Les exportations ukrainiennes de céréales devraient fortement diminuer cette saison : selon les dernières prévisions d’UkrAgroConsult, elles n’atteindront que 16,2 Mt pour le blé et 20,4 Mt pour le maïscontre respectivement 18,3 Mt et 29,7 Mt pour la campagne 2023/24.
Cela s’explique par une baisse marquée de la production, notamment en maïs : la récolte n’a atteint que 26 Mt en 2024 contre 31 Mt en 2023 et jusqu’à 35 voire 40 Mt avant la guerre. C’est la récolte la plus faible depuis 2017.
La cause de ce déclin : la canicule qui a écrasé le pays en juillet. La production de blé serait de l’ordre de 21,6 Mt (22,2 Mt en 2023).
« Entre septembre et novembre, les principales destinations des exportations ukrainiennes de maïs sont Turquie (1 Mt), l’Italie (947 000 t), l’Espagne (860 000 t), les Pays-Bas (477 000 t) et la Corée du Sud (244 000 t) », explique Julie Garet, responsable de l’unité Céréales et Sucre de FranceAgriMer.
L’Ukraine reste en effet la première source d’importations de céréales en provenance des pays de l’Union européenne. Au 17 décembre, 67% des importations de blé tendre de l’UE (soit 2,9 Mt), 53% de ses importations de maïs (4,9 Mt) et 54% de ses importations d’orge (360 000 t) étaient d’origine ukrainienne.
« L’avancée rapide de la récolte de maïs ukrainienne cette année a permis au pays d’enregistrer un début de campagne commerciale particulièrement dynamique malgré une récolte en forte baisse par rapport à l’année dernière » — Marius Garrigue, spécialiste des marchés agricoles
Cette part est en hausse pour les trois céréales par rapport à la campagne 2023/24 à la même période. « 70 % du blé ukrainien (importé par l’UE) va à l’Espagne, le maïs va principalement en Espagne et aux Pays-Bas », note Clémence Lenoir, responsable des études économiques sur les grandes cultures à FranceAgriMer.
« L’Ukraine dispose d’un régime de soutien aux exportations depuis le 1est Décembre, mais nous restons avec un système de licences avec les pays limitrophes de la zone UE », poursuit Julie Garet.
Ce dispositif de soutien « prévoirait prix minimum à l’exportation fixé chaque mois, renforçant les échanges électroniques entre la Banque nationale d’Ukraine, le Service national des impôts et les douanes pour améliorer les procédures de remboursement de la TVA à l’exportation.
Les exportateurs devront également « enregistrer leurs données dans le registre unifié des factures fiscales, étape obligatoire pour la déclaration en douane des exportations de céréales ».
Julie Garet souligne également les incertitudes qui pèsent sur ce qui se passera dans les semaines et mois à venir concernant la transit par la Roumanie céréales d’Ukraine.
D’abord pour des raisons politiques : « le candidat arrivé en tête aux élections présidentielles a déclaré que s’il était élu, il empêcherait toutes les exportations d’Ukraine via la Roumanie, mais son élection a été invalidée » fin novembre, en raison d’une possible campagne d’influence et de désinformation sur le réseau social TikTok lancée par la Russie, en faveur de ce candidat pro-russe.
L’autre incertitude concernant le passage des céréales ukrainiennes à travers la Roumanie est que « le transit via la Port de Constanta serait en baisse depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, car le trafic reprend du côté d’Odessa.