C’est son dossier de fin d’études : « Siciel », le rêve grandeur nature qu’il espère voir un jour devenir réalité. Pavel Lomakin a imaginé la réhabilitation du sémaphore du Cap Sicié en un lieu d’histoire, de culture et d’échanges. La maquette de son projet sera exposée dans le hall d’entrée de l’école Camondo lors des journées portes ouvertes de l’établissement, les 24 et 25 janvier, de 11h à 18h.
Il avait déjà travaillé à l’aménagement du terminal ferry de Toulon. « L’architecture du XXe siècle m’intéresse beaucoup, c’est très enrichissant » explique l’artiste qui embrasse les préceptes de l’école Camondo : « Les projets qui y sont développés sont des exemples d’intégration profonde et d’engagement dans la vie de la ville et de la région. »
Un observatoire rappelant une fusée
Siciel en est une parfaite illustration. Pour vous immerger dans le projet, « nous avons fait plusieurs randonnées avec l’école pour avoir une idée du projet »souligne Pavel Lomakin. Entre ses mains, les ruines du sémaphore deviennent un observatoire « qui rappelle une fusée prête à décoller ». Certains y verront une référence à la cathédrale orthodoxe conçue par l’architecte Jean-Michel Wilmotte à Paris, car grâce à la coupole dorée, il voit le soleil frapper les bâtiments.
Le bâtiment inférieur se transforme en pont de bateau, pour flâner, manger, et surtout mesurer l’étendue du ciel et de la mer avec une vue panoramique. Un écran de cinéma en plein air rappelant les voiles d’un bateau. Nous observerons le ciel nocturne grâce à la projection d’images d’un télescope numérique… Ou d’un film, pourquoi pas. Le champ des possibles est vaste. Dans le décor, des murs d’éoliennes – une idée du designer Joe Doucet – des coques de bateaux oranges, une cuisine réalisée à partir de matériaux recyclés, orange également.
Orange, la couleur des combinaisons spatiales ainsi que des bateaux de sauvetage… Tout un symbole.
L’architecte d’intérieur et designer est en effet originaire de Moscou, où il est né en 1990. Une ville qu’il a choisi de quitter lorsque les portes de la 4e année de l’école Camondo lui ont ouvert leurs portes en 2022. Il a fréquenté l’école normale et à l’école en même temps, l’Ecole des Beaux-Arts, “Je n’ai jamais vraiment voulu être un artiste, mais je voulais créer et concevoir des objets et des espaces.”
-Cela se réalise également dans les études marketing, « le branding (travailler sur le design d’une image de marque, NDLR), c’était quelque chose que j’adorais faire… », ajoute-t-il. Durant ses études supérieures, il commence à collaborer avec des magazines de mode et de lifestyle. Forbes, GQ et bien d’autres… Parallèlement, il conçoit des shootings photos. « J’ai rencontré beaucoup de gens, travaillé pour beaucoup de marques » ce qui lui ouvre le champ des possibles à l’étranger, où il multiplie les voyages. C’est aussi ainsi qu’il découvre la région, et Hyères en particulier.
« Des espaces de vie comme des jeux de construction »
“C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser au design d’intérieur.” Deux projets – un appartement à Paris, l’autre à Moscou – le convainquent de postuler en master à l’école Camondo Toulon. Il connaît la région, y a des relations. Il entre donc en 4ème année, vient de terminer la 5ème année et recevra son diplôme le 4 février au Musée des Arts Décoratifs de Paris.
Lui, fortement inspiré par les idées du constructivisme, envisage « les espaces de vie comme des jeux de construction » tout en respectant l’environnement, à l’image de son projet « Eco_temporain », une structure modulaire, éco-durable et responsable. .
Sa vision est d’ailleurs calquée sur l’idée de réutiliser n’importe quel support, structure, de travailler avec des matériaux recyclés. « Siciel » comme « Eco _Temporain », seront à découvrir dans le hall d’entrée de l’école Camondo.
Un peu d’histoire…
C’est au XIXème siècle qu’un sémaphore fut implanté surplombant le cap Sicié, à 330 mètres d’altitude. Pour l’équiper : un puissant télescope chargé de signaler tout passage de navires, les accidents de navigation ou encore l’approche de bateaux ennemis en cas de guerre. Ce poste de guet fut finalement détruit par les bombardements de 1944. Il n’en reste aujourd’hui que des ruines facilement accessibles aux promeneurs, qui peuvent encore profiter d’un incroyable panorama à 360°.