l’essentiel
Le Premier ministre, qui doit prononcer son discours de politique générale le 14 janvier, risque d’être rapidement mis sous pression en raison d’une motion de censure que les Insoumis menacent de déposer le 16 janvier. Si l’ensemble de la gauche semble déterminé à voter pour , le Rassemblement national laisse planer le doute sur ses intentions.
En quittant Matignon après quatre-vingt-onze jours au poste de Premier ministre, Michel Barnier confiait qu’il s’agissait de « l’expérience la plus courte mais la plus intense » de sa carrière. François Bayrou saura-t-il tenir plus longtemps ? “Je suis convaincu que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale fera en sorte que nous ne soyons pas censurés” veut croire François Bayrou qui s’exprimait lundi sur BFM TV.
Au lendemain de l’annonce de son gouvernement, à l’heure des transferts de pouvoir dans les ministères, les Insoumis ont déjà promis une motion de censure. Il pourrait être déposé le 16 janvier, deux jours après le discours de politique générale du Premier ministre « si François Bayrou ne se soumet pas à un vote de confiance » devant l’Assemblée nationale.
Si elle était adoptée, la censure entraînerait la démission du gouvernement, plongeant le pays dans une crise politique. Cela mettrait une nouvelle fois la pression sur Emmanuel Macron, dont les insoumis réclament toujours sa démission, dans l’espoir d’une élection présidentielle anticipée.
Pas d’accord avec le PS
François Bayrou “sera censuré, plus rapidement à mon avis que le gouvernement Barnier, c’est-à-dire dès que ce gouvernement entrera dans la semaine de la déclaration de politique générale du 14 janvier”, a déclaré mardi sur France 2 le député LFI et président de la Commission des Finances, Éric Coquerel. Nouvelle salve de critiques, celles venues des rangs du PS. L’espoir d’un accord de non-censure semble définitivement disparu, selon le patron des socialistes. “Aucune des conditions n’a été respectée par François Bayrou”, a déclaré Olivier Faure en en énumérant trois sur BFMTV : “pas de dépendance à l’extrême droite, plus de force avec le 49.3 et enfin un changement de casquette”.
“Je n’ai rien entendu de tel”, a-t-il ajouté. Olivier Faure n’a pas exclu que le PS vote une motion de censure suite à la déclaration de politique générale, à l’instar des écologistes et des communistes. Les seules voix de la gauche (151 députés du Nouveau Front populaire) ne suffiront pas à faire tomber le gouvernement Bayrou. Tout dépendra de l’attitude des 121 députés du Rassemblement national et de leurs 16 alliés ciottistes. Une motion doit recueillir la majorité absolue des députés, soit 289 voix, pour provoquer la chute du gouvernement. “Nous n’interdisons rien, la censure est un outil prévu par le général de Gaulle et la Constitution”, a déclaré l’eurodéputé RN Matthieu Valet sur LCI. “Si le gouvernement écoute le parti leader en France, nous avancerons dans la co-construction”, a-t-il ajouté.
Quelle attitude pour le RN ?
François Bayrou tente donc par tous les moyens d’éviter une telle sanction. Les Béarnais ont cherché à apaiser le Rassemblement national, en maintenant Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur et surtout en ne nommant pas Xavier Bertrand au ministère de la Justice, une demande du RN. Ces signes sont-ils suffisants ? La tâche s’annonce ardue pour le locataire de Matignon. Dans ses vœux aux Français postés sur X, Marine Le Pen promet une transition « inévitable ». Un changement politique de « grande ampleur », pour « bientôt, au pire dans quelques mois ».
Si la motion de censure ne passe pas après le discours de politique générale, l’opposition pourrait avoir l’occasion d’en déposer une autre, lors de l’examen du budget en février. Cette fois, le risque est grand pour le Premier ministre de voir les voix du RN se mélanger à celles de la gauche. L’ascension de l’Himalaya promise par François Bayrou ne fait que commencer.