Entre Cévennes, Rhône et Camargue. L’appellation d’origine protégée Costières de Nîmes est synonyme d’un vignoble d’une fraîcheur déconcertante et de valeurs éternelles.
Après avoir changé leurs couleurs et leur logoles Costières de Nîmes réinvestissent le cœur de leur ville. Sur l’Esplanade, les bureaux sont déjà en place, mais au printemps prochain le bar de dégustation et le showroom viendront compléter le dispositif.
En attendant, Cyril Marès, le président du syndicat, donne la température du millésime en cours de production. ” C’est la fin des vendanges, tous les raisins ont été rentrés. Certains perdent 25% par rapport à 2023, d’autres 50%, quoi qu’il en soit, c’est une récolte en quantité, particulièrement pour le Nord de l’appellation. »
Aurélie Pujol, Cyril Marès, Magali Saumade, Damien Sanchez et Jérôme Castillon (Photo Anthony Maurin)
C’est à Nîmes et le restaurant étoilé Skab que l’AOP Costières de Nîmes a présenté ses vendanges et le millésime 2024, la situation économique, l’actualité de l’AOC Costières de Nîmes et bien sûr les résultats 2024 et les perspectives 2025 des événements de l’appellation.
« Même si la récolte est petite, c’est un très bon millésime, très qualitatif. Un peu atypique avec un été comme ceux qu’on pouvait connaître dans les années 1980-1990 explique Cyril Marès.
Les Costières de Nîmes, c’est avant tout le plateau Costière. Cette formation géologique sépare Nîmes de la Camargue et s’étend sur une distance de 40 kilomètres entre Beaucaire et Vauvert en atteignant une altitude moyenne comprise entre 80 et 100 mètres (pic culminant à Générac à 144m). Ce terroir méridional de la Vallée du Rhône est le trait d’union entre la Provence et la Camargue. Sable, galets, marnes, argiles sont ses valeurs ajoutées qui rehaussent la fraîcheur nocturne et la brise marine dues à la proximité de la Méditerranée.
Dans la cour du Skab, la star était le vin AOP Costières de N (Photo Anthony Maurin)
Pour le vice-président de l’AOP Costières de Nîmes, Jérôme Castillon, ” Il a fallu être patient pour cette récolte, cela faisait longtemps que nous n’avions pas récolté en octobre ! On sent de la fraîcheur dans les blancs et les rosés, les rouges auront une belle maturité. »
3 242 hectares de vignes sont cultivés sur le territoire de l’appellation. Moitié en caves coopératives, moitié en caves particulières. A la sortie de cave 2023-2024, il y avait 105 572 hectolitres.
Aurélie Pujol, directrice de l’AOP, apporte quelques chiffres. ” L’année dernière, nous étions plus proches des 140 000 hectolitres et nous avons un stock qui passe à 14 mois au lieu de 11. Il y a un problème de flux du marché. Nous assistons à une profonde mutation de la filière vitivinicole. Ce n’est pas très encourageant mais on voit aussi de belles surprises. Notre vignoble est jeune, il a moins de 30 ans en moyenne et il est en pleine capacité de production. Nous avons la chance de pouvoir pallier au stress hydrique et nous défendons des micro-appellations comme la Clairette de Bellegarde produites sur 8,2 hectares et par six vignerons bio ou HVE. »
L’AOP Costières de Nîmes devient plus élégante, moins criarde, plus en adéquation avec sa gamme de produits (Photo Anthony Maurin)
Les vins des Costières de Nîmes sont souvent considérés comme des vins de qualité à des prix abordables. L’AOC propose une grande variété de styles : des vins rouges qui s’accordent bien avec les grillades et les plats épicés, des vins blancs parfaits avec les plats de fruits de mer et de volailles, et des vins rosés idéaux pour les apéritifs et les salades estivales ! Ici, les rouges sont qualitatifs et peuvent être vendus plus tard, les stocks ne posent pas vraiment de problème si le marché reprend de la vigueur.
Le réalisateur a poursuivi : « En sortie de cave, les quantités en vrac diminuent, mais les prix se maintiennent ou augmentent légèrement. Dans le secteur Grand et Moyen Calibre, les rosés sont en baisse mais l’été n’a pas été très ensoleillé. Pour les rouges, les prix augmentent mais la différence ne semble revenir ni aux vignerons ni aux négociants. »
Magali Saumade, présidente de la Chambre d’Agriculture, a signé une convention avec le président de l’AOP Costières de Nîmes, Cyril Marès pour une meilleure entente (Photo Anthony Maurin)
La loi ÉGalim n’a visiblement pas encore trouvé le sens de son application et quelques aménagements doivent être apportés.
« Personne n’a bradé son vin, c’est un effort collectif qui fait la promotion de l’appellation. Nous travaillons avec des commerçants, nous promouvons nos produits même si les volumes sont en baisse » brosse Cyril Marès.
Ici, les vins rouges et rosés sont élaborés à partir des cépages Grenache, Syrah et Mourvèdre. Les blancs sont souvent produits à partir des cépages Roussanne, Marsanne et Grenache blanc.
Costières de Nîmes AOP (Photo Anthony Maurin)
Les volumes d’exportation sont également en baisse. Les Chinois ont beaucoup stocké, le marché est incertain. Pour le Royaume-Uni, nous avons l’effet Brexit. Pour les USA, marché qui semble arriver à maturité, la part des rosés est en baisse. L’inflation, connue dans le monde entier, se reflète également dans les effets indésirables de la saison.
For Jérôme Castillon, “ Nous devons être désirables pour être désirés. Nous sommes dans une vraie démarche constructive pour planifier le moment où nous verrons le redémarrage ! La nouvelle génération croit en l’avenir, il y aura un rebond. »
« Nos rencontres ne sont pas moroses ! » proclaims Aurélie Pujol before continuing, “ Affirmer notre instinct de préservation, afficher notre identité, cultiver la vie locale pour faire rayonner les Costières de Nîmes, telles sont nos valeurs. »
Aurélie Pujol, Cyril Marès, Magali Saumade, Damien Sanchez et Jérôme Castillon (Photo Anthony Maurin)
Les Costières ? C’est, comme le dit le nouveau logo, la fraîcheur d’une brise marine et la force des galets. La charte paysagère et environnementale est en place depuis près de 20 ans et le schéma directeur végétal l’accompagnera, notamment pour l’installation future de haies favorisant la biodiversité.
D’une seule voix, le syndicat ajoute quelques axes d’amélioration. ” Il faut optimiser l’irrigation en la gérant mieux. On peut aussi parler de l’artificialisation des sols et des travaux que nous fournissons. Il y a bien sûr le gros enjeu de la ligne très haute tension… Nos vignerons sont proactifs et nous parviendrons à avancer. Nous souhaitons également prioriser et valoriser les terroirs avec les « villages » des Costières de Nîmes qui, si tout va bien, pourraient voir le jour en 2027. »
Magali Saumade, présidente de la Chambre d’Agriculture, a signé une convention avec le président de l’AOP Costières de Nîmes, Cyril Marès pour une meilleure entente (Photo Anthony Maurin)
Pour cette dernière évolution de l’AOP, cinq cépages ont déjà été sélectionnés mais l’attente de la réponse officielle permettant le démarrage effectif des plantations freine les vignerons. On parle de 5% d’encépagement et de 10% pour un assemblage.
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