46 ans après, il cherche toujours la vérité sur la mort de son frère à Hennebont

46 ans après, il cherche toujours la vérité sur la mort de son frère à Hennebont
46 ans après, il cherche toujours la vérité sur la mort de son frère à Hennebont

Claude Denniel, 63 ans, se souvient bien de cette matinée du 29 mai 1978. Son frère Noël, revenu dans la maison familiale quelques mois plus tôt après huit ans de service militaire, faisait des mots croisés sur le balcon fleuri de géraniums. « J’avais un vélo Gitane tout neuf. Il m’a dit « tes cale-pieds touchent le sol », j’ai répondu « espèce d’idiot », comme deux frères qui se chamaillent, et je ne l’ai plus jamais revu ».

Le lendemain matin, Noël, 24 ans, a été découvert mort dans la boue près du nouveau quai, côté remparts, par des promeneurs au petit matin. Selon l’enquête policière, les témoignages d’Hennebontais, Noël, qui vivait avec sa famille à l’Abbaye de la Joie, a traversé le haras vers 15h30 pour se rendre au centre-ville d’Hennebont, “dans un bar qu’il connaît”. Puits Les Bruyères, tenu par M. Jouet. Il y jouait aux cartes de tarot avec d’autres jeunes. C’était un grand joueur. Puis ils sont allés chez Terrien, chez Marie-Lou, dans d’autres bars. Ils seraient partis de là et mon frère serait rentré à Bruyères, il a frappé à la porte mais le patron n’a pas répondu”, raconte Claude Denniel. On y perd la trace de Noël.

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Le 31 mai 1978, Le Télégramme publie un fait divers sur la découverte du cadavre d’un jeune homme à 7h45 (Archives Le Télégramme)

Certains amis de Noël ne me répondent pas, d’autres me disent d’oublier. J’ai l’impression de déranger.

Licenciement prononcé le 15 novembre 1978

L’autopsie pratiquée sur le jeune Hennebontai indiquerait l’absence d’eau dans ses poumons, excluant une mort par noyade. Noël avait 1,9 g/l d’alcool dans le sang. “Il ne dormait pas, c’était une personne soignée qui n’était pas connue pour les soirées de fête.” Au réveil de la famille, la rumeur d’un corps non identifié découvert à Hennebont circule déjà. La mère de deux garçons, ne voyant pas son aîné, comprend tout de suite le drame qui se joue. “Nous ne le savions pas mais cela ne pouvait être que ça.” Claude se souvient des femmes des palefreniers, des voisins venus subvenir aux besoins de la famille tandis que le père, brigadier en chef du haras, était parti au Mans avec des chevaux. Claude perd ce frère qu’il aime tant et s’enfuit, restant prostré dans les bois. L’affaire fait grand bruit, la famille est connue à Hennebont et la basilique est pleine à craquer pour les funérailles. Noël est enterré sans qu’aucune lumière ne soit faite sur sa mort. Elle ne le sera jamais. L’affaire fut classée sans suite le 15 novembre 1978. La famille très unie fut brisée par la tragédie. La mère de Claude et Noël ne s’en remettra pas, « elle a toujours été déprimée après ça ».

Claude est obsédé depuis 46 ans par ce qui est arrivé à son frère. Était-ce un accident ? A-t-il été tué ? Par qui ? “Personne n’a pu mettre la main sur qui était avec mon frère cette nuit-là.” Il récupère le dossier aux archives départementales et découvre des « erreurs », des approximations, des pièces manquantes comme les photos de son frère. Il a interrogé les amis de Noël, lancé régulièrement des appels sur Facebook mais rien de concret. « Certains amis de Noël ne me répondent pas, d’autres me disent d’oublier. J’ai l’impression de déranger. Près d’un demi-siècle plus tard, la vérité peut-elle encore éclater ? «Je veux que ceux qui savent parlent. Il n’y a pas un jour où je n’y pense, confie Claude Denniel, dans un sanglot. Je pourrai pleurer avec la vérité, je serai plus apaisé.

 
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