Votre principale ligne de défense serait donc de dénoncer un procès politique ?
Non, nous ne sommes pas dans une dictature où les juges sont soumis au pouvoir politique. En revanche, c’est un procès initié par des adversaires politiques – l’ancien président socialiste du Parlement européen proche de Madame Taubira – pour des raisons politiques. Il y aura donc partout question de politique lors de ce procès visant un parti dont la croissance électorale menaçait à juste titre le fédéralisme.
Vous semblez oublier que François Bayrou et le MoDem ont également dû répondre de ce type de faits…
Dans cette histoire, le MoDem a pris une balle perdue grâce à Sophie Montel. Cette ancienne députée FN s’est fâchée dans son coin, sans demander l’avis de personne avant de balancer l’information au procureur qui, face à la polémique, a été obligé d’engager des poursuites. Mais la réalité est que tous les partis politiques ont fonctionné ainsi depuis la création du Parlement européen, sans jamais penser que cela poserait le moindre problème.
Ne craigniez-vous pas que ce procès ternisse l’image d’un parti qui se revendique plus vertueux que les autres ?
Puisque nous nions avoir commis un crime, notre vertu n’est pas en cause. En revanche, nous pensons que nos députés et leurs adjoints ne sont pas des employés du Parlement, mais avant tout ceux des électeurs. Nous dire comment travailler en politique nous semble extravagant.
Alexandre Varaut, député européen RN et avocat.
AV
« Nous dire comment travailler pour faire de la politique nous paraît extravagant »
Cela signifie-t-il que vous êtes libre des règles ?
À mon avis, ce n’est absolument pas une règle, ni peut-être une règle interne que personne n’a comprise, notamment dans les rangs des partis minoritaires. Quand la majorité fait seule la loi, il est logique que les autres se consacrent davantage à faire de la politique, y compris pour leur parti. Disons que contrairement au MoDem, nous ne contestons pas vraiment ces faits qui n’ont donné lieu à aucun enrichissement personnel.
Pas de soupçon d’enrichissement personnel, mais celui d’avoir rempli les caisses d’un parti alors au bord de la faillite…
Ne cherchez pas un mobile pour un crime qui n’existe pas. On tirait le diable par la queue, mais comme tous les partis à cette époque où le PS, par exemple, devait vendre Solférino. S’il est vrai que nous avons choisi de recruter nos assistants parlementaires parmi les militants et salariés du FN, c’est uniquement pour qu’ils pensent comme les députés. Cela a certes réduit la masse salariale du parti, mais seulement pour trois mois, puisque nous avons rapidement réembauché du personnel.
Malgré tout, la justice vous accuse d’un système bien plus pyramidal que celui du MoDem, avec un mode de financement organisé depuis le plus haut sommet du parti, c’est-à-dire Marine Le Pen en personne…
Vous faites comme si Bayrou était innocent et Marine Le Pen déjà coupable avant même d’être jugée. Comme les autres, elle demandera à être libérée, contestant l’idée absurde selon laquelle elle aurait dit à nos députés européens qu’ils devraient partager leurs assistants avec le parti. Encore une fois, la seule chose qu’elle avoue, c’est d’avoir demandé à recruter d’abord dans le vivier FN, et de s’être octroyé un droit de veto pour éviter d’embaucher un traître ou un imbécile.
