Christine Dugion-Clément est chercheuse à la Chaire Risques de l’IAE Paris-Sorbonne, à l’Observatoire de l’Intelligence Artificielle de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, au centre de recherche des écoles Saint Cyr Coëtquidan (CREC) et à la Gendarmerie Nationale. Ecole des Officiers (CREOGN).
Volodymyr Zelensky est en tournée européenne pour s’assurer du soutien de ses alliés. Quels sont les besoins de l’Ukraine aujourd’hui ?
Le soutien des partisans de l’Ukraine à Kiev est crucial tout simplement parce qu’ils ont un besoin constant en termes de matériel militaire, notamment de munitions, nous sommes dans une guerre d’artillerie. Et puis parce qu’il y a d’autres revendications pour pouvoir mener ce qu’on appelle des frappes profondes. Concernant les fameux avions de chasse, notamment, pour savoir combien seraient livrés et quand.
Et aussi de disposer de missiles leur permettant de frapper à l’intérieur du territoire russe, notamment ce qu’on a pu voir à travers les dépôts de munitions, etc. Et d’aller travailler en Crimée. Cependant, pour ce matériau, il existe des réticences pour plusieurs raisons. La première, c’est la cobelligérance qu’agite le président Poutine, même si l’on voit que jusqu’à présent, elle n’a strictement pas été déclenchée, alors qu’il aurait pu, s’il suivait sa propre logique, y parvenir. .
Et la seconde concerne les questions ITAR concernant la France notamment, c’est-à-dire des règles qui empêchent l’exportation de matériel militaire s’il y a des composants en provenance d’autres pays, notamment américains, ce qui peut être le cas sur certains matériels. Nous sommes donc dans cette démarche absolument nécessaire pour que l’Ukraine puisse continuer à résister à l’invasion russe.
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La raison principale est qu’il s’agit d’un conflit qui s’inscrit dans la durée, qu’il a un coût et que de nombreux pays commencent à dire que c’est un effort qui sera difficile à faire dans la durée. long. La deuxième raison est l’incertitude qui entoure le prochain président américain, sera-ce Kamala Harris ou Donald Trump qui reviendra pour un autre mandat ?
Mme Harris a déclaré qu’elle maintiendrait son soutien, mais dans quelle mesure ? De quelle manière ? Et si l’on commence par un second mandat du président Trump, il a toujours été très clair sur l’Ukraine. Nous pourrions donc avoir ce retrait extrêmement fort, dans quelle position se trouveraient alors les alliés ? Et surtout, il a une position extrêmement dure à l’égard de l’OTAN. Il parle de retrait, de partage du fardeau, etc.
Et là, les Occidentaux se disent qu’ils devraient peut-être s’appuyer beaucoup plus sur leurs propres forces et pas tant sur les Etats-Unis, sur les systèmes « OTAN ». Et à partir de là, il faudra peut-être faire des choix. Nous avons donc toute cette sorte d’incertitude, tout en sachant que le président Trump n’a presque jamais eu de mots durs à l’égard du président Poutine, ce qui fait craindre au moins une sympathie.
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Il est venu présenter son « plan de victoire » aux différents Etats. Nous parlons d’un plan global et inclusif, dont le but est d’arriver à mettre fin à la guerre, mais qui ne serait pas la fin de la guerre, par exemple, qui est celui prôné par Donald Trump qui dit mettre fin à la guerre. la guerre en 48 heures. Cela a permis à Jens Stoltenberg, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, de dire que l’on pouvait certes arrêter une guerre en si peu de temps, mais certainement pas parvenir à une paix juste.
Nous sommes donc dans cette démarche, pour déjà expliquer que nous ne sommes pas dans une Ukraine qui « fait la guerre » systématiquement et jusqu’au bout. Cela correspond aux positions qui ont été prises cet été en Suisse, où nous étions prêts à voir des négociations. Donc avec des exigences effectivement fortes qui ne correspondaient pas à ce que souhaitait la Russie, une capitulation. C’est évidemment inacceptable pour l’Ukraine.
Mais nous sommes très clairement dans cette démarche de pouvoir présenter, co-construire et au moins pouvoir voir ce qu’il faudrait mettre en place pour parvenir à cette paix juste et potentiellement une victoire de l’Ukraine. Tout en sachant que ce qui est très à craindre, c’est que, si jamais nous obtenons ce qui peut être considéré par la Russie comme une victoire, cela ne fera qu’encourager des volontés géopolitiques assez agressives, qu’elles soient cinétiques ou simplement dans une approche diplomatique ou économique.