris idéal ». Selon eux, « 260 lieux de vie informels ont été évincés en Ile-de-France » : bidonvilles, groupes de tentes, squats ou simples cartons posé au sol. Durant cette période, «au moins 19.526 personnes ont été expulsées de leur lieu de vie, soit une augmentation de 33% par rapport à la période 2021-2022..
“Ils ne voulaient pas de nous” témoigne Bao, deux doudounes portées l’une sur l’autre pour avoir chaud. Il veille sur un ami allongé dans sa tente, Port de l’Arsenal, visiblement ivre. Le quadragénaire vit dans la rue depuis cinq ans et pendant les JO, son quotidien n’était pas de tout repos. « C’était difficile parce que chaque jour, la police nous poursuivait. Nous étions constamment licenciés. Ce n’était vraiment pas facile. Nous avons dû nous cacher. il explique. Il montre un autre homme : « Ils lui ont enlevé sa tente sans rien lui demander. Ils sont venus avec un camion. Ils m’ont juste laissé le temps de prendre la gamelle du chien. Ils étaient quand même un peu méchants. Il nous a fallu disparaître..
“C’était un peu le bordel”
Une bonne partie des sans-abri qui n’avaient pas été évacués en amont de Paris, puis se retrouve à la Gare de Lyon. «Dès que les gens ont été déplacés, il y a eu beaucoup d’arrivées. C’était un peu le bordel » dit Bao. Mais la pression est descendue d’un cran depuis la fin de la compétition. « Depuis la fin des JO, on sent la différence. Ils nous disent de bouger, mais ils sont moins directs, moins méchants. » il explique.
De l’autre côté du canal, de nombreuses tentes sont alignées. Depuis qu’il a perdu son emploi il y a deux ans et demi, Sébastien vit ici. Il a pu rester sous sa tente pendant les Jeux, mais il a vu arriver de nouveaux arrivants lors de l’évacuation des camps des bords de Seine. « Nous n’avons pas eu de problème. Mais beaucoup de gens se sont installés ici, car ils ont été expulsés des bords de Seine. Ils n’ont fait que déplacer le problème” il regrette. De quatre, on compte désormais une vingtaine de tentes sur les quais.
« En vivant dans la rue, on vit encore plus vite »
« Même à deux ou quatre heures du matin, la police nous permet de nous réveiller. Tous les jours. Il s’agit plus de nous pousser à partir que de nous aider. Ils nous ont dit qu’ils ne nous relogeraient pas.” dit l’homme, le chapeau d’hiver sur la tête, le visage marqué par la rue. « En vivant ainsi dans la rue, on vit encore plus vite. C’est la vie” conclut Sébastien. La fête olympique est terminée, donc les invisibles dans la rue le sont un peu moins.