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la délicate mission des soignants dans le village amérindien de Trois Manétuviers

Les soignants du Centre Hospitalier de Cayenne ont passé la semaine dans l’est de la Guyane. Leur mission est de sensibiliser au don d’organes dans un secteur où l’accès aux soins est difficile et où les croyances sont nombreuses. Mardi 21 janvier, ils se sont rendus en canoë jusqu’au village amérindien des Trois Manétuviers.

Françoise, Stéphanie, Jean-Daniel : ce sont des infirmiers et des médecins en réanimation. Tout le monde embarque à bord d’une canoë en direction du village des Trois Palétuviers, à une heure de navigation de Saint-Georges.

Une mission de sensibilisation au don d’organes dans le village amérindien de Trois Manétuviers.

©Laura Philippon

Depuis le 20 janvier, une équipe de soignants du Centre hospitalier de Cayenne est en mission dans l’est de la Guyane pour sensibiliser au don d’organes, dans une zone où l’accès aux soins est difficile et où les barrières culturelles existent.

Arrivés dans ce village amérindien de près de 200 habitants, ils se présentent aux chefs traditionnels. Ils sont accompagnés du vice-président du Grand Conseil Coutumier de Guyane. “Il est important de venir fournir ces informations sur place, car ces populations sont éloignées de Cayenne.reconnaît Catherine Yapara. Quand on parle de don d’organes, on parle de mort et ce n’est pas facile car nous avons certaines croyances.

Regardez le reportage de Guyane La 1ère :

Sous le carbet du village, une dizaine d’habitants se rassemblent pour écouter les soignants. Le sujet est un peu confus.

C’est la première fois que j’entends tout cela. Si cela peut sauver une personne, je pourrais peut-être le faire, mais c’est compliqué.

Martin Robert, premier adjoint du chef coutumier des Trois Palétuviers

“Ici, il n’est jamais arrivé de donner un rein ou un autre organe, on ne le voit qu’à la télé”poursuit Davidson Martin. De son échange avec les soignants, ce trentenaire originaire de Trois Manétuviers constate que ce “n’est pas forcé”. “On peut accepter de donner ou pas”, insiste-t-il.


Une mission de sensibilisation au don d’organes dans le village amérindien de Trois Manétuviers.

©Laura Philippon

Accepterait-il un jour de donner un de ses organes ? Le jeune homme avoue ne s’être jamais posé la question jusqu’à présent. “Cela dépend, si cela peut sauver la vie d’une autre personne de notre famille ou du village, peut-être, il faut réfléchir, mais c’est aussi partager quelque chose qui est en nous”, il explique.

Au-delà du sujet du don d’organes, Davidson est satisfait de son échange avec les infirmières et les médecins de l’hôpital. “Merci à eux d’être venus nous sensibiliser sur ces sujets, j’ai appris par exemple qu’on peut vivre avec un seul rein et même vivre longtemps !”s’exclame-t-il.

Chez les Palikour, le mot orgue n’existe pas. “On les nomme, on parle du cœur, du foie, des poumons, des reins, on explique le rôle de chaque organe”décrit Françoise Rourosse, infirmière à la Coordination des prélèvements d’organes et de tissus.

Nous utilisons des termes simples. On parle aussi des maladies rénales, des conséquences pour les personnes dialysées et on leur dit qu’offrir un organe après la mort peut sauver des vies et même deux vies pour le rein.

Françoise Rourosse, infirmière à la Coordination des prélèvements d’organes et de tissus

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Une mission de sensibilisation au don d’organes dans le village amérindien de Trois Manétuviers.

©Laura Philippon

En Guyane, seul le don de rein est possible. C’est le seul organe capable de rester viable plus de 24 heures et d’être acheminé au CHU de Guadeloupe où ont lieu les greffes d’organes pour la zone Antilles-Guyane.

Pour cette équipe de soignants, accompagnée du directeur général du centre hospitalier de Cayenne, Christophe Bouriat, pas question de forcer qui que ce soit. Être donneur est le choix de chacun et selon eux, l’essentiel est d’en parler. Ils travaillent tous en réanimation et ont observé que les familles ignorent souvent les décisions de leur proche, car le sujet n’a pas été abordé du vivant du patient.

Regardez les détails de Guyane La 1ère :

Sensibilisation au don d’organes

“Nous sommes à leurs côtés dans ces moments pour poser des questions et essayer de comprendre quels auraient été les souhaits du patient”, explique Jean-Daniel Monsabert, infirmier à la Coordination Hospitalière des Prélèvements d’Organes et de Tissus. Mais il est bien plus facile d’en parler de son vivant.

Regardez son interview sur Guyane La 1ère :

Entretien avec Jean-Daniel Monsabert Infirmier de la Coordination Hospitalière des Prélèvements d’Organes et de Tissus

En , tout le monde est considéré comme un donneur potentiel. Toute personne refusant peut s’inscrire dès l’âge de 13 ans au registre national des refus du don d’organes. C’est pourquoi des soignants du centre hospitalier de Cayenne se sont également rendus en début de semaine sur le campus scolaire Saint-Georges pour rencontrer des élèves de 4 ans.ème assez vieux pour décider d’être donneur. De manière ludique, ils les ont sensibilisés au sujet. En un peu plus d’un mois, les équipes hospitalières sont intervenues dans sept collèges sur les 35 que compte la Guyane.

Regardez le reportage de Guyane La 1ère :

En s’adressant aux jeunes, médecins et infirmiers espèrent qu’ils transmettront ensuite le message à leurs familles. Ces professionnels de la santé sèment également des graines pour l’avenir. “Nous travaillons depuis 10 ou 20 ans, pour que ces adultes de demain sachent ce qu’est le don d’organes, pour peut-être un jour l’envisager”, confier Stéphanie Houcke, médecin de réanimation.

Regardez son interview sur Guyane La 1ère :

Sensibilisation au don d’organes : en direct de Saint-Georges

Début février, des soignants vont sensibiliser les habitants du Maroni. L’année dernière, quatre personnes ont fait don de leurs reins en Guyane. Il y en avait sept en 2023.

 
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