« The Soul Trembles », une plongée monumentale dans l’âme de l’artiste japonaise Chiharu Shiota

« The Soul Trembles », une plongée monumentale dans l’âme de l’artiste japonaise Chiharu Shiota
« The Soul Trembles », une plongée monumentale dans l’âme de l’artiste japonaise Chiharu Shiota

Chiharu Shiota a commencé à étudier la peinture au début des années 1990 dans une école d’art de Kyoto, au Japon. En deuxième année, elle en a eu assez : « La peinture n’était qu’une couleur sur une toile. Cela n’avait pas d’autre sens. Je n’arrivais pas à faire un lien entre ma vie et la peinture ; elle ne représentait rien pour moi. »*

Après un rêve, une nuit de 1994, la jeune artiste de 22 ans décide de se mettre au centre de l’œuvre et initie une performance, Devenir peinture. Son corps devient une toile pour recevoir des litres de laque, de peinture rouge et toxique. « Pendant le spectacle, ma peau a commencé à brûler. Ensuite, j’ai dû me couper les cheveux et attendre trois mois que la couleur disparaisse complètement. Néanmoins, Devenir peinture fut un véritable acte de libération. C’était mon premier travail physique, un travail auquel tout mon corps participait.

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Un acte de libération, un acte fondateur aussi. Elle multiplie les performances, son corps au centre de l’œuvre, recouvert de boue, taché de peinture ou caché par des fils, réalise quelques installations et affine son art au contact de Marina Abramović. Puis le corps se fait de plus en plus rare et disparaît totalement au profit, entre autres, des objets du quotidien. Chaussures, robes, valises, elles gardent pour Chiharu Shiota la trace et l’histoire de celles qui les portaient.

Fil de signature

Après la chute du Mur, elle récupère les fenêtres des immeubles de Berlin-Est pour représenter le regard de ceux qui, isolés de leurs proches, n’ont plus rien pour maintenir un lien : “Quand je vois les vieilles fenêtres remplacées et abandonnées sur les chantiers de Berlin, je me souviens de la façon dont l’Est et l’Ouest ont été séparés pendant vingt-huit ans, et je pense à la vie de ces gens de même nationalité, parlant la même langue, de la façon dont ils voyaient leur vie à Berlin et des pensées qui leur traversaient l’esprit.

En silencetout en fils noirs, résonne avec l’incendie qui a détruit la maison de ses voisins lorsqu’elle avait 9 ans. | GrandPalaisRmn 2024 / Didier Plowy – Adagp, Paris, 2024 et l’artiste

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A partir de ces dizaines de fenêtres, il crée Intérieur/Extérieurune des nombreuses créations réunies pour l’exposition monographique « L’âme tremble », organisée par le Grand Palais à Paris. Sur près de 1 200 mètres carrés, une sélection d’œuvres retrace son évolution, depuis son premier dessin d’enfance, depuis l’une de ses très rares peintures (sa dernière huile), jusqu’aux installations monumentales qui ont fait de sa réputation, avec leurs fils rouges ou noirs, son signature. Le visiteur est instantanément plongé dans l’univers intime de Shiota, qui voit et met de l’âme dans tout.

Les sentiments, les émotions et les souvenirs sont à la base de ses créations. En silencetout en fils noirs, résonne avec l’incendie qui a détruit la maison de ses voisins lorsqu’elle avait 9 ans ; Cellules et Renaissance et décès poser en catharsis face à la menace de ce cancer des ovaires qui la frappe à deux reprises ; l’impressionnant Accumulation / Recherche pour destination questionne ce grand voyage qu’est l’existence.

Malgré une circulation parfois difficile, liée à la fois au succès de l’exposition et à des choix scénographiques discutables, « L’âme tremble » parvient, grâce à la place laissée aux œuvres monumentales, à nous plonger en même temps dans l’univers. personnel et universel du plasticien japonais. Et on repart avec une certitude, la promesse de l’exposition : « Qu’elles intimident, surprennent ou apaisent, les installations de Chiharu Shiota ne manquent jamais de fasciner. »

Chiharu Shiota, « L’âme tremble », au Grand Palais jusqu’au 19 mars 2025.

*Les citations de Chiharu Shiota sont tirées de l’exposition et du catalogue publiés par GrandPalaisRmnEditions.

 
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