PORTRAITS – Le suspect, présenté à un juge ce mardi, a « spontanément reconnu » avoir abattu samedi cinq personnes froidement. Le motif pourrait être une vengeance professionnelle.
« Quiconque se trouvait là, à ce moment-là, sur la route, aurait pu en être une victime »s’est attristé Patrick Guerbette, fondateur de l’entreprise ECS, où travaillaient samedi deux victimes du quintuple meurtre dans le Nord. Alors que le suspect doit être présenté ce mardi à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen, la piste d’une vengeance professionnelle se dessine dès ses premières déclarations, au cours desquelles il « a spontanément reconnu les faits ». L’enquête devra faire la lumière sur les motivations de ce suspect de 22 ans. Dans le Nord, familles, proches et associations rendent hommage aux victimes de cette catastrophe. « terrible drame ». Une marche blanche est organisée en leur mémoire mercredi, à 14 heures à Loon-Plage (Nord).
Paul Dekeister
Paul Dekeister, 29 ans, a été la première victime de ce périple meurtrier. Le suspect aurait nourri une profonde rancœur à son égard après avoir été employé dans son entreprise de transport routier. Il a été tué samedi vers 15h15 à Wormhout devant son domicile par plusieurs coups de feu. Il laisse derrière lui sa compagne Emilie, une fille et un garçon. « Notre vie m’a été volée en l’espace de quelques secondes. Je serai fort pour nous, pour vous, pour nos petits »a-t-elle écrit dans un message posté sur Facebook, accompagné d’une photo en noir et blanc du couple, complices à la patinoire. “Je n’arrête pas de voir cette scène horrible, je n’arrête pas de te crier de revenir vers moi, de récupérer ton cœur.” Avec nos collègues de La voix du Nord un proche a rendu hommage à la mémoire d’un « Papa génial. » “C’était un cœur immense, très généreux dans la vie et envers ses amis.”
Marc Lehmhus et Aurélien Cugny
L’accusé s’est ensuite rendu vers 16 heures sur la zone portuaire de Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque, où il a assassiné deux agents de sécurité de la société ECS, pères de famille trentenaires, Marc Lehmhus et Aurélien Cugny. “Il en connaissait un de vue, paraît-il, c’est tout”a déclaré son avocate, Véronique Planckeel. « Rien ne peut justifier de mourir au travail, rien ne peut consoler leurs enfants et leurs partenaires et pendant longtemps ils tenteront de trouver des explications à cette mort tragique »a réagi dans un long message posté sur les réseaux sociaux, le maire de Loon-Plage, Éric Rommel.
Marc Lehmhus, 37 ans, était père de deux filles et très apprécié des habitants de sa commune, Bourbourg. Il était membre d’un moto-club de Loon-Plage depuis une dizaine d’années, où il participait chaque année à l’organisation d’une course. « Vous l’avez probablement rencontré lors de notre événement où il fait équipe depuis des années avec son frère jumeau dans le domaine du ravitaillement et de l’habillage »écrit le club dans une publication Facebook, confiant d’être “sous le choc”. « Son sourire, sa gentillesse, sa disponibilité nous manqueront tellement. Marc était également un passionné de pêche avec son frère jumeau Jérôme. Samedi prochain, un lâcher de lanternes sera organisé en sa mémoire à l’étang de sa commune où il avait l’habitude de se rendre, « lui qui aimait tellement la pêche à la carpe, à la plage d’Oye en famille, que nous aimions partager de bons moments ». “Il respirait la joie de vivre et c’était difficile de le voir sans son sourire”, a également salué le maire.
De son côté, Aurélien Cugny, 33 ans, participait régulièrement à la sécurisation du festival de Dunkerque. “Il a toujours été très professionnel” confier à La voix du Nord Pascal Bonne, chef du service animation de la ville. En privé, il était toujours très jovial et amical. Aujourd’hui, je ne comprends pas et je suis évidemment très triste. Durant son - personnel, il appartenait également au “Ultras Dunkerquois”. Lundi soir à Dunkerque, plus de 200 membres du groupe se sont rassemblés pour rendre hommage à celui qui assurait la sécurité du stade de football. Un cortège s’est élancé à travers la ville, brandissant son portrait et allumant des fumigènes jusqu’à l’entrée du stade.
Deux Kurdes iraniens
Pour l’instant, le suspect n’a pas fourni d’explication sur le meurtre de deux migrants dans un camp près de Dunkerque. Il s’agirait de deux ressortissants kurdes iraniens, âgés de 19 et 30 ans, prénommés Mustafa et Ahmid, selon France 3 Hauts-de-France. Toutefois, les associations d’aide aux migrants contactées par Le Figaro n’ont pas pu confirmer avec certitude l’identité des victimes. «C’est quelque chose auquel nous ne nous attendions absolument pas. Pour quelqu’un qui ne les connaissait pas, qui n’avait rien à voir avec la présence de migrants dans cette zone géographique, leur tirer dessus d’un coup, c’est très, très effrayant. On se dit que ce n’est pas tout à fait un hasard. S’ils avaient été blonds et roses, il n’aurait probablement pas tiré. a déclaré la vice-présidente de Salam, Claire Millot. Pour l’heure, le parquet de Dunkerque n’a communiqué aucune information laissant penser à un mobile raciste ou xénophobe.