Le Havre. Six choses à savoir sur Teuthis et son exposition qui revisite l’architecture Perret

Par Vanessa Leroy
Publié le

14 avril 24 à 15h04
mis à jour le 14 et 24 avril à 15h10

Chapeau bleu vissé sur la tête, Teuthis, artiste né au Havre (Seine-Maritime), dont on ne connaît ni nom ni prénom mais juste son âge approximatif – « la trentaine » comme il l’indique -, donne le ton. Celui du street art.

Teuthis prépare de nouvelles œuvres et une exposition

Alors qu’il vit de son travail artistique depuis deux ans, le jeune homme est passionné par la biodiversité et est diplômé en biologie marine. Un thème qui l’inspire Des collages XXL que l’on retrouve dans les rues de la cité océanique et qui ont contribué à sa renommée. D’ailleurs, une dizaine de nouvelles œuvres devraient paraître ces jours-ci au Havre…

En attendant, il expose Reconstruction-Déconstruction, dialogue inédit entre Teuthis et Perretprésenté par Pays d’art et d’histoire jusqu’au 26 mai 2024 à la Maison du Patrimoine. Une vingtaine de dessins rendant hommage à l’œuvre de l’architecte Auguste Perret et au Havre.

A noter que les tirages de l’exposition sont en vente entre 70 et 150 euros (350 euros pour la grande église Saint-Joseph) sont en vente à la Galerie Hamon, commissaire de l’exposition.

1. Après les travaux maritimes, l’architecture Perret

C’est fin 2022 que Teuthis a regardé Auguste Perret lors de l’exposition Structure à la Galerie Hamon. « Il y a quelques éléments architecturaux qui ont vraiment suscité un grand intérêt du public et qui nous ont donné l’idée avec Fiona Hamon de contacter la Maison du Patrimoine pour le 150e anniversaire de la naissance de Perret », indique l’artiste. Et c’est ainsi qu’est née l’exposition la galerie Hamon, à la Maison du Patrimoine.

« Je suis principalement connu pour mon dessin naturaliste inspiré de la biodiversité aquatique et essentiellement dans mes techniques de dessin j’ai utilisé le rotring, le dessin à la règle… et en fait ce sont des techniques de dessin architectural. Du coup, il n’y avait qu’un pas entre le dessin naturaliste et le dessin architectural et il est finalement venu tout naturellement de briser le béton, un peu comme une dissection. J’ai trouvé intéressant de faire un autre sujet, une intermède artistique », explique Teuthis.

2. Teuthis, un Havrais qui a redécouvert sa ville

Le design préféré de Teuthis : l’îlot V40. « J’y ai passé trois semaines non-stop. Mon poignet me faisait presque mal. Pour moi, c’est Le Havre, c’est la façade typique, une accumulation de fenêtres. J’ai essayé de le rendre presque photographique. » (©VL/76actu)

Et en tant que Havrais, quoi de plus normal que de « rendre hommage à [ma] ville ». « J’ai grandi dans le quartier Perrey dans l’architecture Perret. Inconsciemment, j’adorais ma ville mais en la contemplant avec cette exposition je me suis découvert un plus grand intérêt pour l’architecture. Cela m’a appris à mieux regarder ma ville même si j’y vis depuis toujours. »

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Pendant plus de six mois, il arpente les rues du Havre pour comprendre toutes les nuances de l’œuvre d’Auguste Perret.

« Ce que j’aime, ce sont toutes les nuances subtiles. Au premier abord, Le Havre est vraiment gris, austère, brutal. Et quand on y regarde bien, le béton est vraiment sublime, il change de couleur entre le matin et le soir. Il y a une texture entre chaque île avec une granulométrie différente, des galets différents. Cette exposition montre les subtilités du béton armé qui est censé être un matériau peu noble et que Perret a utilisé comme un matériau moderne et prestigieux. »

Si L’église Saint-Joseph est appréciée du public, L’œuvre préférée de Teuthis est la conception de l’îlot V40. « J’y ai passé trois semaines non-stop. Mon poignet me faisait presque mal. Pour moi, c’est Le Havre, c’est la façade typique, une accumulation de fenêtres. J’ai essayé de le rendre presque photographique. Sur ce dessin, il n’y a pas de cassure Teuthis. Je voulais vraiment montrer les bons angles. »

3. Une vingtaine de colonnes Perret différentes

Il existe une vingtaine de colonnes différentes au Havre. (©VL/76actu)

En effet, que vous soyez Havrais ou de passage, vous ferez certainement des découvertes. A commencer par les colonnes. Saviez-vous qu’ils sont différents selon l’endroit où ils se trouvent ?

