Un incendie suspect a frappé une synagogue à Montréal, causant des dégâts mineurs mais suscitant l’indignation. Le premier ministre Justin Trudeau dénonce une « odieuse attaque antisémite » et appelle à l’action. La communauté juive sous le choc de cette nouvelle attaque. Qui se cache derrière cet acte et jusqu’où ira cette vague de haine ?
La ville de Montréal s’est réveillée sous le choc ce mercredi matin après qu’un incendie criminel a frappé une synagogue locale dans la nuit, causant des dégâts matériels mais heureusement aucun blessé. Cet acte odieux, le 7e visant des institutions juives à Montréal depuis octobre dernier selon le Centre consultatif pour les relations juives et israéliennes (CIJA), suscite une vive émotion au sein de la communauté juive canadienne et au-delà.
Un incendie criminel
Les flammes se sont déclarées vers 3 heures du matin, heure locale, dans cette synagogue du quartier Côte-des-Neiges. Selon une source proche de l’enquête, la police a découvert un objet incendiaireconfirmant l’origine criminelle de l’incendie. Des témoins ont également vu un individu quitter rapidement les lieux juste après le début de l’incendie.
Véronique Dubuc, porte-parole de la police de Montréal interrogée par l’AFP, a indiqué qu’il était toujours « beaucoup trop tôt » connaître les motivations exactes de cet acte, tout en assurant qu’une enquête approfondie était en cours pour faire la lumière sur celui-ci. Les dégâts matériels se limiteraient aux vitres brisées et aux dégâts causés par la fumée.
7ème attaque depuis octobre
Mais au-delà de l’aspect matériel, c’est le caractère récurrent de ces attentats qui inquiète la communauté juive canadienne. Selon le CIJA, ce serait en effet le septième fois qu’une institution juive est visée à Montréal depuis le 7 octobre, date d’une attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas en Israël qui a déclenché une guerre dévastatrice à Gaza.
La communauté juive est « une fois de plus indignée » par ces « actes lâches » visant à « intimider et harceler ».
Centre consultatif pour les relations juives et israéliennes (CIJA)
Pour certains observateurs, il existe donc un lien troublant entre cette résurgence des violences antisémites au Canada et l’escalade du conflit israélo-palestinien ces derniers mois. Une thèse qui semble étayée par les propos du président israélien Isaac Herzog, pour qui cet incendie est « encore un autre exemple de la vague méprisable de violence, de haine et d’intimidation à laquelle les Juifs du Canada – et du monde entier – ont été confrontés au cours des dernières semaines et mois.«
Trudeau promet d’agir
Face à cet acte qu’il qualifie d’« odieuse attaque antisémite » et de « crime de haine », le Premier ministre canadien Justin Trudeau promet une réponse ferme de la part des autorités. ” Ce n’est pas le Québec qu’on veut, » a-t-il réagi sur X (ex-Twitter). Son homologue québécois François Legault a également condamné cet incendie criminel.
Au-delà des mots, le président israélien appelle le gouvernement canadien à « agir de manière décisive ” et ” montrer qu’une telle haine n’est pas tolérée. » Le CIJA exige également « justice et action rapide » des autorités.
Une menace persistante
Même si l’ampleur exacte du phénomène antisémite au Canada reste à mesurer, force est de constater que la menace persiste pour la communauté juive, malgré les efforts déployés ces dernières années par les pouvoirs publics pour endiguer ce fléau. Entre tags haineux, profanations de cimetières ou encore menaces en ligne, les actes antisémites prennent de multiples formes.
Selon les données officielles, les crimes haineux visant les Juifs représentent chaque année plus de 50 % du total des crimes de haine religieuse au Canada, alors que la communauté juive ne représente qu’environ 1 % de la population totale. Un taux de victimisation disproportionné qui en dit long sur la persistance de l’antisémitisme dans le pays.
En fin de compte, cet incendie suspect dans une synagogue de Montréal rappelle brutalement que la lutte contre l’antisémitisme est un combat constant. Au-delà de la nécessaire réponse policière et judiciaire, c’est bien un travail de fond sur l’éducation, le dialogue interreligieux et le « vivre ensemble » qui est nécessaire pour espérer, un jour, vaincre ce fléau.
Related News :