A 28 ans, la plupart des architectes débutent leur carrière « en agence ». Meriem Chabani concevait un centre culturel pour les Birmans. C’était en 2017. Le projet a été défini à travers une série d’ateliers de co-construction et le bâtiment, bel édifice fait de briques, de bois et de bambou, fendu en diagonale par un grand escalier extérieur, a été livré en 2022. Un an plus tôt , le chantier était à l’arrêt et l’un de ses sponsors était en prison pour avoir protesté contre le coup d’État militaire. Il n’y avait aucune garantie que les travaux seraient un jour terminés. La jeune architecte s’est consolé avec une photo qui montrait la structure nue, colonisée par des manifestants pro-démocratie. Les marches étaient devenues un espace public. C’était leur vocation première, celle réclamée par les habitants du village.
Petite taille, grand style, humour dévastateur, cette franco-algérienne de 35 ans nous accueille dans un petit bureau ouvert sur les toits de Paris qu’elle partage avec la rédaction du Funambuleun magazine d’architecture à tendance décoloniale. Elle est enceinte de son premier enfant. Ses deux grands-mères, dont elle évoque le souvenir dans l’installation qu’elle a réalisée pour la récente Biennale de Venise, étaient analphabètes.
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