Vente du Doliprane : pas de problème… a priori

Vente du Doliprane : pas de problème… a priori
Vente du Doliprane : pas de problème… a priori

Disons-le : cette vente, normalement, ne devrait pas poser de problème. Une entreprise privée vendant à une autre entreprise privée, même américaine, est une vie commerciale ordinaire. On ne voit pas en quoi le Doliprane et les boîtes jaunes vendues 2 euros pièce seraient un enjeu de souveraineté nationale. Nous ne parlons pas de sous-marins nucléaires ou de supercalculateurs informatiques. Qui peut croire que les 453 millions de boîtes sorties des usines de Lisieux et Compiègne sont des médicaments à forte valeur ajoutée ? Personne.

On peut ajouter, pour s’étonner de l’hystérie de la classe politique, que même avec un actionnaire américain, la disponibilité du Doliprane ne changera pas. Parce que les Français sont les seuls au monde à l’aimer et externaliser la production tuerait le produit. Rappelons d’ailleurs que la branche santé que Sanofi met en vente (Opella) propose de nombreux autres médicaments : comme le Lysopain, le Dulcolax et le Magné B6. Seulement 8 % des ventes de l’entreprise sont réalisées ici.

Sentiment de déclassement industriel

Mais il y a le texte… et le contexte. Le contexte est que les Français sont vaccinés. Ils ont l’impression que cette opération, aussi banale soit-elle, dit toujours la même chose. Que le patrimoine industriel tricolore prenne son envol : Péchiney, Arcelor, Alcatel, la branche énergie d’Alstom, Essilor, Technip (etc.). Dans la production de médicaments, la occupe désormais une position marginale : sur les 500 autorisés en Europe ces dernières années, elle en fabrique moins de 50 sur son sol, contre 120 en Allemagne, 100 en Irlande et 75 aux Pays-Bas.

Alors oui, ce diagnostic déprimant est celui de la myopie. Quand LVMH rachète des entreprises partout, quand Stellantis rachète Opel, quand nos grandes entreprises rachètent des concurrents, personne n’en parle. Mais cet épisode Doliprane alimente le sentiment de déclassement industriel. Dans le même temps, curieusement, alors que la valeur ajoutée de l’industrie connaît un retournement historique ces dernières années, dans le bon sens, à 14,9% de la valeur ajoutée totale.

Les grands pairs de Sanofi

Dans ce contexte, les garanties peuvent légitimement être négociées. La première est que Sanofi conservera 50 % du capital d’Opella (mais pour combien de temps ?).

Un mot sur Sanofi. A priori, le géant pharmaceutique, entre son échec sur le vaccin anti-Covid et la vente du Doliprane, donne peu d’arguments à l’opinion publique pour l’apprécier. Mais il faut savoir qu’il fait actuellement un gros pari. Ses dépenses de recherche sont passées de 6 à 8 milliards par an, elle a abandonné la lutte contre le cancer pour se spécialiser dans l’immunologie contre les maladies rares, l’asthme, la sclérose en plaques, etc. Derrière Doliprane, l’avenir du sixième au classement mondial se joue aussi.

Question du jour Écoute plus tard

Conférence écouter 7 minutes

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Nouvelle « nuit agitée » en Martinique, en proie à la colère contre la cherté de la vie
NEXT “J’attaque les gens qui vont s’en remettre”