Ouf amour – Gilles Lellouche

CV : Les années 80, dans le nord de la . Jackie et Clotaire ont grandi entre les bancs du lycée et les quais du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie va tenter de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules d’un même cœur…

© Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.

Critique : Gilles Lellouche est depuis longtemps connu plus comme acteur que comme réalisateur. Après Narco (co-réalisé par Tristan Aurouet en 2004), il participe au sketch film Les infidèles (2012). On garde de bons souvenirs de son long-métrage Le grand bainprésenté hors compétition au Festival de Cannes 2018, un subtil feel good movie qui révèle un véritable talent de cinéaste et connaît un triomphe mérité en salles. La déception provoquée par ouf mon amour n’en est que plus grand. Adapté d’un roman de Neville Thompson, le scénario a été co-écrit par Lellouche, Audrey Diwan, Ahmed Hamidien et Julien Lambroschini. Comment ces talents combinés ont-ils pu concocter une histoire aussi grotesque ? Car, et on regrette de l’écrire, rien n’est à sauver dans cette histoire accumulant tous les clichés de la romance discount et du thriller avec effets.

© Trésor – Chi-Fou-Mi Productions – StudioCanal / Credit: Cédric Bertrand

Clotaire et Jackie sont deux adolescents au tempérament bien trempé mais qui ne sont pas issus du même milieu social. Le premier est un petit patron, fils d’un ouvrier brutal (Karim Lemlou) et d’une mère attentionnée (Élodie Bouchez). La seconde, issue de la classe moyenne, vit seule avec son père (Alain Chabat), un homme courageux qui tente tant bien que mal de gérer la crise d’adolescence de la jeune fille. Clotaire et Jackie vivent un amour intense mais un braquage qui tourne mal conduit le jeune homme à douze ans de prison. Lorsqu’il émerge, il a les traits de François Civil, lorsque son ex-amant, au visage d’Axèle Exarchoupoulos, commençait une nouvelle vie auprès d’un jeune cadre arrogant (Vincent Lacoste). Les retrouvailles ne seront pas de tout repos… Le côté romantique, sousHistoire du côté ouestest d’une rare indigence, sur fond de couchers de soleil, de baisers sur la plage et de soirées en éclipse, donnant l’impression de regarder une interminable publicité pour des produits laitiers. Les séquences policières, montées à la truelle, avec Benoît Poelvoorde en cheville ouvrière de l’opérette, font ressortir une violence gratuite et palpitante, avec une bande-son assourdissante et des personnages qui s’emportent, entre vociférations et sanglots.

© Trésor Films – StudioCanal / credit: Cédric Bertrand

La mise en scène, tantôt molle, tantôt criarde, est vertigineuse, avec ses ralentis grandiloquents, comme dans le pire cinéma des années 70, ou son esthétique de clip. Bref, on est consterné, et sincèrement gêné pour les comédiens, qui font ce qu’ils peuvent pour donner du sens à des dialogues relevant parfois d’une parodie qui aurait été proposée par les Inconnus. Nous restons également dubitatifs quant à la présence de ce film en compétition officielle du premier Festival des Cinémas du . La composition d’un casting séduisant pour une montée glamour des escaliers suffit-elle à l’expliquer ? Ce long métrage raté et superficiel aurait eu une meilleure place sur Netflix ou une autre plateforme de VOD. Nous restons toutefois confiants dans la capacité de rebond de Gilles Lellouche, car, répétons-le, son Grand bain avait montré qu’il était capable de créer un film dénotant à la fois une finesse d’écriture et un style élégant, à la fois populaire et exigeant.

 
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