Annoncé par Donald Trump au deuxième jour de son mandat, le projet Stargate vise à propulser et maintenir les États-Unis au centre des avancées en matière d’intelligence artificielle.
100 000 emplois, 500 milliards de dollars… Au deuxième jour de son mandat, Donald Trump a annoncé la création de Stargate, une nouvelle entreprise américaine qui investira au moins 500 milliards de dollars dans les infrastructures d’IA aux Etats-Unis. Un investissement humain et matériel colossal que certains comparent déjà au projet Manhattan. 48 heures après son annonce, on en sait déjà un peu plus sur les ambitions de ce projet hors du commun.
Quel est le but ultime du Projet Stargate ?
Le projet mené par OpenAI, SoftBank et Oracle vise à construire une infrastructure d’IA massive sur le sol américain. Les premiers datacenters sont déjà en construction au Texas, avec 10 bâtiments de plus de 46 000 m2 chacun, qui s’étendront à 20 sites. Le financement prévoit un investissement initial de 100 milliards de dollars, pour atteindre 500 milliards sur quatre ans. Oracle, NVIDIA et OpenAI travailleront ensemble pour construire et exploiter le système informatique. Microsoft, de son côté, poursuivra son partenariat existant avec OpenAI, notamment via sa plateforme cloud Azure qui servira à la formation des modèles. Chaque site sera également autorisé à construire sa propre centrale électrique directement sur place, au sein des complexes.
Le but d’une telle infrastructure ? Développer un modèle d’intelligence artificielle générale aux États-Unis, avant que la Chine n’y parvienne. « L’intelligence artificielle générale améliorera la vie des gens. Nous serons capables de relever des défis que l’humanité pensait hors de portée », s’est vanté Masayoshi Son, fondateur de SoftBank, aux côtés de Donald Trump. Et Sam Altman, PDG d’OpenAI, illustre les avancées attendues en matière de santé : « Nous assisterons à des progrès thérapeutiques d’une rapidité sans précédent. La rapidité avec laquelle nous pourrons traiter différents types de cancers et de maladies cardiovasculaires sera étonnante. (…). Cela révolutionnera non seulement l’accès à des soins de très haute qualité et leur coût, mais permettra surtout de guérir les maladies à un rythme extraordinaire.»
Premières discordes
Quelques heures après l’annonce du projet, Elon Musk, PDG de xAI (société concurrente d’OpenAI), s’est interrogé sur la somme annoncée par Donald Trump. « En réalité, ils n’ont pas d’argent. SoftBank a bien moins de 10 milliards de dollars garantis. J’ai cette information provenant d’une source fiable », a-t-il déclaré sur X. Une réponse a suivi de la part de Sam Altman : « Faux, comme vous le savez probablement. Vous souhaitez venir visiter le premier chantier déjà en construction ? C’est excellent pour le pays. Je comprends que ce qui est bon pour le pays n’est pas toujours optimal pour vos entreprises, mais dans votre nouveau rôle (Elon Musk dirige le DOGE, le département américain de l’efficacité budgétaire, ndlr), J’espère que vous accorderez la priorité aux intérêts du pays.
-En pratique, et selon les informations de The Information, OpenAI et SoftBank se sont engagés à investir 19 milliards de dollars chacun. Les deux sociétés détiendront chacune 40 % des actions de la société. La structure du projet comprend également deux autres partenaires généraux : Oracle et MGX, un fonds d’Abu Dhabi, qui contribueront ensemble à hauteur de 7 milliards de dollars. Le reste du financement devrait être assuré par des partenaires extérieurs ainsi que par différents types de financements par emprunt, qui pourraient à terme être cotés en bourse.
Notamment, Microsoft, bien qu’investisseur majeur dans OpenAI et détenteur des droits sur sa propriété intellectuelle, n’est pas directement impliqué dans la gouvernance de Stargate. Cela est dû à une détérioration progressive des relations avec OpenAI depuis la brève éviction de Sam Altman, selon Bloomberg. Interrogée par CNBC sur une éventuelle participation directe au projet au-delà de son partenariat existant avec OpenAI, Nadella est restée évasive, réaffirmant seulement l’engagement annuel de 80 milliards de dollars de Microsoft dans le développement d’Azure.
Zones grises
Si les ambitions de ce projet pharaonique sont clairement affichées, de nombreuses zones d’ombre persistent. Le montage financier soulève notamment des questions, comme l’a souligné le PDG d’Anthropic, Dario Amodei, qualifiant le projet de « chaotique » lors du Forum de Davos. Cependant, une chose semble sûre : OpenAI devrait être aux commandes.
A noter également que ni AWS ni Google ne figurent pour l’heure parmi les partenaires annoncés, une absence qui pose question. Et tandis que les géants américains se positionnent sur ce projet titanesque, l’Europe semble loin de pouvoir faire naître des projets d’une telle ampleur.
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