Le marché du carbone contribue grandement à rapprocher le Québec de son objectif de réduction pour 2030, selon l’inventaire des GES publié mardi, qui indique également qu’en 2022, la province a enregistré des niveaux d’émissions inférieurs à ceux affichés avant la pandémie.
Selon le rapport sur l’objectif de réduction du gouvernement du Québec rendu public mardi, en 2022, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) au Québec s’élèvent à 79,3 millions de tonnes métriques en équivalent CO.2 (MtCO éq.2).
C’est 1,7 million de tonnes de plus que les 77,6 millions de GES émis dans l’atmosphère en 2021, lors du dernier bilan.
La province a toutefois enregistré des niveaux d’émissions de GES inférieurs à ceux enregistrés avant la pandémie.
Le sous-ministre du ministère de l’Environnement, Jean-Fançois Gibeault, a précisé, lors d’une séance technique pour les médias, « qu’il faut comparer des pommes avec des pommes » et que, si on évalue sur plusieurs années, les émissions du Québec diminuent. .
Comparer 2022 avec 2021 ne donne pas une image précise de la situation, selon lui, car plusieurs mesures sanitaires avaient ralenti l’économie en 2021.
Lorsqu’on compare l’inventaire des GES de 2022 avec celui de 2019, avant la pandémie, presque tous les secteurs ont enregistré des réductions d’émissions.
Les transports ont diminué de 4,3 %, le chauffage résidentiel, commercial et institutionnel de 9,9 %, l’industrie de 2,4 %, le secteur des matières résiduelles a diminué de 5,0 % tandis que l’agriculture a diminué de 2,2 %.
Le marché du carbone : un outil efficace
Lorsqu’on tient compte de l’effet du marché du carbone, le Québec a réduit ses émissions de 19 % d’ici 2022 par rapport aux niveaux de 1990.
Ce qui fait dire au ministre de l’Environnement que nous avons atteint la moitié de notre objectif de réduire nos GES de 37,5 % par rapport aux niveaux de 1990, d’ici 2030.
«C’est un outil qui s’est avéré excessivement efficace, il faut savoir que les GES n’ont pas de frontières et que le but est de les réduire le plus rapidement possible au moindre coût possible», a commenté le ministre Benoit Charette lors d’une conférence de presse.
En 2022, les entreprises québécoises ont acheté environ 10 Mt éq. de droits d’émission en Californie, partenaire de la province sur le marché du carbone.
Les émissions de GES émises au Québec ont donc été calculées dans l’inventaire californien.
Maintenant que le secteur électrique est en grande partie décarboné en Californie, « ça commence à devenir plus complexe de réduire les émissions du côté californien, donc il y aura de moins en moins d’achats du côté américain et de plus en plus du côté québécois ». a prédit la ministre Charette.
Si l’on calcule les émissions de GES sans tenir compte du marché avec la Californie, entre 1990 et 2022, les émissions sur le territoire québécois ont diminué de 7,2 %, selon le rapport publié mardi.
Il y a donc une réduction de 12 % des GES par rapport aux niveaux de 1990 qui est imputable au marché du carbone.
Le marché du carbone permet aux deux États de réduire leurs émissions de GES sur l’un ou l’autre territoire, là où cela coûte moins cher.
Les transports génèrent 43% des émissions
En 2022, les transports ont généré 34,3 Mt eq. CO2soit 43,3% des émissions totales, ce qui représente une augmentation de 1,3% par rapport à 2021.
Le secteur industriel est le deuxième émetteur avec 24,5 Mt eq. CO2ou 0,1 Mt d’éq. CO2 moins que l’année précédente. Ce secteur représente 31 % des émissions de GES.
L’agriculture, dont les émissions de GES ont légèrement diminué par rapport à 2021, suit en troisième position, avec 8 Mt éq. CO2soit 10% des émissions de GES.
Les bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels (chauffage) arrivent en quatrième position avec 7,6 Mt éq. CO2une baisse de 0,5 Mt éq. CO2 par rapport à 2021.
Le secteur des matières résiduelles contribue à hauteur de 4,5 Mt éq. CO2 (5,6 %).
L’empreinte par habitant la plus faible du pays
Toujours selon le rapport sur la cible de réduction du gouvernement du Québec, en 2022, les émissions de GES du Québec représentaient 11,2 % des émissions canadiennes, qui ont atteint 707,8 Mt éq. CO2.
En comparaison, les émissions de GES de l’Ontario étaient de 157,0 Mt éq. CO2soit 22,2 % du total canadien, et ceux de l’Alberta à 269,9 Mt éq. CO2 de GES, soit 38,1 % des émissions canadiennes.
Quand on calcule les émissions émises par habitant, ce sont les Québécois qui ont la plus faible empreinte au pays avec 9,1 t éq. CO2suivis des résidents de l’Île-du-Prince-Édouard avec 9,6 et de l’Ontario avec 10,4.
Les provinces qui dépendent encore du charbon et du gaz naturel pour fournir leur électricité sont celles qui produisent le plus de GES par habitant.
Les Saskatchewanais émettent 64,4 t éq. CO2 tandis que les Albertains sont au deuxième rang du classement pour le taux d’émissions de GES par habitant le plus élevé avec 59,8 t éq. CO2.
Différents GES
L’inventaire indique qu’en 2022, le dioxyde de carbone (CO2) constituait 78,4 % de tous les GES émis au Québec.
Les transports sont responsables de la majorité de la production de CO2 (54 %).
La production de méthane (CH4) a été estimée à 12,8 % des GES et c’est le secteur agricole qui est responsable de la plus grande part du méthane émis dans l’atmosphère au Québec (47 %).
La production de protoxyde d’azote (N2O) a été estimée à 4,8 % des GES, celle des hydrofluorocarbures (HFC) à 3,1 % et celle des perfluorocarbures (PFC) à 0,8 %.
L’hexafluorure de soufre (SF6) et le trifluorure d’azote (NF3) représentaient 0,1 % des émissions totales.
Le gouvernement prévoit une baisse pour 2023
L’inventaire des émissions de GES est présenté à la fin de chaque année, avec deux ans de retard.
Les données pour 2023 seront donc publiées l’année prochaine.
Mais sur la base des données disponibles, le gouvernement estime déjà que les émissions de GES seront inférieures à celles de 2022.
« Au cours de la dernière année seulement, près de 1,5 milliard de dollars ont été investis pour réduire les émissions de GES du Québec », peut-on lire dans l’une des annexes de l’inventaire publié mardi.
L’inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre s’appuie notamment sur les données fournies par les entreprises. Jusqu’en 2007, ils transmettaient volontairement leurs données d’émissions ou de consommation et de production d’énergie.
Mais depuis 2007, les entreprises sont tenues de fournir cette information en vertu du Règlement sur la déclaration obligatoire de certaines émissions de contaminants dans l’atmosphère.
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