Bruno Retailleau persiste et signe. A peine nommé, le ministre de l’Intérieur a allumé le feu au sein du camp présidentiel, s’exprimant dimanche sur la sécurité et l’Etat de droit, le jugeant “ni intangible ni sacré”. Des déclarations qu’il assume. “Il faut se rendre à l’évidence, nous le devons aux Français comme nous l’a rappelé Michel Barnier : aujourd’hui, la loi ne protège pas suffisamment les Français”, a insisté mardi le locataire de la place Beauvau dans un communiqué.
Le ministre dit encore regretter que ses propos sur l’Etat de droit, suscitant des critiques dans les rangs macronistes, aient été « instrumentalisés par de faux débats ». « Bien entendu, il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit, sans que les pouvoirs publics respectent le droit et les libertés. C’est le fondement de notre République», reconnaît-il.
Avant de poursuivre : « Quand les textes en vigueur ne garantissent plus tous les droits – à commencer par le premier d’entre eux, le droit d’être protégé –, ils doivent évoluer, dans le respect des institutions de notre République ».
“C’est ce que nous demandent les Français et ce que nous ferons sous l’autorité du Premier ministre”, conclut-il. Les déclarations de Bruno Retailleau ont suscité de vives critiques à gauche et dans le camp présidentiel, certains estimant qu’il flirte avec la ligne rouge.
Le Premier ministre “a rappelé son attachement intangible à l’Etat de droit”, a rapporté ce mardi midi la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, lors du rapport du Conseil des ministres : “Il est impensable de remettre en cause (l’Etat de droit) même d’un centimètre. “C’est le cadre (que Michel Barnier) a fixé et continuera de fixer pour l’ensemble du gouvernement”, a-t-elle ajouté. “Ce qui ne veut pas dire que le droit, l’état du droit, ce qui n’est pas la même chose, soit fixe”, a également déclaré le porte-parole du gouvernement.
«Quand on est aux commandes, il faut absolument éviter les propos qui divisent», a prévenu lundi matin l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne.
“Très inquiète” des propos de Bruno Retailleau, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait de son côté prévenu : “Quand la situation est tendue, quand il y a des crises, il ne faut surtout pas reporter” la règle. du droit est en jeu. »