Le cerveau : pilote automatique
Yoann Richomme: « Le cerveau du skipper est assisté par des cerveaux supplémentaires qui gèrent des éléments très précis, ils ne sont pas aussi complets que le cerveau humain. Le pilote automatique gère 150 paramètres différents, mais nous définissons les critères. Je me dirige vers et hors du port, c’est tout. Ou pour le plaisir, comme sur le défi azimut, pour le plaisir, le plaisir de voler pendant 1h30, mais ça consomme tellement d’énergie que ce n’est pas réalisable sur un Vendée.
Même dans des conditions instables, c’est le pilote automatique qui barre, mais je reste très souvent avec lui, télécommande en main. Nous modifions constamment les paramètres. »
Bras et jambes : foils, safrans et quille
Antoine Koch : « Pour moi, les foils seraient les jambes et les safrans les bras, qui aident à l’équilibre. La coque et les foils donnent la puissance… La quille serait un troisième pied. Les bateaux planifient pas mal sur la quille dans le semi-vol des Imoca, ce n’est pas une quille lourde qui tire vers le bas mais un appendice qui pousse vers le haut. »
Yeux : AIS et Oscars
AK : « Les yeux du bateau pourraient être les instruments de surveillance autour du bateau : l’AIS [radar anticollision, NDLR]et Oscar, le système de détection d’OVNIS [objets flottants ou mammifères] installé en tête de mât. »
ANNÉE : « On dit qu’Oscar a une intelligence artificielle, c’est un peu exagéré je trouve, en tout cas c’est une IA de reconnaissance d’image. »
Le système cardiovasculaire : le gréement
AK : « Le gréement [mât, bôme, voiles]serait l’ensemble cœur-poumon, car c’est lui qui est à l’origine de l’énergie. »
ANNÉE : «Je vois les batteries comme le cœur, l’électricité à bord comme la nourriture et son assimilation par l’organisme. Nous ne pouvions pas déplacer ces bateaux par la force des mains [même si l’énergie humaine est la seule utiliser pour régler les voiles, les foils]. »
Le système nerveux : l’électronique
ANNÉE : « C’est un réseau tentaculaire qui surveille en permanence la santé du bateau. Il y a deux éléments. Un réseau de fibres optiques qui mesure les efforts sur les foils, les safrans et la structure avant de la coque. Un autre réseau les mesure sur neuf points de câbles connectés, notamment sur le gréement.
Le mât est celui que l’on surveille le plus, car il est monotype [identique sur tous les bateaux] mais il n’est pas fait pour les grands foils puisqu’il a été conçu en 2016 avec l’arrivée des petits foils Imoca. De nouveaux mâts arriveront bientôt. Lorsque le bateau souffre trop, ces capteurs déclenchent des alarmes à bord. On dépasse les limites assez souvent, mais pour le mât, on évite. »
La peau, les oreilles : l’air en tête de mât
AK : « La peau, les oreilles, ce seraient les antennes installées dans un poteau en tête de mât : la girouette et l’anémomètre électronique. Ils fournissent des données au pilote automatique et au skipper. Statistiquement, c’est l’élément qui casse le plus lors d’une course. »
Le squelette : les cloisons
ANNÉE : « Les cloisons, lisses [élément de structure longitudinale] et des appuis, élément structurel ayant la forme d’une poutre et orienté horizontalement, sorte de colonne qui n’est pas visible de l’extérieur mais qui est proéminente à l’intérieur. »
La cage thoracique, le tronc : la coque
ANNÉE : « Le bateau prend des coups, surtout à l’avant de la coque, quand, à pleine vitesse, il heurte et s’arrête parfois dans les vagues. Comme un boxeur qui prend des coups dans la cage thoracique et dans les côtes. »