«J’ai vraiment abordé le thème des chroniques jusqu’au bout», raconte Teuthis. Il y a plus de 20 colonnes différentes : balances, style égyptien, classique…. Presque chaque île a une tête de colonne différente. Les Havrais eux-mêmes, au sortir de cette exposition, relèvent un peu plus la tête. Et même moi, j’habitais au bout de la rue de Paris et j’en ai découvert quelques-uns. »

4. Les projets de Perret différents de la réalité

L’église Saint-Joseph décortiquée par Teuthis est l’ouvrage qui plaît le plus au public. (©VL/76actu)

Pour préparer l’exposition, qui « est construite comme un dialogue entre l’architecte et l’artiste contemporain » avec des citations de Perret, Teuthis commence par mener des recherches sur l’œuvre d’Auguste Perret.

« J’ai utilisé les plans pour les proportions de base et j’ai vraiment pris beaucoup de photos », explique l’artiste, qui a rencontré quelques déboires.

« Par exemple, pour l’église Saint-Joseph, j’ai retrouvé le plan dans les archives mais ils sont un peu différents de la réalité car, sur le chantier, ils ont modifié deux ou trois choses en raison de contraintes techniques. Et au fur et à mesure qu’ils montaient, ils ont dit qu’il fallait faire ici un sol plus simple, plus renforcé. »

5. Entre Teuthis et Perret, l’histoire n’est pas finie

Admirateur notamment de Perret, Teuthis ne compte pas s’arrêter là. « Sur les monuments, j’ai encore des choses à faire, comme sur les vitraux de l’église Saint-Joseph par exemple. Peut-être voudrais-je aborder ce sujet un peu plus et aller plus loin. Le fait de montrer en implant l’intérieur et l’extérieur et de montrer cette opposition entre le côté blockhaus de l’extérieur et l’intérieur qui est une petite dentelle de lumière, un peu spirituel, je trouve ça intéressant. »

D’autant que l’exposition est un véritable succès puisque près de 2 000 visiteurs ont déjà visité la Maison du Patrimoine. « J’ai rarement eu autant de retours et je ne pensais pas que le public serait aussi réceptif à l’architecture car il m’attendait vraiment à un tournant de la biodiversité. Cela me donnera aussi envie de faire autre chose car il n’y a pas qu’Auguste Perret en architecture. »

6. Jace était son « pion » au collège Raoul-Dufy

Au Havre, les artistes du street art sont légion. A commencer par le pionnier Jace – qui vit désormais à La Réunion – et ses célèbres Gouzous. Un graffeur que Teuthis connaît bien…

« C’est vrai qu’au Havre nous avons la chance d’avoir un véritable fleuron d’artistes. Jace était mon pion quand j’étais au collège Raoul-Dufy et je me souviens qu’on le voyait beaucoup dessiner. A l’époque, évidemment, je ne dessinais pas sur les murs. Il fait partie des artistes qui m’ont donné l’opportunité de dessiner dans la rue. Même si nos styles n’ont presque rien à voir les uns avec les autres, nous nous réunissons toujours dans la démarche d’avoir le meilleur mur de la ville. »

Informations pratiques :
« Reconstruction-Déconstruction, dialogue inédit entre Teuthis et Perret » à la Maison du patrimoine du Havre, 181 rue de Paris, jusqu’au 26 mai 2024 : entrée gratuite tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h h ; visite guidée gratuite sur réservation le samedi à 15h et 16h jusqu’au 18 mai (durée : 30 minutes) ; visite et déambulation dans les rues du Havre avec l’artiste le samedi 25 mai à 15h (durée : 1h30 ; tarif : 3/5 euros ; il reste quelques places).
Renseignements et inscriptions sur le site www.lehavreseine-patrimoine.fr ou au 02.35.22.31.22.

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