L’empire amazonien, qui vient de mettre à pied 1 700 travailleurs au Québec, est abonné aux fonds publics de toutes sortes. Ses lobbyistes ont convaincu les gouvernements provincial et fédéral de dépenser des dizaines de millions en services de cloud computing pour le géant américain. En outre, d’innombrables agences gouvernementales et villes commandent des articles sur Amazon. Sans parler des rabais d’Hydro-Québec accordés à la firme de Jeff Bezos au fil des années. La Revue couvre la question.
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100 millions de dollars du Québec
Les ministères et organismes publics du Québec ont conclu près deune centaine de contrats avec Amazon totalisant plus de 100 millions de dollarsdepuis 2018. Celles-ci concernaient principalement les dépenses liées aux services de cloud computing
Le contrat le plus cher date de 2023, lorsque le ministère de la Cybersécurité et du Numérique a acquis une « infrastructure cloud » pour un montant de 31 millions de dollars. Ce ministère est de loin celui qui a le plus dépensé pour les services du géant du Web, avec 56 millions de dollars.
Les montants n’incluent pas les nombreuses dépenses par carte de crédit par département pour acheter des articles sur Amazon. Ceux-ci totalisaient 2,2 M$ entre 2021 et 2024.
145 M$ d’Ottawa
Le gouvernement fédéral est également un très bon client d’Amazon. Depuis 2020, Ottawa a signé des contrats d’une valeur cumulée deau moins 145 millions de dollars et pourrait être beaucoup plus élevé.
Là encore, ce sont surtout les services cloud d’Amazon Web Services (AWS) qui ont la cote. Nous retenons également les services d’AWS pour ses services de conseil en technologies de l’information (TI).
L’entreprise de Jeff Bezos a ses mains dans une multitude de ministères, qui signent parfois des accords individuels : la Défense nationale, les Ressources naturelles, l’Agence du revenu, l’Emploi et le Développement social, Santé Canada, Transports Canada et l’Agence des services. Les travailleurs frontaliers comptent parmi les plus gros clients d’Amazon en Ottawa.
Ottawa n’a pas clairement indiqué s’il avait l’intention de cesser ses activités avec Amazon, dont les lobbyistes sont en contact régulier avec des responsables et des députés.
De nombreux achats en ville
Les 19 plus grandes villes du Québec ont dépensé au moins 3,2 millions de dollars depuis 2020 sur Amazon, nécessitant plus de 10 000 transactions avec leurs cartes bancaires.
Les articles de bureau, comme les souris, les claviers ou les chargeurs, font partie des achats effectués par les fonctionnaires.
-La Ville de Montréal se situe au sommet des municipalités avec plus de 1,3 million de dollars en achats sur la plateforme de Jeff Bezos. Viennent ensuite les villes de Saint-Jérôme (394 000 $), Lévis (251 000 $), Laval (234 000 $) et Saint-Jean-sur-Richelieu (164 000 $).
Au moins deux contrats publics ont également été conclus entre les villes de Montréal (442 653,75 $), de Québec (34 492,50 $) et la multinationale pour des besoins liés à son service de cloud computing AWS.
Opération séduction
Au Québec comme à Ottawa, les lobbyistes d’Amazon multiplient les efforts auprès des décideurs publics. Ces dernières années, le géant américain a eu recours aux services de cabinets de relations gouvernementales en plus de disposer de lobbyistes internes.
Au Québec, ils ont frappé aux portes de 47 établissements pour présenter leurs services, obtenir des contrats et parler d’expansion. Des acteurs clés tels qu’Hydro-Québec, le Centre des acquisitions gouvernementales, Investissement Québec et le ministère de l’Économie sont entre autres contactés.
Au niveau fédéral, une cinquantaine de ministères et organismes sont sollicités pour discuter des questions de régulation, de commerce international et de développement économique.
Électricité pas chère
La Revue avait révélé en 2019, peu avant l’implantation du data center d’Amazon à Varennes, que l’entreprise bénéficierait d’accords très avantageux concernant le prix de l’électricité et la puissance fournie.
Comme pour d’autres grands consommateurs d’électricité, le prix du kilowattheure pourrait alors être aussi bas que 3,95 cents. De plus, Amazon aurait eu droit à une réduction sur quatre ans : 20% la première année, puis 15%, 10% et 5%. A noter que d’autres datacenters ont bénéficié de ce programme.
Hydro-Québec a également assumé les coûts de raccordement au réseau, estimés à 2 M$, depuis le centre de données de Varennes, tel que prévu aux Conditions Générales de Vente.
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