des voix s’élèvent contre la course au gigantisme

Grosse voiture. La 90e édition du Mondial de l’Automobile de Paris ouvre ses portes au public ce mardi à Paris, l’occasion pour les constructeurs de célébrer leurs nouveaux modèles, souvent de grande taille et vendus à grand renfort de publicité. Mais d’autres voix se font timidement entendre, en faveur de voitures électriques plus petites, plus légères et fabriquées en . Reportage.

Il pèse plus de trois tonnes, mesure six mètres de long et passe de zéro à 100 kilomètres/heure en 2,7 secondes. Le Cybertruck – électrique – de Tesla, présenté comme « durable » sur le site du constructeur, ne laisse personne indifférent dans les allées du Mondial de l’Automobile de Paris, au parc des expositions de la porte de Versailles à Paris (15e), qui ouvre ses portes au public ce Mardi matin.

Le Cybertruck de Tesla ne laisse personne indifférent dans les allées du salon. © Antoine Poncet / Vert

Ce pick-up XXL de la firme d’Elon Musk est (presque) impeccable, garé à deux pas du « U8 » de la marque Yangwang, autre mastodonte électrique mesurant 5,3 mètres de long, 3,4 tonnes et 1 200 chevaux. Le moteur thermique ne semble plus avoir d’odeur de sainteté à la grand-messe de l’automobile. Pourtant, la question écologique n’est pas, ou peu, évoquée dans les stands.

Twingo, R4, R5… le retour des petites voitures chez Renault ?

Slogan de cette édition 2024 : « Time to Celebrate ». Mais que fête-t-on exactement ? Peut-être le chiffre d’affaires et les bénéfices des principaux groupes automobiles mondiaux, qui ont atteint de “nouveaux niveaux records” en 2023, rappelle une analyse du cabinet d’audit financier EY. Un succès porté notamment par la montée en puissance des SUV, ces « véhicules utilitaires sportifs » qui pullulent en France comme ailleurs. Entre 2008 et 2023, la part des ventes de ces voitures plus lourdes et plus polluantes a décuplé en France, passant de 5 % à 49 % des ventes de véhicules neufs, selon un récent rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF) en partenariat avec l’UFC. Que Choisir.

«Nous travaillons à alléger nos modèleshowever, assures Jérôme Micheron, product director at Peugeot. Mais les clients veulent des SUV, nous répondons à une demande», semble-t-il déplorer, adossé à un E‑3008, l’un des plus gros modèles du groupe, équipé d’un moteur électrique. Rappelons que, livre pour livre, les voitures électriques émettent bien moins de gaz à effet de serre que leur équivalent thermique (notre article). Mais un SUV électrique »a une empreinte carbone deux fois plus élevée qu’un petit véhicule électrique», précise le chercheur spécialisé dans la transition énergétique des transports Aurélien Bigo, dans un article pour le média Bon pote.

Un peu plus loin, dans une ambiance électro-chic, Renault présente en grande pompe ses nouveaux modèles, tous électriques à nouveau. Twingo, R4, R5, ces petites voitures du siècle dernier ont été remises au goût du jour. A priori bonne nouvelle, les voitures électriques légères émettent moins de CO2 (au moment de leur fabrication), et nécessitent moins de matériaux que les plus grosses.

A y regarder de plus près, la nouvelle Renault 4 ressemble plus à un SUV qu’à une citadine. © Antoine Poncet / Vert

Mais à y regarder de plus près, la Renault 4 E‑Tech, présentée comme une citadine, est bien plus haute et plus large que son ancêtre, la célèbre 4L. Et plus lourd : plus de 1 400 kilogrammes contre moins de 600 kg pour la voiture mythique du siècle dernier. “Il existe une demande des clients pour les SUV», argumente également Laure Grégoire, chef de produit de la marque au losange.

«Nous croyons à la micro-voiture»

Cet attrait des consommateurs pour les véhicules massifs n’est pas le fruit du hasard, estime l’association Résistance aux agressions publicitaires, dans un rapport publié ce mardi. « Le secteur automobile dépense environ 2,5 milliards par an en publicité dans les médias. Une pression sur l’imaginaire qui perpétue les stéréotypes et les excès automobiles incompatibles avec la transition écologique »dénonce l’association. BMW l’illustre en plein milieu du salon. L’un de ses SUV est présenté devant une photo captivante d’un vaste espace montagneux, alliant idéal de liberté et grande voiture.

Le stand BMW au Mondial de l’Automobile de Paris. © Antoine Poncet / Vert

DONC « faut-il encore écouter les constructeurs ?», ont demandé le Réseau Action Climat, Transports & Environnement France et les syndicats de la métallurgie CFDT et CGT, le 9 octobre lors d’une conférence de presse commune. « Les personnes éloignées des transports publics veulent des voitures plus petites et surtout moins chères. Ils sont coincés dans le « système automobile »analyse Thomas Uthayakumar, directeur du plaidoyer de la Fondation pour la Nature et l’Homme. Les automobilistes sont également piégés « la stratégie des constructeurs pour rendre les voitures premium plus chères, plus massives et plus rentables »tance Jérôme Frignet, directeur des programmes à Greenpeace France. D’une seule voix, ils appellent les industriels à produire, en France, « des petites voitures électriques à des prix abordables ». Une des seules manières, selon eux, de lutter contre la précarité liée aux mobilités, aux délocalisations et au réchauffement climatique.

Tout au fond du pavillon 5, un bâtisseur partage en partie cette vision. “Nous croyons à la micro-voiture. Une voiture de 500 kilos, avec deux sièges et un coffre, adaptée aux usages réels des gens et qui cohabite mieux avec les autres usagers de la route» fait l’éloge de Rémy Dumont, directeur pour la France de la marque suisse de mini-cars Microlino. Et, dans une vision idéale, nous voulons moins de voitures individuelles dans les rues« . Mais à plus de 17 000 euros la micro-voiture, on imagine mal une adoption massive de ce type de véhicule à court terme. En attendant, la fête continue.

 
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