Quand le féminisme se manifeste en musique

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Culture féministe

Quand le féminisme se manifeste en musique

A l’occasion du 14 juin 2023, retour sur les chansons qui résonnent au cœur de la grève féministe et contribuent à l’émancipation des femmes.

Publié aujourd’hui à 10h00

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Cet article du 9 juin 2023 a été importé de Femina.ch et republié sur notre site le 7 janvier 2025.

« Viser la Lune ne me fait pas peur, même avec l’usure j’y crois toujours avec mon cœur. Des sacrifices, s’il le faut je les ferai, je les ai déjà faits mais toujours le poing levé”, scandait Amel Bent sur son premier album. 19 ans après sa sortie, le hit R’n’B Ma philosophie résonnait dans les manifestations féministes. Avec son message d’émancipation, il est devenu un hymne à part entière. Celui-ci, et bien d’autres : Djadja d’Aya Nakamura, Je veux être des Spice Girls, Ce n’est pas ta maman par Jennifer Lopez ou Jus par Lizzo, pour n’en nommer que quelques-uns. Parce que la musique accompagne depuis longtemps les luttes pour les droits des femmes.

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Une brève histoire de l’hymne féministe

Dans son travail Tout pour la musique (Ed. Hugo Image) paru en octobre 2022, la journaliste et autrice Chloé Thibaud retrace l’histoire du féminisme en chanson : « Il a fallu des siècles pour que le champ musical s’ouvre aux femmes, explique-t-elle, et dans certains pays, chanter et jouer un instrument n’est pas encore un droit acquis pour tous. Le tout premier hymne féministe en français date de 1848 et a été écrit par Louise de Chaumont sur le même principe que La Déclaration des Droits des Femmes et des Citoyens par Olympe de Gouges. Louise de Chaumont a modifié les paroles de l’hymne national français pour le rendre La Marseillaise des cotillonsqui exige le respect des maris envers leurs femmes. Quelle audace au XIXème siècle ! C’est une chanson qui a traversé le temps puisqu’on l’entend encore lors des manifestations du mouvement Nous Tous en

Chloé Thibaud souligne que l’histoire a ensuite rendu invisibles les femmes qui défendaient leurs droits entre la fin du XIXe siècle et jusqu’à la deuxième vague du féminisme dans les années 1960 et 1970. Des décennies qui voient notamment la popularisation de la prolifique chanteuse engagée Anne Sylvestre, la naissance duHymne des femmes du MLF, rédigé collectivement dans une volonté politique, au titre emblématique Je ne te possède pas interprété par l’adolescente Lesley Gore, ou encore le grand Respectadapté par Aretha Franklin du point de vue d’une femme. “Dans cet intervalle, il ne faut pas oublier l’héritage des blueswomen afro-américaines pionnières, comme Ma Rainey, Bessie Smith ou Billie Holiday, qui, sans tenir un discours féministe revendiqué, ont créé les premières brèches dans le discours patriarcal”, rappelle l’auteure. .

Le rôle de la culture pop

En Suisse, depuis la renaissance de la grève du 14 juin 2019, l’hymne Le 14 juin nous y sommes est écrit par le collectif neuchâtelois sur la base d’un titre italien pour rendre visibles les revendications du manifeste. Une chanson répétée chaque année depuis. Pour Chloé Thibaud, ce sont cependant des pièces issues de la pop culture qui ont plutôt envahi l’actualité féministe, les pancartes et les t-shirts. « Les slogans sont détournés, comme Les filles veulent juste avoir des droits fondamentaux en référence à la chanson de Cyndi Lauper», illustre l’auteur.

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María Chacon, membre de Grève féministe fribourgeoise et qui collabore à l’enrichissement de la playlist officielle du collectif du 14 juin, confirme que de nombreux titres populaires y sont référencés : « comme Mauvaises filles de MIA, La colère par Keny Arkana ou encore Fleurs par Miley Cyrus. Mais comme je suis espagnole, je suis particulièrement touchée lorsque j’entends une chanson féministe dans cette langue, comme chanson sans peur de Vivir Quintana », a énuméré le militant.

Pour elle, la musique est au cœur de la grève féministe. « Elle véhicule des messages puissants et émancipateurs qui font écho à nos revendications, et permet également de mettre des mots sur des réalités difficiles, comme le fémicide et le viol. Et au-delà du sens des textes et de notre colère contre le système patriarcal, la musique permet à la manifestation de s’inscrire dans un moment de joie et de solidarité.

