Une véritable émission de télévision soigneusement chorégraphiée. Comme chaque année depuis près d’un quart de siècle, Vladimir Poutine pourra ce jeudi faire le bilan de l’année et apporter des réponses aux doléances de sa population devant un parterre de journalistes, notamment occidentaux.
Selon les agences de presse russes, les chaînes de télévision publiques ont prévu trois à quatre heures d’antenne pour ce programme qui doit débuter à 12 heures, heure de Moscou (9 heures GMT).
Cette année encore, les questions ne manquent pas. Avant la prestation de Poutine, près de 1,6 million de questions ont été posées, selon un décompte effectué mercredi, selon l’agence Ria Novosti.
Evidemment, le président russe ne va pas répondre à tout le monde mais il est attendu sur de nombreux sujets, y compris ceux qui fâchent comme la guerre en Ukraine, l’échec de la Russie en Syrie ou encore l’économie du pays qui souffre. de plus en plus.
Le porte-parole du président, Dmitri Peskov, a indiqué que Vladimir Poutine s’était préparé tout au long de mardi et mercredi à cet exercice, au cours duquel toutes sortes de sujets seront abordés, qu’il s’agisse de la géopolitique, de la répression dans le pays, des problèmes d’infrastructures locales ou de la vie quotidienne des Russes.
Escalade en Ukraine
Trois ans après le début de l’assaut russe contre l’Ukraine, le président russe devrait être confiant. Ses troupes ont pris le dessus sur le front où elles avancent à un rythme jamais vu depuis les premiers mois de 2022.
L’armée russe a ainsi abattu les forteresses ukrainiennes d’Avdiïvka en février et de Vougledar en octobre et se trouve aujourd’hui aux portes de plusieurs villes d’importance militaire comme Pokrovsk, Kurakhové et Koupiansk.
Le seul bémol est l’offensive surprise ukrainienne dans la région frontalière russe de Koursk, où les forces de Kiev contrôlent toujours des centaines de kilomètres carrés malgré les tentatives des troupes russes, soutenues selon Kiev par des soldats nord-coréens, pour les déloger. .
Vladimir Poutine devrait également commenter les frappes menées par l’Ukraine sur le territoire russe à l’aide de missiles à longue portée américains et britanniques qui constituent pour lui des lignes rouges. En réponse, la Russie a réagi en tirant un missile hypersonique expérimental, l’Orechnik, sur une ville ukrainienne, faisant planer le spectre des armes nucléaires.
Enfin, il devrait également commenter les récents appels du président élu américain Donald Trump à conclure rapidement un cessez-le-feu en Ukraine.
L’échec en Syrie
Autre sujet international d’importance pour la Russie, Vladimir Poutine devra peut-être commenter pour la première fois la chute de son allié syrien, Bachar al-Assad, chassé du pouvoir par une offensive éclair de rebelles menés par des islamistes radicaux. Une défaite pour les ambitions géopolitiques de Moscou. Le sort des deux bases militaires russes en Syrie, cruciales pour les opérations russes en Méditerranée, est particulièrement remis en question. Un sujet d’embarras pour le président russe, qui avait engagé ses forces en Syrie en 2015 en soutien au président syrien déchu.
Une économie chancelante
Sur le plan intérieur, au-delà des habituels enjeux locaux sur le manque d’écoles, la rénovation des hôpitaux ou les nouvelles technologies, le président russe devrait être interrogé sur l’état de l’économie sous pression en raison du coût du conflit ukrainien et des sanctions occidentales.
Après avoir résisté pendant trois ans, elle montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. Dernier revers en date, l’inflation s’est accélérée à 8,9% en novembre, restant sourde aux efforts de la Banque centrale de Russie (BCR) qui a relevé en octobre son taux directeur à 21%, du jamais vu depuis 2003, pour tenter de le modifier. Conséquence pour les Russes, la hausse des produits du quotidien. Ainsi, le prix du beurre a augmenté de 34 % depuis janvier. Une inflation qui est également favorisée par la politique budgétaire de l’Etat russe, qui dépense sans compter pour soutenir son effort de guerre (+ 67,5% budgétisés en 2025 par rapport à 2021)
Une autre conséquence est la pénurie de salariés dans les entreprises. Outre la crise démographique depuis des années, le départ de centaines de milliers d’hommes vers le front a privé de nombreuses entreprises de travailleurs. D’autant plus que l’industrie militaire a tendance à capter ceux qui restent pour augmenter le rythme de la production d’armes.
Dans ces conditions, la Banque centrale russe anticipe une décélération prononcée de la croissance du PIB en 2025, attendue entre 0,5 et 1,5%, contre plus de 3,5% prévus pour la fin de l’année.
Dans le même -, ces dernières semaines, la monnaie russe s’est affaiblie, conséquence des récentes sanctions américaines visant Gazprombank, qui gérait jusqu’à présent tous les paiements des clients étrangers achetant du gaz russe. La monnaie russe est à son plus bas niveau face au dollar et à l’euro depuis mars 2022, ce qui constitue également une menace pour le pouvoir d’achat des Russes.
Face à cette situation, Vladimir Poutine s’est déjà dit calme. Le déficit budgétaire du pays est faible. Elle compte par ailleurs sur l’arrivée massive d’investisseurs chinois pour remplacer les Occidentaux.
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