Courrier Réveil du 1er octobre 2024

Courrier Réveil du 1er octobre 2024
Courrier Réveil du 1er octobre 2024

Il est 18h30 dans la capitale libanaise. La banlieue sud de Beyrouth vient d’être touchée par la plus grande frappe israélienne depuis la guerre de 2006. Les habitants de la ville tremblent encore au bruit des explosifs. Le nombre de décès est inconnu, il s’agit de “massacre”. Encore une tragédie ? Peut-être le début d’une guerre régionale. La rumeur la plus folle circule : le secrétaire général du Hezbollah a perdu la vie.

Le lendemain matin, la nouvelle semblait se confirmer. L’inimaginable s’est produit. Hassan Nasrallah est mort, a annoncé l’armée israélienne peu après 11 heures du matin. La suite, personne ne le sait. La disparition du mythe plonge le pays et la région dans l’inconnu. Mais une page se tourne ce soir.

De moins en moins de Libanais y croyaient

En prenant la direction du parti il ​​y a trente-deux ans, puis en dirigeant la seule force armée perçue comme capable de contenir l’ennemi israélien, il était devenu le visage de la « résistance ». Avec la libération du sud Liban en 2000, puis la guerre de juillet 2006, l’homme avait bâti une petite légende autour de son nom. À la fois chef militaire, leader politique et icône charismatique, il a été décrit comme un nouveau Nasser.

Près d’un an après la triple offensive du Hamas en Israël, l’image de dit teint [titre religieux chiite] est cependant mise à l’épreuve depuis des mois déjà. Les revers militaires, les échecs en matière de sécurité, le coût humain de la guerre et l’absence d’une stratégie claire donnent l’impression d’une organisation dépassée, au bord de la défaite. D’un discours à l’autre, Hassan Nasrallah tente de sauver les meubles à travers une rhétorique victorieuse qui relativise les pertes et met en avant les gains tactiques. Mais de moins en moins de Libanais y croient.

D’autant que la séquence intervient à la fin d’une décennie éprouvante. Les crises multiples, l’intervention militaire en Syrie, les scandales financiers, la double explosion du port de Beyrouth et les prises de pouvoir internes ont érodé le capital sympathie du parti de Hassan Nasrallah. Si le leader continue de donner le pouls à travers ses interventions télévisées suivies d’un bout à l’autre de la planète, il ne fait plus consensus, même au sein de la communauté chiite.

Une partie croissante des Libanais refuse le bellicisme de ceux qui menacent à intervalles réguliers de placer le pays au bord du précipice. Mais l’image qu’il s’est tissée, celle d’un stratège hors pair, avait jusqu’alors survécu aux éléments. En 2011, le leader figurait dans la liste du magazine Temps des 100 personnes les plus influentes au monde. Adorée ou abhorrée, elle fait partie des attractions incontournables de la région.

Pendant des mois, le pays et la région ont tenté d’anticiper ses actions. Jusqu’où ira-t-il ? Est-il prêt à se lancer dans un conflit qui s’annonce plus violent et plus incertain que tous les autres ? Nous ne le saurons pas. Pour le dit, la nouvelle guerre d’Octobre sera celle de trop, celle qui déconstruira le mythe créé par toutes les autres.

Éveil politique et ferveur religieuse

Au début, c’était la guerre civile libanaise. L’enfance et l’adolescence de dit teint sont rythmés par ce conflit, qu’une partie de la communauté chiite estime ne pas la concerner. Le jeune Hassan n’avait pas encore 15 ans lorsque les hostilités éclatèrent. Les Nasrallah vivent à Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth touché par des incidents sécuritaires avant même le début officiel des affrontements. La famille a dû fuir une première fois en 1974, puis de nouveau en 1975, lorsque des milices chrétiennes ont expulsé les habitants musulmans de la région de Sin El-Fil, où la famille avait trouvé refuge un an plus tôt. Cette fois, elle s’installe dans le Sud, dans le petit village d’Al-Bazouryieh, près de Tyr, d’où est originaire son père, Abdel Karim.

Les premières années de la guerre furent surtout celles de l’éveil politique. Adolescent, Hassan Nasrallah s’est rangé aux côtés des religieux chiites proches des révolutionnaires iraniens, opposés aux forces laïques de gauche, libanaises et palestiniennes. A Al-Bazouryieh, ce dernier “étaient très forts […]il n’y avait pas de fervents croyants […]mon principal intérêt tournait donc autour de la formation d’un tel groupe de jeunes religieux », il dira [au quotidien libanais] Nida Al-Watan en 1993.

L’entourage du jeune homme n’est pas orienté vers les affaires publiques, ni particulièrement dévot. De l’autre, elle est imprégnée d’une culture chiite bercée par un sentiment d’exclusion et d’injustice. Moussa Sadr se fait alors le porte-parole d’une communauté historiquement marginalisée. Hassan Nasrallah confiait des années plus tard avoir médité de longues heures devant le portrait de l’imam trônant à l’entrée du magasin de son père. “Je rêvais de devenir comme lui”, dira-t-il dans une interview publiée par l’hebdomadaire iranien Ya Lesarat Al-Hoseyn le 2 août 2006.

Hassan Nasrallah rejoint les rangs d’Amal en 1975. Fondé quelque temps plus tôt par Moussa Sadr dans le sillage du Mouvement des Déshérités, le parti se définit comme un groupe libanais porteur de cette conscience chiite naissante mais aussi religieuse. Un élément crucial pour le jeune homme, qui a fait preuve très tôt d’une ferveur religieuse, parcourant des kilomètres à pied pour prier dans une mosquée ou dénicher des livres d’occasion.

Une ascension fulgurante

L’invasion israélienne de 1982 a marqué un tournant dans la vie de la communauté et de l’homme. Alors que Nabih Berry, leader du parti depuis 1980, a choisi de participer au comité de salut national aux côtés de Bachir Gemayel, une branche de l’appareil partisan dirigée par Hussein Al-Moussaoui a fait sécession pour fonder, avec le soutien de la République islamique d’Iran, ce deviendra le Hezbollah deux ans plus tard. Dès juillet, Hassan Nasrallah intègre « la première cohorte de jeunes chiites formés au camp

 
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