Les expositions de gravures sont plutôt rares. Avec la diversité des techniques, ses codes et son travail patient. Tout cela et bien plus encore est proposé par Atelier 24, une exposition collective à la galerie d’art contemporain Imaaya à Phoenix. Le collectif, réuni autour de Neermala Luckeenarain, expose jusqu’au 6 décembre le fruit d’un atelier de gravure.
Quelle fierté pour Neermala Luckeenarain. Être parmi les pionniers de la gravure au Département des Beaux-Arts de l’Institut Mahatma Gandhi. Après plus de 35 ans d’enseignement à temps plein, « et si l’on compte le travail à temps partiel, cela fait maintenant 42 ans »ont le même enthousiasme pour partager la passion de la gravure.
Durant 15 jours, Neermala Luckeenarain s’est entourée de huit artistes dans son home studio. Le Fonds national des arts (NAF) est la plus grande organisation artistique du pays. Sont présents un mélange de talents confirmés et de valeurs sûres : Arvin Ombika, Deepa Bauhadoor, Ismet Ganti, Mala Chummun Ramyead, Malini Callimootoo Jewon, Rishi Seeruttun, Veemanda Curpen Seeneevassen et Vishal Auckel.
Différents profils, chacun avec sa propre manière de travailler. Pas de thème imposé pour que les préoccupations de chacun puissent s’exprimer.« Le choix du matériau détermine souvent le sujet. Le rendu sur bois, par exemple, est moins soigné que la taille-douce ou la pointe sèche, où il faut vraiment se concentrer sur le dessin, car on ne peut pas revenir en arrière.explique Neermala Luckeenarain.
Face à l’entrée de la galerie, Intégrité. Cette œuvre en gravure sur bois, en cercle parfait, «nécessitait un mois de travail»explique l’artiste. Il devait creuser le bois avec divers outils. Tout autour, les abeilles volent, « un insecte qui travaille beaucoup, avec discipline. Ils devraient nous inspirer »dit Neermala Luckeenarain. Si la forme circulaire en bois est le négatif de l’œuvre, sa matrice, le positif, sont les impressions sur tissus, pour un voyage vers l’intégrité qui nous invite à « Ne cédez pas à la corruption ».
Le thème favori de Neermala Luckeenarain : la condition des femmes. Avec Fleurs du monde, elle évoque la femme comme symbole de résilience. “Ce n’est plus une poupée.” Autre élément récurrent dans son univers : le sachet de thé. « Vous ne savez pas à quel point le thé est fort jusqu’à ce que vous le mettiez dans de l’eau chaude. Nous pouvons comparer cela à la force des femmes.
Au cours de l’atelier, les artistes ont tour à tour expérimenté la xylographie (gravure sur bois), la taille-douce et la pointe sèche (gravure sur plaque de métal), la ciselure et la sérigraphie (impression au pochoir). Résultat ; une œuvre réalisée sur place, une autre retravaillée à loisir.
Pourquoi Atelier 24 ? Cet atelier a mis cinq ans à se concrétiser, “parce que j’ai terminé mon doctorat, j’ai ensuite fait un travail de recherche avec Reynolds Permal, l’aveugle de Lizie, pour qu’il puisse peindre”explique Neermala Luckeenarain. C’était en 2017-2018. Un atelier avec des aveugles suivi d’une exposition. “Comme nous sommes arrivés en 2024, l’exercice s’appelle Atelier 24.”
Neermala Luckeenarain se souvient que lors de ses études universitaires à Mumbai, « Mon professeur m’a dit pourquoi choisir la peinture ? Opter pour une spécialisation en gravure pour emmener cette technique à Maurice. C’est ce que j’ai fait. A l’époque, Moorthy Nagalingum, directeur du département des Beaux-Arts, pratiquait les procédés élémentaires..
C’est en 1982 que Neermala Luckeenarain rejoint le département. L’enseignement de cette discipline prend son essor avec l’acquisition d’une presse. Le diplôme universitaire est proposé à partir de 1995. « J’ai contribué à la mise en place du contenu des cours à Maurice et à la Réunion. J’espère que ceux qui prendront la relève contribueront au progrès de ce secteur.
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