Par
Bernadette Ramel
Publié le
15 décembre 2024 à 7h30
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Nous ne tenterons pas ici de résumer le riche parcours universitaire de ce Franco-Syrien, à la fois professeur d’arabe, politologue et islamologue.
Car ce qui fait la particularité de Bassam Tahhan aujourd’hui à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) est tout autre.
Depuis une dizaine d’années, il pratique un art insolite sur les plages des Malouines : le « cairn »… ou l’art d’empiler des pierres ! Il maintient des pierres de toutes tailles les unes sur les autres, sans aucun artifice.
“Il y a un axe de gravité dans chaque pile”
Depuis son premier « cairn » réalisé chez Solidor, il a acquis une certaine habileté « à défier les lois de la gravité ». Cependant, ce n’est pas la hauteur qui compte, selon lui, mais « l’effet que l’on produit une fois l’ouvrage terminé ». Il utilise donc des éléments déjà sculptés par la nature… pour créer des sculptures éphémères.
Une pierre peut devenir une tête dans une statue, un pied dans une autre […] Le résultat est plus suggestif que figuratif ou réaliste.
Il bluffe, en tout cas : parfois, les pierres semblent ne tenir qu’à un fil ! Sa maîtrise lui permet d’alterner horizontal, vertical, oblique… « Il y a un axe de gravité dans chaque empilement », explique ce passionné de Land art, qui aimerait enseigner la « cairnologie ».
Une pratique critiquée
Ce n’est sans doute pas pour demain car cette pratique, popularisée via Instagram, n’a pas que des fans. Lorsque les cairns se multiplient dans des espaces naturels fragiles, ils nuisent à l’environnement ou favorisent l’érosion.
Bassam Tahham estime au contraire qu’il « redonne à la nature ce qu’elle donne » : « J’utilise des pierres déjà ballottées par les marées. Je ne prends pas les pierres avec moi. Et je démonte mes cairns, de peur qu’ils ne tombent sur quelqu’un. »
Des sculptures « éternisées » par la photographie ou le dessin
Parfois, Bassam Tahhan utilise du bois flotté, des déchets trouvés sur l’estran (comme ce casier de pêche qu’il a posé sur un ancien brise-lames du Sillon) ou des algues, dont les couleurs changeantes le fascinent.
Quoi qu’il en soit, les sculptures de Bassam Tahhan sont, par essence, vouées à disparaître. Mais ils sont « éternisés » grâce à la photographie, voire au dessin.
Et la marée montante offre des perspectives, des arrière-plans et des réflexions changeants, donc des possibilités infinies. « A chaque niveau d’eau, la statue prend un autre sens. Ce qui est beau, c’est aussi de filmer sa chute. » L’artiste laisse également le public immortaliser ses créations.
Ses terrains de jeux
Saint-Malo n’est pas son seul terrain de jeu, qui va « de l’île d’Yeu à la pierre percée en Lorraine, jusqu’à Arcachon, aux Canaries, mais aussi jusqu’aux bords de Seine à Paris ou à La Celle-Saint-Cloud.
« Je suis l’auteur d’une centaine de sculptures », évalue l’artiste. Parmi le lot, il y en a peut-être une vingtaine qui se démarquent vraiment et méritent d’être étudiées. »
Il expose des photos de certaines de ses œuvres, « qui ont eu beaucoup de succès ». « Je publie sur une centaine de sites d’art, mais je ne suis pas très connu en France », relativise-t-il.
En effet, il n’a vendu aucune photo de ses œuvres, malgré des offres valant plusieurs milliers de dollars. « Ce n’est pas mon domaine et ce n’est pas facile. Je recherche un agent qui puisse s’en occuper. »
En attendant, on peut profiter gratuitement de la poésie de ses œuvres dont il publie les images sur les réseaux sociaux. Comme celui intitulé Tendressequi représente deux corps enlacés « où chaque tête peut être celle des deux corps ».
Bassan Tahhan publie des images sur son compte Instagram : www.instagram.com/bassam.tahhan.1/
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