Rappelons qu’à l’époque, à chaque polémique sur la sécurité des vaccins, les gens tremblaient et cédaient à la panique. Dès que l’on commence à retrouver le goût de l’après-Covid, on se retrouve ramené aux souvenirs amers des polémiques épidémiologiques. À l’heure où chacun vaque à ses occupations quotidiennes, le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca a stupéfié les observateurs en admettant l’effet d’une bombe. Attaqué en justice par plusieurs individus se disant victimes d’effets indésirables, le Laboratoire a reconnu, dans un document judiciaire transmis à la Haute Cour de Justice de Londres et relayé par le journal britannique Telegraph, l’existence possible d’un syndrome rare qui provoquerait des caillots sanguins chez les personnes vaccinées, heureusement pas toutes, et d’éventuels cas d’accident vasculaire cérébral. Une autre nouvelle en provenance de France a renforcé les inquiétudes. Le cas d’un étudiant de 18 ans, décédé en 2021, six jours après avoir été vacciné, refait surface. Selon les propos de son avocat, relayés en mars 2024 par « Le Figaro », sa mort serait directement liée au vaccin controversé.
AstraZeneca, retour des polémiques
Ce n’est pas la première fois que ce vaccin, co-inventé par l’université d’Oxford et produit en Inde, fait polémique. Faisons un flash-back. Nous sommes en janvier 2021, le Maroc est en pleine pandémie et le comité technique étudie les vaccins à approuver pour la plus grande campagne de vaccination que le Royaume ait jamais connue. Le comité donne son feu vert au vaccin fabriqué par le Serum Institute of India sur la base d’études d’efficacité et de rapports d’essais cliniques. Une étude de la célèbre revue « The Lancet » confirmait, dès le 8 décembre, l’efficacité du vaccin à 70 %, un taux faible comparé à d’autres vaccins à ARN messager comme Pfizer ou Moderna (94 %). Les premiers essais cliniques n’ont pas révélé d’effets graves. Le vaccin, que le fabricant ne produit plus depuis 2023, a été autorisé au Maroc sur la base de critères rigoureux de pharmacovigilance. Les premières doses sont arrivées le 22 janvier 2021. Le Maroc fait partie des 170 pays ayant approuvé le vaccin dont le Royaume a commandé 25 millions de doses, sans recevoir la totalité de sa commande.
Des cas de thromboses ont été détectés dès mars 2021, notamment au Maroc, alors que plusieurs pays européens avaient suspendu ledit vaccin. Les autorités compétentes, notamment le comité de pharmacovigilance, ont réagi en annonçant qu’il n’y avait eu que 4 cas, à raison d’un vacciné sur un million, sans provoquer de décès. Après enquête, le lien de causalité entre le vaccin et la maladie thromboembolique a été nié. Le ministère de la Santé a recommandé son utilisation dans un communiqué publié le 17 mars.
Vaccins anti-Covid-19 : avons-nous été assez rigoureux ?
Était-ce une erreur d’approuver un vaccin aussi controversé ? Non, répond Tayeb Hamdi, expert en politiques et systèmes de santé, arguant que des effets secondaires existent dans tous les médicaments et vaccins.