Mais quand le féminisme est-il apparu dans la musique ? Pour Chloé Thibaud, Beyoncé a marqué un tournant en 2011. « Pourtant on a parcouru un long chemin car les chansons des Destiny’s Child ne sont pas du tout féministes, malgré les apparences, et font la part belle aux honte de salopecomme les textes de Diam’s par exemple”, souligne l’auteur, après nous avoir expliqué avoir passé le test de Bechdel (au cinéma, un test pour montrer la sous-représentation des protagonistes féminines selon trois critères : il doit y avoir au moins deux femmes). nommés, qui parlent ensemble et d’autre chose qu’un homme) dans le top 30 des Destiny’s Child et seulement Survivant en est sorti vainqueur (« un titre qui ne parle même pas d’empowerment suite à une rupture, mais de séparation du groupe »).

« À mon avis, la chanson Dirigez le monde (filles) est déterminante : le clip met en scène une armée de femmes dominantes et la revendication est radicale pour une artiste aussi populaire que Beyoncé, analyse Chloé Thibaud. Puis elle a continué sur cette voie, et ce bien avant MeToo.

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La spécialiste se dit fatiguée d’entendre que les messages féministes sont aujourd’hui à la mode dans la musique mainstream. « Il y a certainement quelques titres qui sortent du lot comme À Grenade de Clara Luciani ou encore Équilibrez votre quoi par Angèle, qui, je pense, a aussi été un déclencheur de prise de conscience politique, notamment chez les plus jeunes, puisque le titre reprend le hashtag #Balancetonporc et rend le message accessible, poursuit Chloé Thibaud. Pourtant, les artistes engagés prennent plus de risques que les autres, car ils sont exposés au harcèlement sur internet. Cela reste une démarche courageuse en 2023. Et même si certains surfent sur la vague, tant mieux car cela rend visible les luttes.»

Enfin, même si la musique a permis de faire avancer les mouvements féministes, l’auteur prévient : le sexisme est encore très présent dans cette industrie : « La prochaine bataille n’est plus dans les textes, mais dans la réalité au cœur des festivals, sur scène, dans les institutions et les studios.

Il y a encore du travail à faire

Ce n’est pas Helvetiarockt qui va le contredire. L’association se bat pour rendre visibles les femmes, les personnes intersexuées, non binaires, trans et agenres dans l’industrie musicale à travers divers programmes, ateliers et campagnes de sensibilisation. En Suisse aussi, la question de la parité dans la programmation des salles de concert et des festivals se pose et fait polémique, notamment à l’été 2022, lorsque la chanteuse Sophie Hunger a critiqué la programmation exclusivement masculine du spectacle en plein air Moon & Stars au Tessin.

«Les inégalités sont devenues plus visibles ces dernières années», déclare Elodie Romain, alias Billie Bird, responsable de l’Helvetiarockt pour la Suisse romande. Mais selon les statistiques de l’Université de Bâle, la part des femmes était de 11% en 2021 sur scène dans la pop, le rock et le jazz, de 2% dans la production musicale et de 12% dans l’enseignement. Une étude de Pro Helvetia de 2022 montre à peu près la même chose. Donc malgré tout, les chiffres n’augmentent pas ou très lentement et ces artistes restent dans une situation précaire », dénonce-t-elle.

Le problème ? Pour Helvetiarockt, c’est multifactoriel. « Moins ces personnes évoluent dans les contextes décisionnels, moins des mesures seront prises à leur avantage. Et le manque de modèles n’incite pas non plus à se lancer », insiste Elodie Romain. Le 14 juin est l’occasion de remettre ces inégalités sur la table.

Sandor et Silance chantent l’antisexisme en vidéo

Lors d’une interview en février, la chanteuse Sandor confiait son envie de créer un hymne féministe avec son titre Les limites de votre intelligence. Elle nous a donné une idée : mettre en avant des « hymnes féministes » francophones – c’est-à-dire des titres engagés –, écrits et interprétés par des femmes, pour célébrer la journée nationale de mobilisation féministe en musique. Silance rejoint l’aventure avec sa chanson Nouveau genre.

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Laurène Ischi est journaliste au sein de l’équipe numérique de Tamedia. Après une licence en lettres à Lausanne, elle obtient son master à l’Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel en 2021. Elle est passionnée par les questions de société et travaille pour « Femina » pendant 4 ans.Plus d’informations

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