Emmanuel Macron s’est dit “très heureux” d’accueillir Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan dans ces Hautes-Pyrénées qui lui “sont si chères”. Le président français a organisé mardi une escapade « personnelle » avec son homologue chinois dans les Pyrénées, au deuxième jour de la visite d’État du président chinois, qu’il reçoit pour la première fois depuis 2019. L’occasion d’un dialogue plus direct sur la guerre. en Ukraine ou des désaccords commerciaux. Retour sur cette journée de cadeaux, de neige et de bonne chère.
Tutoralité et familiarité
Le président avait choisi un lieu où il entretient des liens personnels, le Col du Tourmalet, ascension mythique du Tour de France, pour accueillir le couple présidentiel chinois avec son épouse.
Le président français est ici chez lui. Et il est joyeux et inépuisable. Connu pour être facile à utiliser de manière informelle, il fait fi de tout formalisme, quitte à alimenter les critiques de ceux qui l’accusent de dérouler le tapis rouge sous les pieds d’un « dictateur ».
Opération de séduction diplomatique
Telle était l’idée de ce déplacement, au deuxième jour de la visite d’Etat en France du numéro un de la superpuissance asiatique : briser l’imposant protocole de retrouvailles personnelles censées permettre de dépasser les malentendus.
Son entourage théorise cette recherche de « l’intimité » pour obtenir un dialogue « convivial mais aussi très franc » et aller plus loin sur des sujets épineux comme l’Ukraine. Xi Jinping a soutenu cet été une « trêve olympique », également poussée par Emmanuel Macron.
Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour qu’elle contribue à mettre fin à la guerre, se veut « lucide » sur les chances limitées d’une percée rapide. D’autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu’il doit recevoir prochainement.
Pluie de cadeaux
Pour faire passer le message, rien de mieux que des petits cadeaux aux messages symboliques forts. D’abord, comme cadeau d’anniversaire pour la mère du chef de l’Etat chinois, une couverture en laine des Pyrénées.
Puis sont déballés un béret pyrénéen, un Armagnac, un vin rouge Cornas 2008, l’année des Jeux de Pékin, tandis que Paris s’apprête à recevoir le sien. Un maillot jaune du Tour de France aussi, dont le Tourmalet est une ascension mythique. « Nous serions ravis d’avoir des coureurs chinois », tente Emmanuel Macron.
Entre neige et brouillard
L’Elysée espérait une petite balade entre les couples présidentiels dans un paysage magnifique. Mais la météo lui a joué des tours : au col du Tourmalet, à plus de 2 000 mètres, la neige tardive est tombée abondamment et le brouillard a réduit la visibilité à zéro.
Voilà pour la vue imprenable sur le massif autour du Pic du Midi. Après une petite danse folklorique de la troupe Les Pastourelles de Campan, en costume traditionnel et au son de la flûte à trois trous et de l’accordéon diatonique, Emmanuel Macron accueille ses invités dans L’Etape du Berger, un restaurant d’altitude tenu par son ami Éric Abadie. « Cela fait 35 ans qu’on se connaît ! », dit-il en désignant l’éleveur de porcs et de moutons.
Confiance personnelle autour du fromage
Dégustation ensuite : charcuterie locale, fromages de différentes régions de France. Photo de famille des couples présidentiels. « On entoure le porc noir de Bigorre », s’amuse le chef de l’Etat français, décidément prolixe sur les produits locaux.
Xi Jinping promet de faire de la publicité pour le jambon local avant de dire qu’il « aime beaucoup le fromage ». Le visage restera impassible derrière son immuable sourire figé. Le déjeuner commence très tard, vers 15 heures. Les deux couples, et les artistes uniquement.
Sur le chemin du retour, Emmanuel Macron fera une brève halte à Montgaillard, où repose sa grand-mère bien-aimée, « Manette », décédée en 2013. “C’est aussi en partageant nos histoires personnelles que nos relations prennent forme”, estime-t-il sur X.
