Les grands distributeurs en Martinique, « boucs émissaires » ou « profiteurs » de la vie chère ? – 18/10/2024 à 10h37

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Un magasin Carrefour Market incendié en Martinique, le 17 octobre 2024 (AFP / Philippe LOPEZ)

Il ne reste plus rien du Carrefour Market de Rivière-Salée, commune populaire de la Martinique, île des Antilles où la grande distribution est un épouvantail, en plein mouvement social contre la vie chère : de la nourriture là-bas coûte 40 % plus cher qu’en métropolitaine.

Il y a d’abord l’odeur de brûlé, qui persiste une semaine après l’incendie. Puis, s’engouffrant dans l’obscurité, à travers un enchevêtrement de métal fou, des rayons calcinés, un toit éventré, un magma grisâtre qui semble avoir absorbé ce qui a échappé au pillage.

Ces dernières semaines, les supermarchés et hypermarchés ont été parmi les cibles privilégiées d’une mobilisation marquée par de fulgurantes flambées de violence.

La grande distribution tourne le dos. Il est plutôt actif en coulisses, à l’image de l’accord trouvé mercredi avec l’Etat au prix de concessions qui le poussera à réduire ses marges pour appliquer une réduction de 20% au fonds, en moyenne.

Sébastien Daire a décidé de briser la loi du silence, pour ne plus être perçu comme le « diable » local. Le patron de huit Carrefour Market de l’île a vu deux d’entre eux partir en fumée la semaine dernière, dont celui de Rivière-Salée, dans la nuit du 10 au 11 octobre. Résultat : 15 millions d’euros de dégâts, « sans pertes d’exploitation » , un bâtiment « prêt à être rasé » et une cinquantaine de salariés au chômage pour ce seul magasin.

– Réduire les marges –

« Le coût de la vie est un vrai problème, personne ne le nie. Maintenant, il faut s’attaquer aux vraies causes et ne pas trouver de bouc émissaire», s’étrangle le gérant, pataugeant dans un rayon d’alcool fort.

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Les caisses incendiées d’un magasin Carrefour Market récemment incendié près de Fort-de-France, Martinique, le 17 octobre 2024 (AFP / Philippe LOPEZ)

“Nous sommes au bout de la chaîne, le dernier endroit où la personne sort sa carte bancaire, son portefeuille”, analyse jeudi auprès de l’AFP Sébastien Daire, pour qui le surcoût de la nourriture en Martinique s’explique principalement par le transport de marchandises. .

C’est ce qu’il a plaidé mercredi, comme le reste de la grande distribution, lors du dernier cycle de négociations qui ont abouti à un accord, signé entre l’Etat, la Collectivité territoriale de Martinique et les acteurs locaux. , distributeurs et grossistes notamment.

C’est “l’accumulation” des “efforts collectifs” contenus dans cet accord qui doit entrer en vigueur en janvier 2025 qui permettra de baisser les prix sur 54 familles de produits les plus courants (pâtes, beurre, lait…), » a félicité le préfet de Martinique.

La grande distribution, en particulier, a pris une série d’engagements, à commencer par « répercuter intégralement les économies de coûts générées » par l’accord.

Aux termes du document, les marques devront également « réduire leurs marges (…) en gelant les taux de marge ».

– « Asphyxié » –

“Il y a un effort historique qui a été demandé aux distributeurs” alors que “nous sommes l’opérateur avec le moins de marge de manœuvre sur toute la chaîne d’approvisionnement”, s’inquiète Sébastien Daire, franchisé dont l’activité est “en danger”.

« Nous allons être asphyxiés. Un distributeur, quand ça va bien, il a 1% de résultats par rapport à son chiffre d’affaires”, explique celui qui se dit “condamné à perdre de l’argent” à cause du coût “structurel” du transport vers l’île, où un ” Le prix de la bouteille a triplé dès son arrivée sur le sol martiniquais, avant même que nous ayons réalisé une marge ».

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A l’intérieur du magasin Carrefour Market récemment incendié près de Fort-de-France, Martinique, le 17 octobre 2024 (AFP / Philippe LOPEZ)

Autant d’arguments qui n’ont pas ému le président de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy, qui a ouvert la dernière partie des négociations par une diatribe contre le « profit alimentaire » des acteurs locaux, agaçant visiblement les distributeurs, dont aucun n’a le L’exception de M. Daire a répondu aux sollicitations de l’AFP.

Le collectif à l’origine du mouvement de contestation, le RPPRAC, doute quant à lui de la sincérité du secteur dans sa promesse de répercuter les prix.

« Comment pouvons-nous garantir que cela va vraiment baisser ? Il n’y a aucune garantie», a souligné Gwladys Roger, l’une des leaders du mouvement, qui n’a pas signé l’accord en partie pour cette raison.

Selon le texte, des audits semestriels sont prévus par l’Etat pour contrôler “les prix et (les) marges”.

Il faudra plusieurs semestres avant la réouverture des magasins de Sébastien Daire. Dans celui désolé de Rivière-Salée, une seule chose est restée intacte, comme surprise de ne pas être même recouverte de poussière : le terminal de paiement, à la caisse.

 
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