La Cour de cassation du Maroc a annulé la première condamnation du pays pour viol conjugal, rapporte le site d’information marocain Médias24. Dans son arrêt rendu le 10 octobre, la Cour de cassation annule un arrêt de 2019 de la cour d’appel de Tanger et renvoie l’affaire devant la même juridiction, précise le site d’information marocain Boucle 20.
En fait, l’affaire remonte à 2018, lorsque la police judiciaire de Larache, dans le nord du Maroc, a reçu une plainte d’une jeune femme qui dénonçait des violences et des viols commis par son mari.
Les tribunaux ont d’abord ouvert une enquête sur “viole”, avant que l’affaire ne soit reclassée comme « violences et abus domestiques » par le tribunal de première instance, précise le média judiciaire libanais Agenda juridique. L’accusé a finalement été condamné à deux ans de prison pour « violences et abus domestiques », sans que le motif de viol conjugal soit retenu. C’est la Cour d’Appel de Tanger qui a par la suite requalifié l’affaire en « viol conjugal ».
Un regard en arrière
Selon le titre libanais, l’arrêt de la Cour d’appel de Tanger a mis fin à une jurisprudence fondée sur une lecture conservatrice de la loi, qui excluait la possibilité de viol dans la relation conjugale. Cette interprétation, toujours considérée Agenda juridique en 2019, était basé sur « la croyance que le contrat de mariage laisse la femme dans un état de consentement présumé ».
Les médias panarabes Arabie indépendante rappelle que la législation marocaine criminalise viol par l’article 486 du Code pénal. Le Code pénal ne prévoit cependant aucune disposition consacrée au viol conjugal.
Ce recul intervient à un moment où les questions liées aux droits des femmes sont au cœur du débat politique et public marocain. Plus de vingt ans après l’adoption de la première Moudawana, le Code de la famille, qui a apporté des modifications substantielles au droit marocain de la famille, le texte est actuellement en cours de révision, rapporte Médias24 dans un autre article.
Une réforme qui se heurte à l’opposition du Parti de la justice et du développement (PJD). Ce groupe islamiste et conservateur mettait notamment en garde contre « les conséquences potentielles d’une réglementation stricte des relations conjugales, notamment en ce qui concerne les accusations de viol conjugal. » Selon Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD et ancien Premier ministre, “de telles lois pourraient perturber l’harmonie familiale”, rapports Tel quel.