pour une « relance méditerranéenne » (par Christophe Madrolle, président de l’UCE et Raphaël Rubio, secrétaire général d’Egali-Terre )

pour une « relance méditerranéenne » (par Christophe Madrolle, président de l’UCE et Raphaël Rubio, secrétaire général d’Egali-Terre )
pour une « relance méditerranéenne » (par Christophe Madrolle, président de l’UCE et Raphaël Rubio, secrétaire général d’Egali-Terre France)

Dans son célèbre ouvrage « Le choc des civilisations », Samuel Huntington conçoit la Méditerranée comme une sorte de point aveugle. Zone de fractures, de guerres, de migrations et de conflits, la « mer commune » ne peut plus être pensée comme un espace d’échange et de partage. Les enjeux sont pourtant vitaux. Aujourd’hui, il faut les prendre de front. Au-delà des intérêts égoïstes, les pays méditerranéens sont en réalité condamnés à la coopération. Il est temps, enfin, de réfuter Samuel Huntington.

A ce titre, la visite du président Emmanuel Macron au Maroc, lundi, constitue une véritable opportunité : celle de relancer la politique méditerranéenne de la . Le moment est en effet crucial. La Méditerranée doit retrouver sa place stratégique, notamment dans le cadre de l’aménagement écologique et de la transition énergétique. A cet égard, le Royaume marocain se présente comme un partenaire économique et diplomatique de premier plan, mais aussi comme un acteur incontournable de la transition écologique.

Menaces en mer Rouge… Impasses en Méditerranée

La Méditerranée est un point chaud de la crise environnementale. Rappelons, pour mémoire, l’alerte lancée par le rapport du Plan Bleu en 2022. Selon ce comité d’experts, la Méditerranée est la région du monde la plus touchée par le changement climatique. L’augmentation moyenne des températures y a atteint des niveaux records, bien au-dessus de 1,5°C depuis l’ère préindustrielle. L’eau elle-même verra son niveau monter d’environ 1 mètre d’ici 2100. 37 millions de personnes seraient ainsi menacées dans les zones côtières ! Cette réalité est dramatique. Cela implique une réponse politique et environnementale forte.

Les défis sont bien sûr nombreux : pollution, érosion des sols, raréfaction des ressources en eau. Il faut donc inventer une « nouvelle audace écologique ». C’est pourquoi le Maroc, pays qui a déjà démontré son engagement avec le Plan Maroc Vert puis la Stratégie Génération Verte 2020-2030, est un partenaire naturel. Sur le plan énergétique, la coopération franco-marocaine mérite d’être intensifiée. L’un des axes majeurs de cette « relance méditerranéenne » est la transition énergétique. Là encore, le Maroc joue un rôle central. Le Royaume s’est fixé pour objectif de porter la part des énergies renouvelables dans son mix à 52% d’ici 2030. Le complexe Noor de Ouarzazate, l’une des plus grandes centrales solaires, en est un brillant symbole.

À l’échelle méditerranéenne, le problème dépasse évidemment le cadre bilatéral. La France et le Maroc ont les atouts pour devenir un véritable pool en matière de sécurité énergétique ! Nous misons par exemple sur le développement de l’hydrogène vert. Une dynamique partagée permettra à la Région de s’affranchir, au moins partiellement, de sa dépendance aux énergies fossiles. l’Agence internationale de l’énergie estime par ailleurs que l’hydrogène représentera 18 % de la consommation mondiale en 2050. Ecologie, innovation et souveraineté sont étroitement liées. Nous répétons depuis longtemps, à travers nos prises de position publiques, combien le « pouvoir » de demain sera écologique. Nous sommes convaincus qu’il en va de la grandeur même de la France. La perspective géopolitique est donc palpable.

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Selon nous, il est important que cette « relance méditerranéenne » serve de contrepoids au tropisme de l’UE envers la Mitteleuropa. En renforçant la coopération entre la France et le Maroc, c’est toute la Méditerranée qui retrouve sa splendeur d’antan. Carrefour stratégique et centre d’intelligence écologique, cette « Mare Nostrum » du XIXème siècle va encore une fois émerveiller la planète. C’est à la France, en tant que nation européenne et méditerranéenne, d’en être la cheville ouvrière. L’Europe, marquée par la reconfiguration de ses priorités suite à la guerre en Ukraine, ne peut plus ignorer ce bassin de civilisation qui s’étend de l’Afrique du Nord au Moyen-Orient.

En redonnant à la Méditerranée une place centrale, Emmanuel Macron parvient à situer son action dans une perspective historique tout en répondant aux défis de demain : ceux de la sécurité écologique, de la transition énergétique et de la coopération stratégique. Le Maroc, partenaire fidèle de la France, dispose de tout le potentiel pour accompagner cette dynamique. À condition, finalement, de bien saisir les « kairos ».

 
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